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"On va tout cramer à Lemonnier": pourquoi la police bruxelloise n’a-t-elle pas anticipé les émeutes malgré les signes?

"On va tout cramer à Lemonnier": pourquoi la police bruxelloise n’a-t-elle pas anticipé les émeutes malgré les signes?
 
 

Trois jours après les émeutes qui ont saccagé le centre de Bruxelles en marge de la qualification du Maroc pour la Coupe du Monde, les langues se délient. Des policiers présents ce soir-là dénoncent le manque de préparation de leur direction.

En effet, des rumeurs circulaient depuis plusieurs jours sur cette soirée potentiellement à haut risque. La veille, le rappeur bruxellois Benlabel avait par exemple publié sur Facebook cette phrase : "Demain, on vas tout cramé à Lemonnier. Maroc City gang". Il a d'ailleurs été arrêté ce mardi.


"Aucune directive"

Non avertis de la dangerosité de la situation, les 40 policiers en service ce soir-là découvrent devant les émeutiers qu’aucun plan n’avait été prévu pour éviter ça. "Ces 40 collègues n’étaient informés de rien du tout. L’officier sur place semblait n’avoir aucune directive émanant de sa propre direction et gérait les événements, les micro-événements, au fur et à mesure, en prenant quelque fois des décisions qui peut-être in fine se montraient inadéquates, et étaient autant de mèches d’allumage pour la population présente", dénonce Vincent Gilles, le président du SLFP (Syndicat libre de la fonction publique) Police, au micro de Sébastien Rosenfeld et Guillaume Houssonloge dans le RTLinfo 13h ce mardi.


"La police fédérale pas avertie"

Il ajoute que l’officier de police administrative n’était ni au centre de commandement, ni sur le terrain. Les policiers de la zone de Bruxelles-Ixelles se sont retrouvés isolés et les renforts de la police fédérale sont arrivés trop lentement: "Selon nos informations, c’est vers les 21h seulement qu’ils sont arrivés. Ce qui signifie que les événements, d’abord festifs puis de plus en plus violents avaient eu le temps de fortement dégénérer. Visiblement, la police fédérale n’avait même pas été avertie préalablement par la zone de police d’une possibilité de renfort nécessaire", explique encore Vincent Gilles.


Le bourgmestre à Paris mais sans remplaçant

Autre polémique : l’absence de remplaçant du bourgmestre ce soir-là. En effet, à ce moment, Philippe Close n’était pas en Belgique mais à Paris, en famille, pour suivre un match de rugby. Il n’avait pas nommé d’échevin remplaçant en cas de crise.

Aujourd’hui, il veut couper court à la polémique en assurant qu’il a fait son travail depuis la France : "Je délègue le moins possible, je suis bourgmestre 24h/24. Je m’étais absenté quelques heures et je suis resté en permanence en contact avec le chef de corps, avec le chef des opérations. La police a fait son job", et le bourgmestre ? "Évidemment, le bourgmestre a fait son job. Il est normal qu’on critique, qu’on discute, que les gens s’expriment. Mon boulot c’est d’assurer une stabilité, de gérer les choses dans le calme et de donner mon soutien à la police de Bruxelles."

Une enquête de l’inspection générale est en cours pour déterminer d’éventuelles erreurs dans la gestion de cette crise. Une réunion du comité de concertation est prévue le 2 novembre.


 

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