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Témoignage bouleversant: Jean-Marie, victime d'un prêtre pédophile, raconte sa douleur

Témoignage bouleversant: Jean-Marie, victime d'un prêtre pédophile, raconte sa douleur
 
 

L'Eglise a détruit des dossiers sur des abus sexuels". C'est la déclaration "choc" d'un proche du Pape aujourd'hui. Le cardinal allemand Reinhard Marx est l'un des participants au sommet du Vatican qui aborde en ce moment ces "pratiques" au sein de l'Eglise. Un prélat qui est, aussi, allé à la rencontre de victimes de prêtres pédophiles. Avec, souvent, des témoignages bouleversant.

Le chef de l’église catholique allemande a souhaité rencontrer des victimes de prêtres pédophiles. Parmi elles, Jean-Marie Furbringer. Un éminent physicien suisse. Il avait 10 ans et quelques difficultés en orthographe quand un père capucin propose à ses parents de lui donner des cours particuliers. Il raconte:
"Un jour, il me dit…'tu n’as jamais vu un homme éjaculer ?' J’ai dit: non. J’avais peur mais je ne comprenais pas non plus de quoi il parlait… Alors, il a décidé de me montrer. Il s’est masturbé et a éjaculé. Je me souviens que j’ai alors regardé par la fenêtre. J’espérais juste très fort ne pas être là."

Après ces cours particuliers, l’enfant rentrait chez lui. "Je devais faire deux kilomètres à pied. Je longeais une rivière et je me souviens. Je regardais l’eau en me disant… 'c’est peut-être là mon salut' ", ajoute Jean-Marie Furbringer

Un cardinal admet la destruction de dossiers sur des cas d'abus sexuels

Un cardinal allemand, proche du pape, a admis samedi que l'Eglise avait parfois détruit des dossiers sur des ecclésiastiques soupçonnés d'avoir agressé sexuellement des mineurs et a appelé à la transparence pour répondre aux scandales. "Des dossiers qui auraient pu documenter ces actes terribles et indiquer le nom des responsables ont été détruits ou n'ont pas même été constitués", a déploré le cardinal allemand Reinhard Marx, dans un discours aux 190 participants d'un sommet au Vatican, qui aborde sans fards depuis jeudi des pratiques au sein de l'Eglise catholique qui ont pu mener à perpétrer ou à taire des abus sexuels sur des mineurs. Le président de la conférence épiscopale allemande, connu pour ses prises de position libérales, fait partie d'un conseil restreint de cardinaux conseillant le pape sur ses réformes. "Les abus sexuels à l'égard d'enfants et de jeunes sont, dans une mesure non négligeable, dus à l'abus de pouvoir dans le cadre de l'administration", qui a "discrédité" la mission de l'Eglise, a argué le cardinal allemand. "Au lieu des coupables, ce sont les victimes qui ont été réprimandées et on leur a imposé le silence", a-t-il martelé.

'Illégal'

Le cardinal Marx avait présenté à l'automne les excuses de l'Eglise catholique allemande en présentant un rapport rédigé par des universitaires révélant des abus sexuels sur plus de 3.600 mineurs pendant des décennies. Ce rapport, commandé par l'épiscopat allemand, fait état de dossiers "manipulés" même s'il n'apporte pas de preuves, a précisé le prélat allemand lors d'une conférence de presse. "Je suppose que l'Allemagne n'est peut-être pas le seul endroit où cela a été fait", a-t-il commenté, sans répondre à une journaliste qui lui demandait si de telles destructions de dossiers pouvaient aussi avoir eu lieu au Vatican.

L'aveu du cardinal n'a pas échappé samedi à une centaine de victimes qui défilaient à Rome. "C'est illégal" de détruire des dossiers, a commenté à l'AFP l'Américain Peter Isely, un membre fondateur de l'organisation internationale ECA ("End Clergy Abuse"), qui avait rencontré la veille le cardinal. "C'est quelque chose qui pourrait intéresser la Cour de justice internationale", a-t-il noté.

Samedi, Mgr Marx a par ailleurs estimé que "le secret pontifical" mis en avant par l'Eglise pour ne pas communiquer avec l'extérieur n'avait aucune justification convaincante à ses yeux face à des cas d'abus sexuels.

Il a plaidé pour une plus grande transparence sur les procès à huis clos de l'Eglise, une revendication majeure des victimes d'abus sexuels.

"Secret pontifical"

L'idée a été évoquée par deux autres membres de la Curie (gouvernement du Vatican), dont Linda Ghisoni, experte en droit canon et sous-secrétaire d'un "ministère". "Il sera nécessaire de réviser la législation actuelle sur le secret pontifical", avait-t-elle annoncé vendredi soir devant les participants. Le secret pontifical, mis en place pour "protéger la dignité des personnes" et "le bien de l'Eglise", ne doit pas être perçu comme un outil "utilisé pour cacher les problèmes", a estimé cette responsable. L'archevêque maltais Charles Scicluna, secrétaire adjoint de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (section qui enquête sur les cas présumés d'abus sexuels du clergé), a confirmé samedi à la presse que l'idée d'un relâchement du secret pontifical, "lourde institution", avait bien progressé.

Le Saint-Siège doit informer les victimes sur l'état d'avancement et le résultat du procès canonique de leur agresseur présumé. "Ils sont entendus comme témoins et c'est tout", a regretté cet expert de la question. Le cardinal Marx souhaite pour sa part la fin de l'opacité sur les statistiques documentant le nombre d'abus sexuels perpétrés par le clergé. Il estime que cette opacité conduit à "une méfiance" envers l'Eglise ainsi qu'à "des théories du complot".  Les présidents de 114 conférences épiscopales sont réunis jusqu'à dimanche au Vatican, avec de hauts prélats de la Curie, des chefs des Eglises catholiques orientales et des supérieurs de congrégations religieuses. Le pape François avait ouvert les travaux jeudi en demandant des mesures "concrètes" et c'est lui qui résumera dimanche matin les résultats de la rencontre.


 

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