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La justice manque cruellement de moyens et de personnel: voici les conséquences concrètes à Namur

 
 

Il faudrait 54 juges et 110 greffiers en plus pour que les tribunaux du pays puissent fonctionner normalement, selon le rapport du conseil supérieur de la justice. Interrogé ce lundi sur Bel RTL, le ministre de la Justice affirme que les problèmes concernent surtout Mons, Tournai et la province du Luxembourg. Mais le manque de personnel dans la justice est récurrent depuis des années. Avec de réelles conséquences, comme ont pu le constater nos journalistes Christophe Clément et Alain Hougardy lorsqu'ils ont rencontré les syndicats de la magistrature à Namur.

Quand notre équipe rencontre la secrétaire du parquet de Namur, elle présente une pile de courriers auxquels il n'a pas encore été possible de répondre. "Des courriers qu'on a reçu depuis le 8 janvier", commence Laurence Kech. Faute de personnel en suffisance, les procès-verbaux et courriers s'amoncèlent, augmentant l'arriéré judiciaire.

Tout s'enchaîne, c'est un jeu de dominos

Dans ce service dépendant du parquet de Namur, il manque près d'un cinquième des effectifs prévus au cadre. "En fait, on n'arrive qu'à traiter l'urgent, le prioritaire. Et parfois, même à ce niveau-là, c'est un peu juste", explique Laurence Kech. "Tout s'enchaîne en fait. C'est un jeu de dominos. Si on a du retard à la base, tout le reste prend du retard également".

À force de travailler à flux tendu, il y a un risque d'erreur

Toujours au parquet, il manque six substituts sur les 29 que devrait compter la province. Alors, pour tenter de faire face, c'est la débrouille. "Il y a des choses qu'on ne poursuit plus. Il y a des dossiers qui entrent au parquet et qui ne sont même plus lus. Il y a une politique criminelle, il y a des seuils de tolérance qui sont revus à la hausse. Il y a des audiences auxquelles on ne va plus", indique Vincent Macq, procureur du roi de Namur-Dinant, et président de l'Union professionnelle de la magistrature. "À force de travailler à flux tendu, à un moment donné il y a un risque d'erreur".


Des juges se relaient pour remplacer ceux qui manquent

Au tribunal de première instance, il manque également quatre juges. Pour éviter de devoir remettre certaines audiences, les magistrats favorisent, quand c'est possible, les procédures à l'amiable. Moins longues et moins coûteuses. "C'est toujours la même chose. Soit on pallie la difficulté et à tour de rôle on remplace et on fait le job en plus du job qu'on fait, soit on doit fermer des audiences. Donc quatre magistrats et demi, ça fait au minimum neuf audiences", confie Manuela Cadelli, juge au tribunal de première instance de Namur, et présidente de l'Association syndicale des magistrats.


Des conséquences, aussi financières, sur le justiciable

Le greffe du tribunal n'est pas mieux loti: il y a sept équivalents temps-plein manquants sur les 71. Des mesures d'économies que déplorent certains avocats. "Quand on fait une demande de copie de dossier répressif, le personnel est en sous-effectif et ne sait pas la faire, donc on est obligé, en tant qu'avocat, de palier à cette problématique-là et de venir nous-mêmes scanner les dossiers au greffe", explique Cédric Bernes, avocat.

Des honoraires d'avocat bien souvent facturés aux clients. Le manque d'effectif dans les palais a donc aussi des répercussions sur le justiciable.


 

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