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Le ministre de l'Intérieur durant les tueries du Brabant se confie: "Je n'ai jamais exclu l'hypothèse d'un complot"

 
tueurs du brabant
 

À l'époque des tueries du Brabant, dans les années 80, Charles-Ferdinand Nothomb était le Ministre de l'Intérieur. Cette période mouvementée, le ministre d'état ne l'oubliera jamais. La peur des citoyens, une enquête et plusieurs pistes… Nos journalistes Pierre Fagnart et Eric Poncelet l'ont rencontré.

Evoquer les années 80 et les tueries du Brabant avec Charles-Ferdinand Nothomb, c’est d’abord parler d’une époque et d’un climat de tension extrême, à tous niveaux. "Nous avons les CCC, les Cellules combattantes communistes, qui déposaient des bombes. Je craignais, en tant que ministre de l'Intérieur, de devoir beaucoup intervenir dans les conflits sociaux, puisque nous étions toujours dans le recul de l'industrie lourde et dans les problèmes d'austérité. Et puis il y avait ce qu'on a appelé les tueurs du Brabant", rappelle le ministre de l'Intérieur, en fonction de 1981 à 1986.

Je n'ai jamais exclu, dans ma tête, l'hypothèse d'un complot contre l'Etat, ou pour l'Etat

Pour expliquer les tueries, les hypothèses sont nombreuses. Il y a le grand banditisme, le racket organisé, certains parlent même d’un complot pour déstabiliser l’état. "Je n'ai jamais exclu, dans ma tête, pas dans mes conversations, l'hypothèse de gens qui font un complot contre l'Etat, ou pour l'Etat. Pour dire à l'Etat qu'il ne se défend pas et qu'il doit mieux se défendre", confie Charles-Ferdinand Nothomb.

La gendarmerie avait encore des Renault R4, un peu dérisoires face à des truands

Cette hypothèse a été avancée face au sous-équipement des forces de l'ordre de l'époque. Le ministre d'Etat évoque un exemple. "Quand on est venu pour la première fois avec le rééquipement de la gendarmerie, ils avaient encore des Renault R4. C'était certainement des bonnes petites voitures pour les particuliers, mais qui étaient un peu dérisoire si un corps de police avait affaire à des truands équipés de voitures plus puissantes", se souvient-il.


Le manque de matériel, un mobile?

Alors, le manque de matériel aurait-il pu constituer un motif, un mobile pour les tueurs? "Je ne peux pas penser qu'il y ait un lien direct entre le matériel qu'on n'obtient pas et ces brutalités. Mais que le symptôme de l'un et le symptôme de l'autre ait quelque chose à voir", juge Charles-Ferdinand Nothomb.

A l’époque déjà, certains incriminent des membres de la gendarmerie. "Evidemment, j'en parle avec les autorités de la gendarmerie. Ils me rassurent, bien entendu, je les connais, j'ai confiance, c'est un corps qui a la confiance du gouvernement", explique le ministre.


Le ministre rappelle une scène survenue après le dernier braquage

Avec la succession des tueries, la gendarmerie et les polices seront quand même rééquipées. Ce qui rappelle au ministre d’état une anecdote. "Le bourgmestre d'Alost, au lendemain de la dernière tuerie du Brabant, qui s'est passée à Alost. Il me dit 'C'est trop bête monsieur le ministre, on venait de toucher nos nouveaux fusils, si on les avait eu, on ne les aurait pas ratés", évoque Charles-Ferdinand Nothomb.

Quant aux dernières révélations, le ministre d'Etat reste plein de scepticisme et de prudence. Il laisse aux enquêteurs le soin de faire leur travail.


 

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