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Nouvelle arnaque téléphonique au DIGIPASS près de Saint-Hubert: Josette a donné tous ses codes "à une dame se prétendant du SPF Finances"

Nouvelle arnaque téléphonique au DIGIPASS près de Saint-Hubert: Josette a donné tous ses codes "à une dame se prétendant du SPF Finances"
 
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On ne le répétera jamais assez: il ne faut jamais communiquer des données liées à votre compte en banque par téléphone, même si la personne au bout du fil se fait passer pour un représentant d'un Ministère ou d'une agence. Josette en a fait les frais récemment, et son fils Frédéric nous a contactés pour éviter d'autres arnaques de ce genre.

Les escrocs ne manquent jamais d'imagination lorsqu'il s'agit de tromper les honnêtes citoyens. Ayant compris que l'arnaque "Bill Gates vous a choisi pour partager sa fortune" soulevait finalement quelques soupçons, ils sont passés depuis longtemps à la vitesse supérieure.

Ceux dont on va parler aujourd'hui utilisent des arguments et des noms d'institutions propres au pays ou à la région de la victime ciblée. Des victimes qui ne sont plus choisies au hasard: ces escrocs privilégient les téléphones fixes, qui dans la plupart des cas concernent désormais des personnes (plus) âgées, donc moins à l'aise avec l'outil informatique, l'accès à internet, etc…

Dans un bon français et sans accent (on est loin du cliché des "brouteurs" de l'Afrique francophone), on avance des arguments et des institutions qui donnent confiance, car ils existent. C'est ce qui est arrivé à Josette il y a quelques semaines.

"Vous êtes indemnisée par le SPF Finances"

"Elle a été contactée par téléphone, par quelqu'un prétendant être du SPF (Service Public Fédéral) Finances", nous a expliqué Frédéric, son fils, après avoir contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous. C'est lui qui nous a fait part de la mésaventure de sa mère, qui habite à Poix-Saint-Hubert, un hameau de la commune de Saint-Hubert, en province du Luxembourg.

La conversation a commencé par un quiproquo: Josette a confondu l'escroc, une femme, avec une personne qu'elle connaissait, car elles avaient la même voix. "Ils ont dû se dire qu'ils étaient tombés sur un pigeon".

L'argument est plutôt surprenant. "Elle lui a dit qu'elle était du SPF Finances et que suite à une enquête, maman faisait partie des personnes victimes d'harcèlement par téléphone de la part des sociétés commerciales".

Des sociétés commerciales qui auraient été condamnées à verser des indemnités aux victimes. "Elle allait recevoir 1.200€ pour les dommages encourus". Ne sentant pas venir l'arnaque, Josette est même contente. "Pour une fois qu'on me téléphone pour me donner quelque chose", a-t-elle expliqué à son fils.

Numéro de carte, de compte, codes du Digipass… elle a tout répété… C'est comme s'ils avaient le Digipass en main

Elle doit sortir son Digipass

La suite est nettement moins amusante. "Ils lui ont demandé si elle avait un compte en ligne, elle a dit oui. Puis ils ont dit: 'On va faire les manœuvres ensemble' pour que l'argent soit rapidement versé sur son compte".

L'escroc au téléphone lui demande alors de sortir son Digipass, en référence à ce petit boitier commercialisé par la société américano-suisse Vasco, et utilisé par une partie des banques belges pour que leurs clients puissent accéder à leurs comptes via internet.

Certaine d'être entre de bonnes mains, Josette a communiqué tous les combinaisons et codes nécessaires pour effectuer une opération en ligne. "Numéro de carte, de compte, codes du Digipass… elle a tout répétéC'est comme s'ils avaient le Digipass en main"

250€ volés, une plainte et un espoir

De leurs côtés, les escrocs étaient devant un ordinateur, sur la page web homebanking de la banque de Josette, ING. Au fur et à mesure qu'elle leur communique les numéros et les codes, ils remplissent leur propre opération bancaire.

Bien entendu, au lieu de lui donner les 1.200€ promis, les escrocs virent de l'argent sur un compte qui leur appartient. Pas trop gourmande, l'escroc n'a fait qu'un virement de 250€.

Ce qu'elle avait certainement en tête, c'est de prélever régulièrement des petites sommes. Raison pour laquelle elle a fini par demander à Josette son mot de passe pour se connecter à son homebanking, cherchant sans doute à répéter l'opération tous les mois pour voler de l'argent de manière plus ou moins discrète.

"C'est là que maman a tiqué, elle s'est demandé pourquoi est-ce que la personne avait besoin de savoir ce mot de passe". Josette comprend alors qu'elle a sans doute communiqué des informations importantes à une arnaqueuse.

Dès qu'elle s'est rendu compte de la supercherie, Josette a appelé son fils, Frédéric. Ensemble, ils ont contacté la banque ING pour voir ce qu'il fallait faire. "La banque nous a dit qu'on devait d'abord aller déposer une plainte à la police locale". Ce qu'ils ont fait.

"On doit fournir à la banque la retranscription du PV d'audition, mais on ne l'a pas encore". Frédéric espère ensuite que "la banque remboursera".

Peut-on annuler un virement ?

A ce sujet, les banques n'ont pas de règles uniformes, et certainement pas l'obligation de rembourser un client qui a communiqué toutes ses coordonnées bancaires par téléphone.

"Il y a des directives européennes pour les virements SEPA ("aire unique de paiement en euro"), mais elles ont plutôt tendance à accélérer la procédure pour que les paiements à l'intérieur de l'Union européenne soit aussi efficaces et rapides que possible", nous a expliqué Rodolphe de Pierpont, porte-parole de Febelfin, la Fédération belge du secteur financier.

Donc en principe, "non, un ordre de virement est irrévocable". Cependant, dans la pratique, quand il s'agit d'un virement entre deux banques différentes, les directives évoquent un timing de "jour bancaire + 1", ce qui signifie que l'argent n'est pas versé directement sur le compte du destinataire. Il reste en transit, dira-t-on, et c'est dans ce cas de figure qu'on peut tenter d'annuler un virement.

"Il faut réagir le plus vite possible", explique Febelfin. "La banque peut alors se mettre en relation avec celle du destinataire, car il y a également certaines périodes dans la journée où les transactions sont effectuées. Et si c'est le week-end, il y a quelques heures en plus pour agir, car l'ordre de virement ne sera pris en compte que le lundi".

Donc en réalité, on peut toujours essayer d'annuler un virement si on se rend compte rapidement de son erreur. La seule règle qui prévaut, c'est que "ça dépend où en est le virement" dans son exécution. Sachez que certaines banques sont claires à ce sujet, et permettent d'annuler un paiement sur un compte qui n'est pas de la même banque, le jour même jusqu'à 17h (c'est le cas de Belfius, notamment).

Il faut réagir le plus vite possible. La banque peut alors se mettre en relation avec celle du destinataire

La prévention…

Le porte-parole de Febelfin rappelle cependant que la règle essentielle, c'est "la prévention", donc le fait d'être très attentif au moment d'encoder le numéro de compte du destinataire, et de ne jamais divulguer la moindre information bancaire, ni de combinaison de Digipass, par téléphone. D'où notre volonté à relayer toutes les arnaques qui nous sont racontées.

Quant à l'identification du destinataire, "les autorités judiciaires, après enquête, peuvent normalement la trouver facilement s'il s'agit de la zone IBAN (un standard d'identification des comptes en Europe mais aussi dans d'autres régions du monde)". Mais "si on est dehors de la zone IBAN, comme en Chine, par exemple, c'est nettement plus difficile d'identifier le client".

Et rappelons, comme toutes les arnaques de ce genre, que le parquet ne donne généralement suite à une plainte déposée à la police locale que si le 'crime' est important, que ce soit au niveau des montants en jeu ou du nombre de victimes. 250€ "volés" à Josette de Poix-Saint-Hubert ne suffiront sans doute pas à mobiliser des enquêteurs au niveau international.

En plus de votre commissariat local, n'hésitez pas à déposer votre plainte sur le nouveau site 'Point de contact', mis en place par le SPF Economie en collaboration avec la police fédérale, notamment. 


 

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