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Lucien, 65 ans, radié de Saint-Nicolas, perd tous ses droits: "Je ne reçois plus la pension et ne bénéficie plus de la mutuelle"

Lucien, 65 ans, radié de Saint-Nicolas, perd tous ses droits: "Je ne reçois plus la pension et ne bénéficie plus de la mutuelle"
 
 

Lucien, un habitant de Saint-Nicolas se bat contre sa commune l'ayant radié. "A cause de cette radiation, je n'ai plus touché ma pension depuis le mois d'octobre!", s'insurge le sexagénaire. Pourtant, le service population est formel: "Monsieur ne semble pas vivre où il le prétend", affirme-t-on. Une situation qui justifie la radiation de Lucien, selon la commune.

"Je ne comprends pas", lâche Lucien, désemparé, après nous avoir joints via notre page Alertez-Nous. En octobre, il a découvert avec surprise que sa famille était radiée de la commune de Saint-Nicolas, en région liégeoise. Résultat: ce retraité de 65 ans est privé de ses droits sociaux. Depuis octobre, il a perdu sa retraite versée par l'Office National des Pensions, n'est plus couvert par la mutuelle et ne reçoit plus les allocations familiales qui servent à l'éducation de sa belle-fille, une étudiante de 20 ans. Heureusement, sa femme a un commerce, ce qui permet au couple de survivre.

 

Lucien dit avoir découvert la situation par surprise: "Les conséquences d'une radiation sont très graves"

Tout a commencé au mois de juin. "Je reçois une convocation de la police communale pour une affaire me concernant avec un numéro de téléphone à former, décrit le pensionné. J'ai contacté ce numéro à quatre reprises, mais l'agent de quartier était toujours absent, soit en congé de récupération, en maladie, en absence ou encore en vacances annuelles".

Le temps passe, et au mois d'octobre, Lucien ne reçoit pas son allocation de retraite. Inquiet, il appelle l'Office National des Pensions. Au bout du fil, on lui apprend que son épouse, sa belle-fille et lui, sont radiés de leur adresse à Saint-Nicolas et que par conséquent, il est privé de sa retraite. "Effectivement, les conséquences d'une radiation sont très graves, éclaire Peter Grouwels, du service communication du Service Public Fédéral Intérieur. Quand on n'a plus d'adresse officielle sur le territoire commune belge parce que l'on a été radié, les documents officiels ne sont plus valables. Comme la carte d'identité, le permis conduire, le droit de vote, la mutuelle, la pension, tout ce qui est lié au fait qu'on est citoyen, ça tombe à l'eau".

"C'était l'incompréhension totale, se souvient Lucien. Je vis à cet endroit depuis des années. Je n'ai pas déménagé, je n'ai pas vécu ailleurs. Je ne comprends pas".

Mis devant le fait accompli, Lucien appelle alors l'administration communale puis la police. "On m'a dit qu'une inspectrice de police nous a radiés et que personne ne savait pourquoi, s'offusque-t-il. A l'état civil, on nous dit qu'aucune justification ne figure sur le papier". Lucien souhaite alors déposer plainte. "Un officier me conseille carrément d'écrire au ministère de l'Intérieur", affirme-t-il.

 

La commune apporte une version tout à fait différente des faits

Alors, que s'est-il passé? Selon la commune de Saint-Nicolas, les faits sont bien différents. "Monsieur est inscrit dans notre commune depuis 2011, détaille Robert Delante, chef de bureau population état civil de la commune de Saint-Nicolas. Il a bel et bien été radié sur base d'une enquête de police qui le concerne. Puis, le policier a constaté que l'immeuble dans lequel monsieur prétend vivre est vide". Selon le service population, des visites de police ont été effectuées en journée et la nuit. Le policier a conclu à un rapport de non habitation. Voilà pourquoi sa famille et lui ont été radiés.

 "Je n'ai jamais vu venir personne ni en journée, ni en soirée, affirme pour sa part Lucien. La personne qui dit avoir constaté que l'habitation était vide ment puisque mon épouse y vit depuis 15 ans avec sa fille. Je l'y ai rejointe après notre mariage en 2011. Il y a deux chambres à coucher, deux salles de bain, un living, une cuisine et tout est meublé", jure le sexagénaire.

Les consommations d'eau et d'électricité sont au plus bas: "Nous nous lavons à la taverne, c'est plus pratique"

L'enquête a également porté sur les consommations. "Les recherches sur les consommations d'eau et d'électricité montrent qu'il y en a très peu en 2014 et aucune en 2015", poursuit Robert Delante. "C'est possible, admet Lucien, qui justifie ces résultats par le mode de vie de sa famille. Ma femme tient une taverne à Jemeppe qui nous occupe énormément. Nous nous levons très tôt, sept jours sur sept, commençons le travail à 6h du matin et fermons parfois à minuit. Quand nous rentrons à la maison, ce n'est que pour dormir: le reste du temps, on est dans le commerce".

De là à ne presque jamais consommer d'eau, ni d'électricité? "Oui, car par facilité, nous avons pris l'habitude de nous laver à la taverne et d'y manger car cela nous fait gagner du temps. La maison nous permet de nous changer, mais nous n'y passons que très peu de temps. Vous savez, quand on est ouverts 16 heures par jour, c'est inévitable". Lucien reconnait dormir plus souvent "au bistrot" que dans sa maison de Saint-Nicolas, où il admet ne passer la nuit que cinq à six fois par mois... Mais selon lui, c'est une nécessité. "Quand il est trop tard, on déplie le divan-lit".

La commune n'est pas convaincue: les éléments jouent en la défaveur de Lucien

Pour le service population de Saint-Nicolas, il n'y a pas photo: "Monsieur ne semble pas vivre où il le prétend", dit-on. La commune ajoute que Lucien est "coutumier du fait d'être radié d'office". La "mésaventure" lui serait arrivée au moins "quatre fois dans d'autres communes". "Il est vrai que cela m'est déjà arrivé auparavant, concède Lucien. J'étais très endetté, et j'ai pris une année 'sabbatique', je me suis coupé de tout. Puis, j'ai rencontré mon épouse et elle m'a aidé à mettre de l'ordre dans tout cela".

En octobre, Lucien a réinscrit toute sa famille à l'état civil. "Depuis, j'attends toujours une réponse", lâche-t-il, convaincu d'être dans son bon droit. 


 

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