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Lancer sa propre affaire après un plan social comme chez Caterpillar? Laurent et Henri L'ONT FAIT: "Quand j'ai été viré, j'ai pris mon courage à deux mains et hop!"

  • Sylvie a reçu l

  • Après leur licenciement, Laurent et Henri ouvrent leur magasin de vélos: "Je pense qu

 
 
 

Et si un plan social était une occasion pour se lancer dans une activité à son compte ? C'est le credo d'une ASBL de Charleroi qui, comme d'autres en Wallonie, accompagne les futurs indépendants. Laurent et Henri, licenciés de Caterpillar, ouvriront leur magasin de vélo dans quelques jours. Quant à Sylvie, devenue formatrice, elle deviendra bientôt sophrologue.

Après un drame social, comme celui qui touche aujourd'hui les employés des supermarchés Carrefour, ou celui qui a touché les ouvriers de Caterpillar il y a plusieurs mois, il y a moyen de se relever et d'oser entreprendre. "On en parle peu, mais les personnes qui auront à subir un licenciement dans le cadre du plan de restructuration de Carrefour pourront bénéficier de services et d'avantages s'ils décident de rebondir en se lançant comme indépendant", nous a écrit David Noël via le bouton orange Alertez-nous.

Il travaille pour l'ASBL Jecreemonjob.be, qui accompagne les demandeurs d'emploi dans la région de Charleroi et de Philippeville. Selon lui, imaginer un avenir en tant qu'indépendant lorsqu'on subit un licenciement est une solution à avoir à l'esprit. "C'est particulièrement pertinent dans le cadre d'un plan social, les avantages étant accentués, explique-t-il. Par exemple, plusieurs employés de Caterpillar Gosselies, après la fermeture de leur usine, sont passés chez Jecreemonjob.be et ont démarré leur propre affaire".

Vu mon âge, je voulais être mon propre patron. Et puis, j'avais déjà mon projet en tête

Après Caterpillar, le rêve d'un magasin de vélo se concrétise

C'est le cas de Laurent, 56 ans, et Henri, 53 ans. Ils se sont connus chez Caterpillar à Gosselies où ils travaillaient tous les deux. Les deux hommes sont devenus amis, partageant la même passion pour le vélo. Puis la fermeture de l'usine est arrivée, et a été vécue très difficilement pour Laurent, qui y travaillait depuis 35 ans. "Je ne voulais pas être au chômage, nous explique-t-il. Vu mon âge, je voulais être mon propre patron. Et puis, j'avais déjà mon projet en tête. Quand j'ai été viré, j'ai pris mon courage à deux mains et hop!"

L'idée d'ouvrir un magasin de vélos avec son ami s'est rapidement imposée. Mais ce n'est pas la cellule de reconversion mise en place à l'époque qui lui a permis de se lancer. "La cellule ne m'a servi à rien", lance-t-il. Il s'est adressé à Jecreemonjob.be, avec un business plan entamé avec sa fille, indépendante elle aussi, qui lui a donné un coup de main.  


"On touche au but"

À l'ASBL, Laurent a découvert une volonté d'aider les gens "extraordinaire". C'est là qu'il a fait la connaissance de Philippe Lombart, coordinateur de Jecreemonjob.be. "Il nous a épaulés depuis la première réunion. C'est vraiment quelqu'un de compétent, de dynamique, scande le nouvel indépendant. Le magasin va ouvrir dans quelques jours. Là, on est dans les travaux, mais on touche au but". Finalisation du business plan, démarches auprès des banques, conseils sur le métier d'indépendant… Philippe et Henri ont été épaulés dans leur projet jusqu'à sa concrétisation.


Diagnostic et accompagnement

L'accompagnement se passe généralement en 3 temps. Il y a d'abord une séance d'information à laquelle doit participer le client afin de connaître le déroulement des opérations. Vient ensuite le diagnostic. "On donne notre feu rouge ou notre feu vert si on pense que le projet tient la route. Si c'est un feu vert, une convention d'accompagnement est signée, expliquant les droits et devoirs des deux parties", déclare Philippe Lombart.

C'est alors que le demandeur d'emploi entre dans le vif du sujet avec 7 demi-journées de formation. "C'est le b.a.-ba de la formation du métier d'indépendant : cours de gestion, etc. En parallèle, un conseiller suit le client pas à pas et l'incite à faire les démarches nécessaires : business plan, comparatifs des prêts dans les banques...", explique encore le coordinateur de l'ASBL.


"Envie d'entreprendre"

Sylvie, 43 ans, de Thuin, est également passée par Jecreemonjob.be pour se lancer comme indépendante. Cela s'est fait en deux temps puisqu'elle a d'abord conservé un emploi de salarié tout en débutant une activité d'indépendantes complémentaire.

"J'avais envie de devenir mon propre patron, envie d'entreprendre", lance-t-elle. Elle a donc lancé son entreprise de titres-services tout en continuant à travailler comme salariée. Mais depuis quelques semaines, elle a démissionné et passe à la vitesse supérieure. "Maintenant, je forme des aides ménagères au sein des entreprises de titres-services et je me lance en parallèle comme sophrologue", explique-t-elle.

Si elle est passée par l'ASBL, c'est surtout parce qu'elle ressentait la nécessité d'être épaulée dans ses choix. "À la base, j'avais très peur du changement de statut, j'avais besoin d'être rassurée, qu'on me confirme que mon projet était intéressant et viable", déclare l'indépendante.

Elle a donc sollicité quelques rendez-vous avec Jecreemonjob.be pour franchir le pas. "Ça se faisait au rythme de mes besoins, confie Sylvie. J'ai présenté mon projet et le consultant m'a guidée. J'ai orienté mes choix en fonction des avis qu'il me donnait. Il m'a notamment conseillée pour mes démarches concernant la TVA".

Elle a également été aiguillée pour bénéficier du plan Airbag proposé par le Forem. Il permet d'obtenir un financement se lancer en tant qu'indépendant à titre principal. Comme elle était indépendante complémentaire depuis 3 ans, elle pourra bénéficier de cette aide financière. Jecréemonjob.be l'a aidée dans ses démarches administratives.


"Une activité pour m'épanouir"

L'objectif de Sylvie est double : "Je cherchais une activité pour m'épanouir, mais aussi pour gagner de l'argent. Une seule activité ne suffit pas financièrement". Raison pour laquelle elle a débuté une formation afin de devenir sophrologue. "La sophrologie m'a beaucoup apporté sur le plan personnel. Cela permet notamment de nous ramener à nous-mêmes, de vivre au présent et de développer sa confiance en soi", déclare-t-elle.

On a à peu près 500 personnes par an qui viennent prendre les informations, 250 qui demandent un accompagnement et 50 qui vont jusqu'au bout

80% de taux de réussite

Une grande majorité de personnes qui se sont lancées avec l'aide des services de Jecreemonjob.be sont toujours en activité 5 ans plus tard : "Sur le long terme, on a 80% de taux de réussite. Les chiffres ont un petit peu baissé, mais c'est un taux très satisfaisant", se félicite le coordinateur, Philippe Lombart. 

Bien sûr, les candidats sont nombreux et tous ne vont pas au bout du parcours. "On a à peu près 500 personnes par an qui viennent prendre les informations, 250 qui demandent un accompagnement et 50 qui vont jusqu'au bout, c'est-à-dire, qui lancent leur activité", note-t-il.

La moyenne est donc de 50 créations d'entreprises par an, et ce, depuis 10 ans. Ce qui signifie que 500 demandeurs d'emploi de la région de Charleroi se sont lancés comme indépendants grâce à jecreemonjob.be. Quatre domaines sont principalement sollicités : le bâtiment, l'horeca, le commerce de détail et les services à la personne. Plusieurs exemples sont cités par le coordinateur : entreprise d'aménagement de jardin, salon de coiffure, sandwicherie, pédicure, réflexologie plantaire…

Et jecreemonjob.be met un point d'honneur à surtout aider les personnes qui n'ont pas forcément les diplômes requis. "Plus de 30% ont, au plus, le diplôme d'enseignement inférieur, primaire ou rien. Et plus de 30% sont sans travail. C'est notre spécificité : aider les gens qui veulent s'en sortir, mais n'ont pas les ressources suffisantes", ajoute Philippe Lombart.

Il doit apprendre à gérer seul ses relations et à vivre avec un moindre niveau de certitude financière. Nous le préparons à relever de défi

"Sortir de l'inactivité professionnelle"

Comme Sylvie, Laurent et Henri, l'ASBL rencontre au quotidien de nombreuses personnes extrêmement motivées pour s'en sortir. "Les personnes qui viennent nous consulter ont la volonté ferme de sortir de l’inactivité professionnelle dans laquelle elles sont. Elles ont une énergie importante,  prêtes à affronter les nombreux défis qui se présentent", remarque le coordinateur.

Face au plan social qui touche aujourd'hui les hypermarchés Carrefour, Philippe Lombart lance un message d'espoir. "J’encourage les personnes à se tourner vers nous, car nous pouvons les aider à prévenir les difficultés et à démarrer leur carrière d’indépendant avec les meilleures chances de succès", lance-t-il.

Il estime qu'il faut, dans certains cas, oser "faire le deuil du salariat" pour se lancer. Face aux craintes que les futurs indépendants pourraient avoir, il se veut rassurant : "Il est important d’acquérir les réflexes que n’a pas spécialement le salarié. Il doit apprendre à gérer seul ses relations et à vivre avec un moindre niveau de certitude financière. Nous le préparons à relever de défi".


 

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