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Julien l'intérimaire est remonté contre Walibi: il va "perdre" un jour férié, et cela pourrait aussi vous arriver…

Julien l'intérimaire est remonté contre Walibi: il va "perdre" un jour férié, et cela pourrait aussi vous arriver…
 
 

Les travailleurs de Walibi presteront une journée de travail normal ce 15 août. L'entreprise a en effet déplacé ce jour férié au 24 décembre, jour du réveillon de Noël. Un changement tout à fait légal que de nombreuses entreprises ouvertes les week-ends imitent... mais qui pénalise les intérimaires. En effet, en décembre, ils ne seront plus sous contrat. Ils "perdront" donc un jour férié cette année, car rien dans la loi n'oblige un employeur à leur payer un dédommagement ou à leur offrir un autre jour de congé durant leur contrat. Une loi qui semble mal faite, mais qui fonctionne pourtant dans les deux sens: certains intérimaires peuvent ainsi, eux, "gagner" des jours fériés durant l'année. Explications.

Julien (prénom d’emprunt) a tenu à rester anonyme. Cela fait plusieurs années qu’il travaille en tant qu’intérimaire à Walibi et il tient à conserver sa place. S’il aime son job, il n’a pu rester de marbre en lisant un e-mail envoyé le week-end dernier par Randstad à tous ses intérimaires travaillant pour Walibi.

"Chaque année, le parc d'attraction accueille des dizaines de milliers de visiteurs lors des jours fériés de l'été et fait donc, durant ces journées, un chiffre d'affaire gigantesque. Pour accueillir ces visiteurs, des centaines de travailleurs sacrifient leurs jours fériés. Mais pour les remercier, voilà le mail que Randstad envoie à ses collaborateurs", nous a-t-il dénoncé via notre page Alertez-nous.


"Walibi déplace les jours fériés de l'été au mois de décembre… quand le parc est fermé !"

L’e-mail en question explique ceci : "Walibi a la possibilité légale de déplacer un jour férié à une autre date lorsque celui-ci tombe, par exemple, durant un week-end. Cette saison, ce sera le cas lors de deux occasions : le samedi 15 août qui sera déplacé au jeudi 24 décembre et le dimanche 1er novembre qui sera déplacé au lundi 28 décembre. Concrètement, qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie par exemple que si vous travaillez pour Walibi ce 15 août, votre salaire sera le même que pour n'importe quelle journée habituelle d'activité. Par contre, si vous travaillez le 24/12 (qui habituellement est un jour normal), vous toucherez alors un "double salaire". Ce sera la même chose pour le 1er novembre reporté au 28 décembre."

Le problème de Julien est simple: son contrat d’intérim avec Randstad et Walibi sera terminé à ces deux dates de décembre. Il n’aura donc jamais de double salaire ou de jour férié de remplacement. Pour lui, le caractère férié de son 15 août a tout simplement disparu !


Tout est bien légal: "Même les travailleurs en CDI à temps partiel peuvent être floués"

Si la pratique peut paraitre discriminatoire envers les intérimaires, formant déjà une catégorie de travailleurs précarisée, elle n’en est pas moins légale. Le service de contrôle des lois sociales du SPF Emploi explique pourquoi.

Les jours de remplacement pour les jours fériés tombant un week-end sont fixés par le conseil d’entreprise le 15 décembre de l’année précédente, donc en 2014 dans ce cas-ci. Ces jours de remplacement deviennent dès lors des jours fériés à part entière. Et la législation prévoit qu’on applique aux intérimaires les mêmes règles en matière de jours de remplacement que celles qui sont applicables au personnel permanent de l’entreprise. Mais elle n’oblige pas l’employeur à payer un jour férié ou à accorder un jour de repos compensatoire au travailleur qui ne devait normalement pas travailler le jour de remplacement choisi. Ça a d’ailleurs fait l’objet d’un arrêt de la Cour de cassation en 2007. Concrètement, Julien "n’aura plus droit à son jour férié reporté", nous détaille le service public.

Celui-ci tient à rappeler que même s’il s’agit de réglementations distinctes, "il ne faut pas croire que seuls les intérimaires sont floués dans l’aventure. Même les travailleurs réguliers, comme celui qui serait en CDI depuis 20 ans, peuvent l’être de la même façon s’ils travaillent à temps partiel. Ils n’auront droit qu’aux jours fériés qui tombent les jours où ils travaillent. Si ça tombe en dehors de ces jours-là, ils sont perdants." Dans ce cas-ci, les travailleurs à temps partiel qui ne prestent aucun jeudi de l'année "perdront" aussi un jour férié, puisque le 24 décembre tombera un jeudi.


"Difficile d'appliquer des règlements de travail différents" pour chaque type de travailleur

"Même si cette pratique est légale, comment Walibi justifie cela auprès de ses collaborateurs? Une réduction des coûts au détriment du personnel alors que ces journées rapportent très gros au parc", estime Julien.

Du côté de Walibi, on dit "comprendre" ce point de vue critique. Mais voilà, il y a des raisons à cet état de fait. Premièrement, le choix de remplacer un jour férié en pleine saison par un jour en décembre se justifie en raison de la "bien moindre activité" à ce moment-là. Le parc a besoin d'un maximum d'effectifs en été et la loi lui permet de le faire. De plus, "ça serait très complique d’appliquer des règlements de travail différents en fonction" des statuts des personnes travaillant au parc, explique Noémie Van Exter de Walibi. En effet, à côté des employés et des ouvriers, Walibi engage aussi des saisonniers et des étudiants jobistes, et fait appel à des intérimaires qui représentent entre 2 et 4 % des effectifs totaux, soit un maximum de 20 personnes les jours de grosse affluence comme ce 15 août. Sur près de 500 travailleurs, ceux-ci sont donc minoritaires, mais restent capitaux pour le bon fonctionnement du parc, "pour une question de flexibilité d’emploi", explique encore la porte-parole. "On est météo-dépendants. Quand une journée ensoleillée se profile, on a besoin de plus de travailleurs et parfois, on ne l’apprend que la veille."


Deux faces de la même pièce: des intérimaires pourraient "gagner" des jours fériés

Julien peut donc se sentir floué, mais ni Walibi ni Randstad ne sont en tort dans cette histoire, puisqu’ils ne font qu’appliquer la loi. D'autres sociétés et d'autres agences d'intérim en Belgique sont d'ailleurs dans le même cas de figure. La loi serait-elle donc mal faite ? Pas forcément. En effet, si la législation dessert Julien dans ce cas-ci, elle pourrait tout aussi bien le servir. Il pourrait à l'avenir travailler en tant qu’intérimaire dans une autre entreprise qui, elle, avait déplacé son jour férié durant la période où il sera sous contrat. Dans ce cas-là, il "gagnerait" un jour férié de plus que les autres travailleurs. C'est d'ailleurs ce qui arrivera aux intérimaires qui travailleront à Walibi le 24 décembre, puisqu'Aqualibi reste ouvert toute l'année.



 

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