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Marc est triste: le camping de La Panne où ses parents sont tombés amoureux et où il a passé toutes ses vacances vient de fermer

 
 

Le camping Zeepark a fermé définitivement ses portes le dimanche 10 septembre. Des centaines de campeurs qui y avaient leurs habitudes depuis de nombreuses années sont dépités. C’est le cas de Marc, sa famille venait y passer les vacances depuis quatre générations.

Marc a 47 ans, est enseignant et vit à Spy. Aujourd'hui, il est malheureux. Le camping de La Panne où il passe ses vacances tous les ans depuis qu’il est enfant vient de fermer définitivement ses portes. "Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce dernier camping belge en bord de mer accueillait chaque année des milliers de campeurs. Certaines familles s’y sont relayées sur quatre voire cinq générations. Le camping Zeepark fut un lieu de villégiature pour de nombreux vacanciers francophones belges", nous écrit-il via le bouton orange Alertez-nous.

 
"J’y ai fêté mon premier anniversaire, mon deuxième et ainsi de suite, jusqu’à encore cette année"

Si cette fermeture accable tant Marc, c’est que son histoire fusionnelle avec le camping a commencé avant même sa naissance. Il y a une cinquantaine d’années, ses parents, alors âgés de 19-20 ans, y sont tous deux en vacances avec leurs parents et y tombent amoureux. Deux ou trois ans plus tard, Marc et son frère jumeau y passent leurs premières vacances, dans le ventre de leur maman. "J’y ai fêté mon premier anniversaire, mon deuxième et ainsi de suite, jusqu’à encore cette année puisque je suis né au mois de juillet. Quand j’étais tout petit, je passais mes deux mois de vacances là-bas. C’était soit avec ma grand-mère pendant un mois, soit avec mes parents, donc l’ensemble de mes vacances scolaires, c’était là-bas", nous raconte-t-il précisant que même s’il y avait 6 à 700 emplacements et plus de 1.500 campeurs par moments, le camping était resté familial.

 
Marc et sa famille y passent presque tous leurs week-ends et les deux mois de vacances d'été

Devenu adulte, Marc a perpétué la tradition avec sa propre famille. Accompagné de sa femme Sylvie et de ses enfants Pauline, 21 ans, et Maxime, 19 ans, il passe tous les week-ends de mars à septembre, ainsi que les deux mois de vacances d’été au camping. "Mes enfants ont grandi dans ce camping, mon fils y travaille depuis 5 ans pendant les deux mois de vacances. C’est un dépaysement par rapport à d’habitude. On y a fait de nombreuses rencontres qui sont devenues des amis. C’est l’esprit camping, les parties de pétanque, les rencontres improvisées qui durent, détaille-t-il. C’est une ambiance d’amitié qui existait et on allait au camping rencontrer ses amis et vivre des moments agréables sans ne plus penser à rien. Ce sont des amis de France, de Belgique, quelques néerlandophones qu’on ne voit que là. On y passait quasi tous nos week-ends et les deux mois de vacances parce que j’ai la chance d’être enseignant. A l’exception de deux années où on a pris le temps de partir ailleurs, je ne connais pas d’autres vacances que celles-là".

 
"Je me suis investi dans les animations du camping ces dernières années"

Après avoir dormi dans les caravanes de membres de sa famille pendant plusieurs années, Marc et Sylvie décident de s’en acheter une pour y loger avec leurs enfants. "Elle restait six mois au camping et puis légalement ils devaient fermer donc la caravane partait en hivernage pendant six mois. C’était chez un négociant qui entreposait les caravanes des vacanciers du camping qui le désiraient dans son hangar et il les ramenait pour l’ouverture en mars", raconte-t-il. Devenu propriétaire de cette caravane, Marc veut participer plus activement à la vie du camping. "Je me suis investi dans les animations du camping ces dernières années donc ça m’a permis de pouvoir fédérer pas mal de monde. Il y a par exemple une page Facebook qui est née et je cogérais les publications. Il y a des festivités qui ont été organisées, notamment la soirée de fermeture, donc il y avait un investissement réel, plus que simplement aller se poser et profiter du sable", insiste-t-il. Au fil des années, il a même développé une relation d’amitié avec la propriétaire.

 
"C’est des moments familiaux, c’est ces moment-là les meilleurs souvenirs"

Et de toutes ces années de bonheur, quand on lui demande de retirer l’un de ses meilleurs souvenirs, le père de famille parle évidemment d’un moment partagé avec ses enfants. "Il est assez récent mais il est le reflet de ce qui s’est passé au long des années. Cette année, pour mon anniversaire, ma fille est revenue, alors qu’elle avait des examens et qu’elle étudiait, expressément à la mer pour pouvoir passer une journée ensemble et jouer à la pétanque ensemble dans un concours. Mon épouse, qui n’apprécie pas la pétanque, s’est aussi alliée à ça. C’est des moments familiaux, c’est ces moment-là les meilleurs souvenirs, surtout des moments improvisés", se souvient-il ému.

 
De l’émotion, Marc en a aussi en se remémorant les vacances avec ses deux frères et sa grand-mère. "Je pense que les réels souvenirs que j’ai encore d’elle, c’est les moments passés avec elle dans la caravane. Pendant les vacances scolaires et alors que nos parents travaillaient, avec mes frères, nous passions un mois de vacances avec ma grand-mère au camping. On était les trois blondinets." Au total, ce sont quatre générations de la famille de Marc qui se sont succédé au camping Zeepark.

 
Où vont-ils aller?

Le dimanche 10 septembre, Marc et des centaines de campeurs, dont de nombreux amis, ont dû faire leurs adieux à leur "petit paradis". "Il n’existe plus de camping de ce genre en Belgique, c’est vraiment le dernier. En se levant le matin, un petit regard sur le côté et hop, on avait vue sur la mer, les pieds dans le sable et ça, ça n’existe plus nulle part. En Belgique, c’est le tout dernier en front de mer", affirme-t-il. Ce n’est pourtant pas la fin des vacances au camping à la mer pour Marc et sa famille. Dès mars prochain, ils installeront leurs "quartiers d’été" à Westende. "On a déjà réservé et la caravane vient d’y arriver. On sait qu’on ne va pas du tout retrouver là ce qu’on avait au Zeepark, mais il faut faire avec", relativise-t-il. Ils y retrouveront des amis de longue date qui ont choisi le même camping de substitution qu’eux, mais tous ne seront pas là.


 

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