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2ememain.be pris d'assaut par les faux comptes et les "attrape-couillons": d'après François, "les gestionnaires ne font rien"

2ememain.be pris d'assaut par les faux comptes et les "attrape-couillons": d'après François, "les gestionnaires ne font rien"
 
2ememain.be, arnaque
 

Comme toutes les plateformes numériques très populaires mettant en relation des utilisateurs entre eux, 2ememain.be est victime de son succès et attire les escrocs francophones du monde entier. Ce constat est une réalité depuis quelques années: la plateforme belge, qui appartient au géant eBay, a-t-elle modifié ses procédures pour changer la donne, ou compte-t-elle le faire ? Enquête.

Vous le lisez hélas assez souvent sur RTL info: les sites de petites annonces sont l'un des meilleurs moyens trouvés par les escrocs pour piéger leur victime. Que ce soit en faisant semblant d'acheter quelque chose à l'aide d'un faux compte, ou de vendre quelque chose à l'aide d'un faux compte et d'une fausse annonce, les escrocs rivalisent d'imagination pour contourner les mises en garde élémentaires que nous répétons régulièrement. Et parvenir à faire chaque jour de nouvelles victimes.

D'après François qui a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous, la situation ne ferait qu'empirer. "Le nombre de tentatives d'arnaque augmente énormément, mais les gestionnaires du site ne font rien", précise-t-il.

Il veut prévenir mais ça ne plait pas

François "va voir tous les jours sur 2ememain.be" s'il y a des bonnes affaires. "Je l'utilise pour acheter et pour vendre, un peu de tout", y compris pour se meubler depuis qu'il a emménagé. "En général, je suis content", nous a-t-il expliqué.

Constatant à son grand dam "un grand nombre d'arnaques", et "ayant un proche qui s'est fait avoir de la sorte", il a décidé récemment de "tout faire pour prévenir" les utilisateurs.

Avant de contacter la rédaction de RTL info comme bien d'autres personnes avant lui, François a essayé de mettre en garde directement via la plateforme. Il n'a pas trouvé d'autres moyens que de "placer une fausse annonce".

"On est nombreux à faire ça, je ne suis pas le seul. On veut juste prévenir qu'il y a beaucoup d'attrape-couillons". Il a donc donné un titre racoleur à son annonce, avec la mention ARNAQUE. Et dans le descriptif, il explique les scénarios d'arnaques qui reviennent souvent.

A son grand étonnement, "mon annonce a été rapidement supprimée: ils m'ont expliqué par email qu'elle ne correspondait pas au site".

François s'indigne: "Les annonces qui sont des arnaques, qui promettent des perroquets gratuits, 2ememain.be les laisse passer, même quand on les signale. Mais quand on veut prévenir les gens, ils retirent l'annonce directement".

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2ememain.be ne ressent "pas le besoin d'installer de barrière"

Ce n'est pas la première fois que nous contactons la plateforme numérique de seconde main la plus populaire de Belgique, pour lui soumettre les constats de nombreux utilisateurs ou les témoignages des victimes.

Comme lors de l'histoire de Zippy et Kikki (2016), la porte-parole nous a répondu que 2ememain.be voulait avant tout "rendre la possibilité de faire du commerce la plus facile qu'il soit".

Ouvrir un faux compte et poster une fausse annonce reste donc un jeu d'enfant. Il n'y a aucun contrôle a priori. La plateforme (site web et application) pourrait pourtant exiger de s'identifier officiellement pour créer un compte, soit via un lecteur de carte d'identité, soit via ItsMe, l'initiative des autorités belges pour une identification numérique officielle (pour accéder à son compte en banque, à des informations personnelles concernant sa mutuelle, sa pension, sa fiscalité via Tax-On-Web, etc).

"Nous ne sentons pas le besoin ni l'urgence d'installer cette barrière", nous  a répondu Petra Baeck, porte-parole. Elle estime que "pour l'instant, on peut continuer à travailler avec les mesures mises en place".

Le but est d'avoir le plus d'utilisateurs possibles…

Cette stratégie peut paraître déroutante: pourquoi un site aussi populaire que 2ememain.be ne met aucune barrière en place pour empêcher la création de faux comptes, et donc de fausses annonces menant potentiellement à une arnaque pouvant coûter des milliers d'euros aux victimes ?

Derrière la réponse de la porte-parole, il faut comprendre le modèle économique de la plateforme qui appartient à eBay, une entreprise cotée en bourse (on n'a donc obtenu aucun chiffre sur sa rentabilité). 2ememain.be, c'est "3,3 millions de visiteurs uniques chaque mois", une augmentation du nombre de visites de 105% sur un an (le chiffre a donc doublé…), 70.000 nouvelles annonces chaque jour.

Grâce à ce succès, la plateforme génère de l'argent avec "de la publicité classique sous forme de bannière, des Google Ads (des liens marchands gérés par Google et présents dans les résultats de recherche de 2ememain.be), des annonces payantes (pour apparaître en haut de la liste), des abonnements pour concessionnaires vendant des voitures, et, c'est une nouvelle source, en connectant le webshop d'un commerçant qui veut vendre".

Tous les revenus se fondent donc sur une base d'utilisateurs aussi large que possible, des annonces aussi nombreuses que possible, pour un trafic aussi grand que possible. Il serait donc stupide pour 2ememain.be de faire chuter ces chiffres en contraignant les utilisateurs à s'identifier de manière formelle.

Je les repère à 200 mètres ces gens-là, et je leur dis directement

Il y a des mesures après des signalements

Pour autant, "chaque abus est un abus de trop", promet la porte-parole, qui reconnait "une augmentation du nombre de plaintes". Elle s'expliquerait cependant par l'augmentation importante du nombre de visiteurs dont on a parlé.

"En octobre 2017, il y avait 43 plaintes par jour", émises par des gens "qui ont subi" une arnaque. "En janvier, il y en a eu 62".

Pour identifier des escrocs, 2ememain.be utilise la même méthode que les réseaux sociaux: elle se base uniquement sur les signalements effectués par les utilisateurs. "On dit bien aux gens qu'il faut nous contacter, nous informer, pour qu'on puisse prendre des mesures", confirme Petra Baeck. Les sanctions peuvent aller jusqu'à la fermeture définitive du compte, voire même au blocage de l'adresse IP (l'"adresse" de l'ordinateur sur internet).

François, notre témoin, "continuera à utiliser" 2ememain.be malgré la présence en croissance d'escrocs. "Je les repère à 200 mètres ces gens-là, et je leur dis directement. Souvent, après, ils suppriment l'annonce, même leur compte, et ils en ouvrent un autre juste après avec la même annonce".


 

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