En ce moment
 
 

Un Ukrainien de Belgique: "Notre mentalité diffère fondamentalement de celle des Russes"

Un Ukrainien de Belgique: "Notre mentalité diffère fondamentalement de celle des Russes"
 
 

Ce mardi, alors que des milliers de manifestants se trouvaient à l'extérieur des murs du Parlement ukrainien à Kiev, la capitale, à l'intérieur les députés ont voté contre une motion de défiance envers le gouvernement proposée par l'opposition. Le gouvernement reste donc en place malgré la pression de la rue où depuis plusieurs jours des milliers de personnes expriment leur mécontentement après le refus du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, de signer, une semaine avant la date prévue, un accord d'association avec l'Union européenne. Tout le monde s'accorde à dire qu'en faisant marche arrière, l'Ukraine a cédé à la pression du grand frère russe dont elle est particulièrement dépendante économiquement. Ce mardi soir à 18h, en signe de solidarité, entre 50 et 100 membres de la diaspora ukrainiennne en Belgique sortent aussi dans le froid de ce début de décembre pour exprimer leur désapprobation. Ils se réunissent à proximité de l'ambassade ukrainienne localisée à Uccle. Parmi les manifestants figurera Paul, un Belge d'origine ukrainienne âgé de 53 ans. C'est lui qui nous a informé de l'événement via la page Alertez-nous. Nous l'avons appelé.

L'espoir

"Nous avons repris espoir après plusieurs années. La population avait abandonné tout espoir de changement au niveau politique. Mais dernièrement, une possible intégration, ou au moins une rapprochement avec l'Europe, a secoué, a réveillé les Ukrainiens. Les événements actuels sont de bon augure même si on n'est pas sorti de l'auberge. Des choses vont changer même si ce n'est pas dans l'immédiat. On ne peut pas négliger le mouvement actuel, il aura des effets à moyen terme", croit Paul.

Le gouvernement ukrainien a-t-il encore le soutien de la population ?

"On voudrait que le gouvernement démissionne ainsi que le président, ils ont perdu toute confiance de la population", dit Paul pour qui les manifestants pro-européens seraient représentatifs d'une majorité de la population (environ 60% selon lui).

Malgré son refus de signé l'accord à Vilnius en Lituanie, le président ukrainien a indiqué, vendredi dernier, son intention de signer "dans un avenir proche" un accord d'association avec l'Union européenne. Faut-il le croire ?  "Ce sont des paroles pour gagner du temps, amadouer les masses et faire revenir le calme. Jusqu'à présent, le gouvernement n'a pas prouvé qu'il était vraiment prêt à entrer dans l'UE", pense Paul.

Crise: la vie est dure en Ukraine poussant de nombreux habitants à l'émigration

L'Ukraine souhaite un rapprochement de l'Union européenne pour des raisons économiques notamment. Le pays traverse une grave crise. "L'émigration de millions d'Ukrainiens ces dernières années constitue la preuve qu'on ne peut plus vivre décemment en Ukraine, d'autant durement frappée par la crise, que sa situation n'était déjà pas fameuse avant. Les gens ont toujours été habitués à se débrouiller et ceux qui sont restés se débrouillent mais ils vivent vraiment pauvrement en moyenne. Et ceux qui voulaient vivre mieux ont quitté le pays et se retrouvent ici, ils font des petits boulots, ce n'est pas forcément mieux", explique notre interlocuteur.

 

Ukraine et Russe: des mentalités "fondamentalement différentes"

Mais l'économie n'est pas le seul motif d'envie d'Union européenne. Selon Paul, il s'agit aussi d'une question de culture et de mentalité. "Quand vous regardez la carte avec un peu de recul, vous voyez que l'Ukraine se trouve presque au centre de l'Europe. L'Ukraine est beaucoup plus proche de l'Europe que de la Russie du point de vue de la mentalité, même si ce sont deux peuples slaves. La mentalité des Ukrainiens diffèrent fondamentalement de celles des Russes. Ce n'est pas vraiment quelque chose de connu en Occident mais c'est comme ça", dit-il. Nous lui rappelons les liens étroits de ces deux pays au cours de leur longue histoire. "L'Ukraine a surtout beaucoup souffert sous le joug russe depuis Pierre le Grand, Catherine, etc. On a toujours été sous le joug d'une manière ou d'une autre de l'empire russe. Donc, oui, nos histoires se sont beaucoup croisées mais pas d'une manière favorable", raconte-t-il. 

Pression économique

Si l'Ukraine rêve d'ouest, ses habitants sont bien conscients que les choses ne se feront pas du jour au lendemain. "L'Ukraine est dépendante énergétiquement de la Russie. Elle a des dettes énormes vis-à-vis de la Russie. Même si demain on signait l'accord, le grand frère russe ne laissera pas les choses se passer comme ça, il fera payer cher le passage vers l'Union européenne", prévoit Paul. 

"L'Ukraine n'a pas résisté à la pression économique et au chantage", a déclaré Jovita Neliupsiene, la principale conseillère en politique étrangère de Dalia Grybauskaite, la présidente de la Lituanie où devait se signer l'accord entre Ukraine et UE. "Il y a eu des menaces de limiter les importations de marchandises en Russie, notamment en provenance de l'est de l'Ukraine avec une énorme industrie employant des centaines de milliers de travailleurs", a déclaré Mme Neliupsiene. 



 

Vos commentaires