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Rita, invalide, 800 euros par mois: "La vie est impossible, je pense à me faire euthanasier"

Rita, invalide, 800 euros par mois: "La vie est impossible, je pense à me faire euthanasier"
 
 

Depuis plus de dix ans, Rita est invalide. Elle aimerait retravailler et avoir un salaire décent, mais ses problèmes de santé à répétition l’en empêchent. Comparée aux frais auxquels elle doit faire face, son indemnité d’invalidité ne lui permet pas de joindre les deux bouts. Aujourd’hui, Rita a fait une croix sur son kiné, un avocat pour se défendre et une vie autonome.

Rita a 64 ans et est reconnue invalide à plus de 66% depuis plus de dix ans. En juillet dernier, elle a dû emménager chez sa fille et partager son appartement à Jambes. Comme elle nous l’explique via la page Alertez-nous de RTLinfo.be, ses indemnités ne lui permettent pas de subvenir à ses propres besoins. "Mon invalidité fait suite à des maladies chroniques et d’autres problèmes sont venus s’ajouter. Arthrose, hernies discales… Tout cela m’empêche de travailler. Aujourd’hui, je pense à me faire euthanasier. La vie est impossible pour moi", nous dit-elle.

Location, électricité, eau, factures téléphoniques… "Quand tout est payé, il ne me reste plus rien." Son loyer, charges comprises, équivaut à 800 euros par mois. 800 euros, c’est aussi le montant des indemnités de maladie qu’elle reçoit. Sans sa fille avec qui elle partage les frais, elle ne s’en sortirait pas.

Mensuellement, elle doit ajouter à ses 400 euros de participation au ménage 150 euros de médicaments et 76 euros de médecin traitant. "Ma fille a 29 ans, elle est infirmière, célibataire, et elle n’en peut plus de vivre de cette façon. Je la comprends. Je l’empêche d’avancer dans la vie. Au lieu de dépenser son argent pour moi, elle pourrait le mettre sur un carnet d’épargne."

Pas de sous pour la coiffeuse… Ni pour le kiné

Rita ne pense plus à aller chez la coiffeuse. Le kiné, la pédicure et ses frais de santé aussi, elle a aussi dû faire une croix dessus. "Vu mon état de santé, je nécessite des séances de kinésithérapie trois fois par semaine. Mais ces soins non plus, je ne sais pas les payer."

Elle aimerait se remettre sur pied, cesser de vivre au crochet de sa fille et être en état de retravailler. Avec nostalgie, elle repense à son statut d’indépendante sur les marchés, qu’elle effectuait à mi-temps avec son boulot d’employée pour des sociétés d’intérim. "Je vendais des produits de bouche, tout ce qu’on ne retrouve pas dans les grandes surfaces. J’aimais beaucoup refaire ça, c’était agréable. Mais aujourd’hui ma maladie m’empêche de continuer."

Plusieurs fois, Rita a essayé de s’en sortir. Récemment, elle est entrée en contact avec une avocate afin de prouver qu’avec ses médicaments et son loyer, elle n’avait pas assez d’argent pour vivre. Mais une fois de plus elle a été extrêmement déçue. L’avocate a demandé 200 euros uniquement pour "voir ce qu’elle pourrait faire pour elle". "Tout le monde a besoin d’eux un jour dans sa vie. Mais pour moi, excusez-moi l’expression, les avocats sont les plus grands des voleurs." Défendre sa situation aussi est une chose qu’elle doit désormais rayer de la liste de ce qu’elle peut se payer.

"J’ai déjà eu envie de me suicider"

Rita est désemparée et désespérée. Elle pense parfois mettre fin à ses jours. "Je vois très mal mon avenir. Il y a deux jours d’ici j’étais tellement mal que j’ai vraiment eu envie de me balancer par-dessus la balustrade de mon appartement avec mon chien. Je veux mourir avec lui. C’est inadmissible de ne donner que 800 euros à des gens malades pour vivre."

Tous les samedis, Rita regarde l’émission Place Royale."Je ne suis pas royaliste, mais je regarde ce programme par habitude. Quand je vois l’argent que ces gens-là dépensent pour les repas et pour toutes leurs activités, ça m’écœure. Il y a tant de gens ici en Belgique qui sont dans ma situation. C’est inadmissible de voir de l’argent dépensé de pareille façon."

L’éternel vote socialiste, c’est fini

Rita ne reste pas les bras croisés. Elle a récemment envoyé un courrier à Laurette Onkelinx pour lui exposer son problème, mais désespère de ne pas voir les choses avancer. "Ça n’a absolument rien changé, j’ai reçu une réponse toute faite pour me dire que je devais me contenter de ça. A croire que ce sont des courriers préétablis", regrette-t-elle.


"Je suis effrayée par la précarité que j’observe à chaque coin de rue", raconte Rita. "Je vous conseille de faire un tour à Namur. Des mendiants on en trouve partout, même à la sortie des grandes surfaces." Rita n’a pas envie de se retrouver dans cette situation un jour.  "Il faudrait vraiment un retournement de situation en Belgique. Je ne sais pas lequel mais en ce qui concerne les politiques, avant d’essayer de sauver les pays étranger, qu’ils essayent d’abord de sauver les gens à bas revenus sur notre sol. La Belgique ne peut pas sauver tout le monde."

Propriétaires véreux et loyers trop onéreux

Comme Rita habite avec sa fille, elle perçoit une indemnité de cohabitant. "J’ai voulu emménager seule mais les propriétaires sont un peu hypocrites. La majorité d’entre eux ne veulent ni chômeurs, ni membre du CPAS, ni invalides, même si des personnes dans ma situation, garantisse un revenu mensuel." Les loyers demandés sont bien trop onéreux pour Rita. Pourtant, elle n’est pas difficile. Mais étant donné son état de santé, elle ne peut pas tout accepter. "Les locations à moins de 450 euro sont des taudis et sans confort pour ma  personne."

De toute façon, il est trop tard pour que Rita ait son propre toit. Au fil des jours, son état se dégrade, ses frais de santé augmentent et son budget diminue. Habiter seule, elle n’y pense plus. Rita doit à présent se déplacer en fauteuil roulant et est devenue complétement dépendante de sa fille.



 

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