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Les étudiants en médecine en ont ras-le-bol: voici la lettre qu'ils ont écrite à Maggie De Block et Jean-Claude Marcourt

Les étudiants en médecine en ont ras-le-bol: voici la lettre qu'ils ont écrite à Maggie De Block et Jean-Claude Marcourt
 
 

On vous a détaillé la situation des étudiants en médecine au début de l'été, notamment suite aux recalés du "concours boucherie" instauré en Fédération Wallonie-Bruxelles par le ministre de l'enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt. Pour résumer, cette sélection se faisait au terme de la première année d'étude, sur base d'un concours à choix multiples élaboré par chaque université en fonction du cursus donné, et indépendamment des résultats obtenus aux examens.

C'est surtout ce dernier point qui était jugé "injuste" par les étudiants et leurs familles, certains ayant brilamment réussi leurs examens mais se voyant refuser l'inscription en 2e année d'étude sur base des résultats obtenus à ce seul concours.

Mais depuis le mois d'août, les coups de théâtre s'enchaînent. Le Conseil d'Etat a donné raison aux étudiants de l'université de Namur ayant introduit un recours collectif. Quelques jours plus tard, il prend une décision similaire en faveur des étudiants de l'université de Liège avant d'aller plus loin: "Aucune limitation d'accès à la deuxième année d'étude n'existe actuellement si ce n'est la réussite des 45 crédits requis", indique le Conseil d'État dans son arrêt rendu vendredi dernier. Soit tous les étudiants qui ont réussi leur 1e année peuvent s'inscrire en 2e. Le "concours boucherie" du ministre Marcourt, dans sa forme actuelle, est donc annulé.


Pas de filtre = pas assez de numéros Inami ?

255 étudiants, en Fédération Wallonie-Bruxelles, avaient réussi leurs examens mais pas le concours. Mais le problème ne s'arrête pas là, car pour pouvoir exercer, les étudiants devront obtenir, à la fin de leurs études, un numéro Inami. Et vu que le filtre a sauté, ils risquent d'être trop nombreux à la sortie, et ils pourraient ne pas tous recevoir leur fameux sésame malgré l'obtention du diplôme.

Des représentants étudiants de l'ensemble des universités francophones du pays ont ainsi rédigé une lettre ouverte concernant la problématique INAMI.

Voici le message qu'ils souhaitent faire passer à Maggie De Block, ministre fédérale de la Santé, et Jean- Claude Marcourt, ministre de l'enseignement supérieur en fédération Wallonie-Bruxelles.


La lettre ouverte:

"Madame la Ministre Maggie De Block,
Monsieur le Ministre Jean-Claude Marcourt,

Cet été, la saga INAMI couvre de nouveau l’actualité médiatique. En effet, ce mois d'août est marqué par le Conseil d’Etat qui a
suspendu les quotas INAMI de 2021, jugés illégaux. Ainsi, tous les étudiants satisfaisant aux critères de réussite d’une année
académique seront amenés à poursuivre leur cursus. Mais, ceux ayant déjà franchi la BA2 voient leur horizon s’assombrir car le
pouvoir fédéral refuse de trouver une solution définitive à ces futurs médecins tant qu’une sélection efficace n’est pas mise en
place dans les universités francophones.

C’est donc devenu une habitude: les Facultés de Médecine de la Fédération Wallonie-Bruxelles ouvriront de nouveau leurs portes à la
rentrée dans le chaos et l’incertitude complète quant à l’avenir professionnel des milliers de jeunes qui s’y inscrivent,
l’attribution des numéros INAMI étant inhérent à la pratique d’une médecine curative.

Nous voulons exprimer publiquement et avec force notre colère face à une situation qui dure depuis 1997, car une fois de plus, c’est
un retour à la case départ. Une fois de plus, le politique échoue à trouver une solution. Une fois de plus, nous assistons à une
communautarisation d’un problème aussi important que l’avenir des soins de santé de notre pays.

Madame et Monsieur les Ministres, ce problème ne nous concerne pas uniquement; il concerne l’ensemble de la population belge car les
faits sont là : notre pays manque de médecins. Dans la lignée du surréalisme belge, vous privez des jeunes pourtant armés de
motivation pour exercer un jour la médecine, de réaliser leur rêve tandis que nos hôpitaux tentent de mener à bien leur mission en
cherchant des médecins hors de la Belgique.

Ces quotas INAMI sont illégaux parce que définis sur des critères non objectifs. La raison et la politique ne vont pas toujours dans
le même sens et il est temps que cela change. Plus que jamais il nous paraît fondamental de redéfinir la planification de l’offre
médicale belge afin qu’elle soit véritablement en adéquation avec la réalité du terrain.

Nous vous demandons donc, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, de garantir dès à présent un numéro INAMI à tous les étudiants
en cours de cursus et de trouver un traitement juste et définitif à cette maladie qui paralyse les Facultés de Médecine et dégrade
notre système de santé depuis plus de 20 ans.

Très respectueusement,

Vicron Mickelet, représentant étudiant de l’ULB
Jérémy Blanc, représentant étudiant de la Faculté de Médecine de l’ULB
Tanguy Massin, coprésident de l’Assemblée Générale des Etudiants de Louvain
Lorentz Kremer, président de la Fédération des Etudiants de l’Université de Liège
Lionel Pahulycz, vice-président de l’Organisation Représentative des Étudiants de l’UMons
Brieuc Delanghe, président de l’Assemblée Général des Etudiants de l’UNamur
Quentin Lamelyn, président du Comité Inter-Universitaire des étudiants en Médecine
Opaline Meunier, présidente de l’Union des Étudiants de la Communauté Française
Maxime Mori, président de la Fédération des Etudiants Francophones"


 

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