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On ne voit plus de militaires à la gare de Bruxelles-Luxembourg: alors, pourquoi continuer à limiter l'accès à une seule entrée?

On ne voit plus de militaires à la gare de Bruxelles-Luxembourg: alors, pourquoi continuer à limiter l'accès à une seule entrée?
 
 

Un mois déjà est passé depuis les attentats. Aujourd'hui, les accès aux différents lieux publics sont toujours surveillés. Pourtant, certains habitants et navetteurs sont étonnés de constater que depuis quelques jours, les militaires disparaissent devant les entrées des gares et des métros alors que les différents accès, eux, sont toujours limités. Un non-sens, pour Nathalie, alors que la police fédérale nous indique que ces décisions font partie du nouveau programme de "surveillance dynamique".

Le 22 mars 2016, la Belgique était visée par deux attentats terroristes au coeur de Bruxelles qui marqueront à jamais les esprits. Presque tout juste un mois après le drame, la vie reprend son cours. Mais certains signes rappellent aux habitants, travailleurs ou touristes, que la situation n’est pas encore revenue totalement à la normale. De nombreux militaires armés sont visibles dans les rues, la circulation des métros est toujours limitée dans le temps. Et dans les gares, de nombreux accès sont encore fermés.

Nathalie est navetteuse, elle prend régulièrement le train pour voyager de Huy jusqu’à la gare de Bruxelles-Luxembourg afin de se rendre au Musée des Sciences naturelles, où elle est animatrice.


"Il n'y a plus de présence de militaires devant la gare"

"Comme de nombreux matins, je suis présente, vers 8 heures 30, à la gare de Bruxelles-Luxembourg. Depuis ce lundi, j’ai remarqué qu’il n’y avait plus de présence militaire", nous explique-t-elle en nous contactant via la page Alertez-nous de notre site. "Certains font des rondes dans les alentours de la place du Luxembourg mais à l'intérieur comme à l'extérieur de la gare, ils ne sont pas présents."

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"Accès fermés sur ordre de police"

La navetteuse est surtout étonnée de voir disparaître les militaires, alors que les différents accès à la gare sont, eux, toujours limités. "Depuis les attentats, il n'y a toujours qu'une petite partie de l'entrée principale de la gare qui est ouverte sur les trois habituelles."

En effet, à l’intérieur de la gare, les sorties vers la Chaussée de Wavre et la rue Montoyer ne sont pas accessibles. Sur les portes, une affiche indique aux voyageurs que ces accès sont fermés "sur ordre de police" et qu’ils doivent se diriger vers l'unique sortie rue de Trèves.


"Imaginez maintenant qu'un incident arrive à la gare avec ce seul axe d'entrée..."

Aux heures de pointe et à chaque arrivée de train, nous avons nous aussi constaté qu’un nombre important de voyageur se presse dans cette direction. "Cette entrée est un vrai goulot où s'enfournent de gros flots de navetteurs aux heures de pointes. Imaginez maintenant qu'un incident arrive à la gare avec ce seul axe d'entrée... cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques", s’inquiète Nathalie. "On pourrait carrément être pris au piège à l'intérieur de la gare ! Je peux comprendre l'augmentation des mesures de sécurité, mais il ne faudrait pas que cette sécurité nous fasse courir plus de risques. Hors aujourd'hui c'était clairement le cas!"
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"Au lieu d’ajouter de la sécurité, dans ce cas-ci, on produit l’effet inverse"

Nathalie ne panique pas, mais cette situation l’interpelle. "Je ne pense pas qu’il y aura un attentat demain, je n’espère pas, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. Au lieu d’ajouter de la sécurité, dans ce cas-ci, on produit l’effet inverse. A partir du moment où il n’y a plus de contrôles, à quoi ça sert de limiter les accès aux entrées ?", se demande-t-elle.


"Nous ne sommes plus dans un état d’esprit de fouilles"

Du côté de la SNCB, la porte-parole nous explique que ces décisions ne sont pas prises à son niveau. "C’est le centre de crise du gouvernement qui décide si nous devons ouvrir plus qu’un accès dans les gares. Nous soutenons toutes leurs décisions", explique-t-elle.

Nathalie Pierard ne s’inquiète pas de cette absence de présence militaire. "Aujourd’hui ils sont là de manière préventive. Ils ont une mission d’observation et de patrouille, nous ne sommes plus dans un état d’esprit de fouilles".P4191867
"Un système dynamique de surveillance" 

C’est Michaël Jonniaux, le porte-parole de la police fédérale, qui a pu apporter des réponses à nos questions. Ce 11 avril, un nouveau système de contrôle a été mis en place dans les métros et les gares bruxelloises. "Depuis la réouverture totale du métro ce lundi 11 avril, nous avons opté pour un système dynamique de surveillance", explique-t-il.

"Se déplacer au maximum pour être visible partout"

"Nous avons décidé de ne plus placer de personnes figées au même endroit au même moment car avec ce système de surveillance, quelqu’un qui fait du repérage va vite se rendre compte des accès faciles à emprunter."

Dans les métros et les gares, des patrouilles mixtes de policiers et militaires assurent désormais cette présence. "Ce qu’on demande vraiment au personnel, c’est donc de se déplacer au maximum pour être visible partout."

Le porte-parole nous indique que la fermeture des accès a elle aussi été faite en connaissance de cause. "Tant pour les gares SNCB que les métros, le nombre d’accès est limité pour raison de sécurité et pour faciliter le contrôle. Avec moins d’accès, il est plus facile de garder un œil sur les utilisateurs physiquement mais aussi à l’aide des caméras."

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"Une évaluation quotidienne pour voir comment évolue la menace"

Les navetteurs seront sans doute rassurés d’entendre ce constat. Malgré tout, beaucoup d'entre eux se demandent quand la situation redeviendra enfin totalement normale et à quel moment les différents accès qu’ils empruntent habituellement pourront être à nouveau utilisables.

Malheureusement, le porte-parole de la police fédérale est incapable de nous fournir plus d’informations sur la suite des événements. "Je ne suis pas en mesure de vous dire quand cette réouverture aura lieu. Nous suivons la situation de près. La réouverture des accès fait l’objet d’une évaluation quotidienne pour voir comment évolue la menace", souligne Michaël Jonniaux. "Nous sommes toujours en niveau de menace 3 mais ça veut pas dire qu’au niveau 2 on rouvrira automatiquement tous les accès !"


"En cas de problème, on peut faire ouvrir des autres accès"

Nathalie et les autres voyageurs devront donc mordre sur leur chique pour une durée indéterminée. Mais ils peuvent désormais attendre le retour à la normale avec l’esprit plus tranquille. Michaël Jonniaux rassure Nathalie et les autres voyageurs de la gare de Bruxelles-Luxembourg. Pour lui, un seul accès n’augmente pas le risque de catastrophe. "Concernant la gare de Bruxelles Luxembourg, cette entrée unique ne pose pas de problèmes car le nombre de personne dans la gare est faible. De toute façon, en cas de problème, on peut faire ouvrir des autres accès", conclut-il. 


 

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