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Vingt ans de prison pour un policier américain meurtrier d'un Noir

Vingt ans de prison pour un policier américain meurtrier d'un Noir
Des manifestants dénoncent la mort de Walter Scott sous les balles de Michael Slager, devant la mairie de North Charleston le 8 avril 2015 RICHARD ELLIS
 
 

L'un des homicides policiers les plus choquants de ces dernières années aux Etats-Unis a connu jeudi sa réponse judiciaire avec la condamnation pour meurtre d'un ancien agent, qui avait abattu un automobiliste noir non armé.

Michael Slager, un ex-policier blanc, devra purger 20 ans de réclusion, a ordonné le juge fédéral David Norton, qui siège à Charleston en Caroline du Sud.

L'ancien policier "a agi avec malveillance et préméditation", a estimé M. Norton, "en tirant sur Walter Scott, non armé et qui s'enfuyait".

Ce Noir de 50 ans avait été fauché par les balles de M. Slager alors qu'il s'écartait en courant après une banale infraction au code de la route.

M. Slager a également été reconnu coupable d'entrave à la justice pour ses mensonges concernant les circonstances de l'homicide de Walter Scott.

Ces faits en avril 2015, saisis sur une vidéo amateur, avaient choqué l'opinion publique en Amérique et au-delà. La mort de Walter Scott avait déclenché des manifestations, dégénérant parfois en émeutes, dans tous les Etats-Unis.

Plusieurs membres de la famille de la victime ont témoigné jeudi devant le tribunal, affirmant avoir pardonné à l'ex-policier, malgré leur peine.

- Pardon et regrets -

"Le pardon vient facilement pour (certains). Cela a été très difficile pour moi", a déclaré Anthony Scott, frère aîné de Walter Scott.

Michael Slager a lui-même pris la parole au cours de cette audience, disant être reconnaissant à la famille pour leur pardon.

"J'aimerais que ce ne soit jamais arrivé", a-t-il dit. "J'aimerais pouvoir remonter le temps pour changer les événements. Je ne peux pas".

L'ancien policier encourait la perpétuité après avoir plaidé coupable en mai d'un chef d'accusation fédéral, en l'espèce d'avoir de façon volontaire attenté aux droits civiques de Scott en exerçant une force excessive sous le couvert de ses fonctions.

Un premier procès non fédéral de M. Slager avait été annulé en décembre 2016, les douze jurés n'étant pas parvenus à s'accorder sur le verdict.

L'accusé avait affirmé avoir agi en état de légitime défense, s'étant senti menacé après s'être empoigné avec Walter Scott.

Sur la vidéo des faits, filmée sur un smartphone par un témoin, on voyait le policier alors âgé de 33 ans tirer à huit reprises sur sa victime qui s'écartait, la touchant cinq fois dans le dos.

On a ensuite reproché à l'agent d'avoir tenté de mettre en scène un scénario faisant croire à la légitime défense. Le policier avait notamment déposé son pistolet à décharge électrique à côté de sa victime.

- Abus récurrents -

Michael Slager avait été très vite renvoyé des forces de l'ordre, une sanction rare aux Etats-Unis.

Cet homicide s'est inscrit dans une série de drames impliquant des policiers américains et illustrant leur usage abusif de la force contre des Noirs.

Ces faits ont depuis trois ans contribué au développement du mouvement "Black Lives Matter", qui dénonce les violences policières contre les Noirs aux Etats-Unis.

L'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a salué la condamnation de Michael Slager, qu'elle a opposée aux "milliers" de cas où les policiers ne sont pas poursuivis après avoir commis des abus.

"J'espère qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction dans la lutte pour tenir responsables les policiers auteurs d'abus de force ayant résulté en la mort de personnes noires non armées", a commenté Shaundra Scott, directrice de l'ACLU en Caroline du Sud.


 

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