En ce moment
 
 

Les parents d'une jihadiste partie en Syrie mis en examen

Les parents d'une jihadiste partie en Syrie mis en examen
Des femmes en niqab dans la ville syrienne de Raqa en 2014, alors occupée par le groupe Etat islamique -
 
 

Les parents d'une jihadiste française partie en Syrie rejoindre le groupe Etat islamique (EI) et à qui ils sont soupçonnés d'avoir envoyé de l'argent ont été mis en examen pour financement d'une entreprise terroriste, a annoncé vendredi une source judiciaire.

Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, soustraction de mineur en relation avec une entreprise terroriste et financement d'une entreprise terroriste, et les deux parents ont été placés sous contrôle judiciaire conformément à ses réquisitions, a précisé cette source.

Aujourd'hui âgée de 27 ans, Margaux D. était partie en Syrie en 2013 avec sa fille qui avait alors dix-huit mois. Ses parents sont soupçonnés de lui avoir envoyé "plusieurs milliers d'euros", selon une source proche du dossier.

"Ce contrôle judiciaire est une décision juste dans le cadre de ce dossier, où des parents sont seulement venus aider leur fille et ses enfants et absolument pas l'organisation à laquelle elle serait affiliée", ont réagi auprès de l'AFP Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth, avocats de la mère de Margaux D.

La jeune femme faisait l'objet depuis novembre 2016 d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme".

Elle se trouve dans la région de Raqa (Syrie), où elle a été arrêtée à la mi-octobre par les forces kurdes, soutenues par la coalition occidentale à laquelle participe la France, qui ont repris à l'EI cette ville dont le groupe jihadiste avait fait sa capitale.

Les avocats de sa mère estiment que le dialogue doit se poursuivre avec les autorités pour permettre son retour en France.

"Compte tenu de cette procédure, les parents de Margaux ne peuvent pas entrer en contact avec elle", ont-ils relevé, estimant que le dernier contact entre la jeune femme et ses parents remonte à "quelques semaines".

Margaux D., convertie à l'islam en France, avait raconté son quotidien au sein du groupe jihadiste dans un reportage diffusé début novembre sur la chaîne France 2. Elle y expliquait avoir gagné le territoire de l'EI en Syrie pour "pouvoir vivre (sa) religion à (son) aise".

En janvier dernier, elle a été condamnée par défaut à deux ans de prison ferme en France pour soustraction et non-présentation d'enfant.

Mariée plusieurs fois à des jihadistes français morts au combat, elle est détenue avec sa fille aînée, aujourd'hui âgée de 6 ans, et ses deux autres enfants nés en Syrie, un fils de 3 ans et son bébé de 5 mois, selon France 2.

"La prochaine étape est que les autorités réfléchissent à un moyen de venir en aide aux enfants de Margaux et de voir quel traitement pourrait leur être réservé. Ils sont actuellement détenus, c'est une situation qui ne peut pas s'éterniser. On doit tout mettre en oeuvre pour permettre leur retour", ont souligné Me Bourdon et Me Brengarth.

Sur les 1.700 Français partis en Irak et en Syrie depuis 2013, 178 hommes, 66 femmes et 58 enfants sont revenus en France. Les adultes y font systématiquement l'objet d'une procédure judiciaire, et les enfants au minimum d'un suivi judiciaire ou éducatif.

Des centaines d'adultes et d'enfants français seraient encore dans la zone.

Plusieurs dossiers dans lesquels des parents sont soupçonnés d'avoir envoyé de l'argent à leur enfant parti combattre aux côtés de groupes jihadistes sont actuellement entre les mains de la justice, et des condamnations pour de tels faits ont déjà été prononcées.


 

Vos commentaires