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Les 27 progressent, un peu, pour mieux armer l'Ukraine

Les 27 progressent, un peu, pour mieux armer l'Ukraine
Le président du Conseil européen Charles Michel, le 21 mars 2024, à BruxellesKENZO TRIBOUILLARD
 

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Les dirigeants européens, réunis jeudi à Bruxelles, ont timidement progressé sur la voie d'une aide militaire accrue à l'Ukraine, après un nouvel appel à l'aide de son président, et face à une menace russe jugée de plus en plus inquiétante.

Ils ont décidé jeudi "d'aller de l'avant" avec un projet visant à utiliser les bénéfices provenant des avoirs gelés de la Russie dans l'UE pour armer l'Ukraine.

Les intérêts de ces avoirs représentent entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an, selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"Nous sommes déterminés à agir très rapidement afin de pouvoir utiliser une partie de cet argent pour soutenir l'Ukraine", a affirmé jeudi soir le président du Conseil européen, Charles Michel, lors d'une conférence de presse.

La Russie a menacé mercredi l'Union européenne de lui intenter des poursuites judiciaires "sur des décennies", dénonçant une initiative qui s'apparente à du "banditisme" et à du "vol".

Il est "crucial" que l'Union européenne fournisse davantage de munitions aux forces ukrainiennes, a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'adresse des dirigeants des Vingt-Sept qu'il a joint par visioconférence.

Kiev ne cesse de réclamer de ses alliés qu'ils accélèrent leurs livraisons d'armes et d'obus, mais l'aide occidentale s'essouffle.

Les Européens cherchent les moyens de renforcer l'arsenal ukrainien, ainsi que leur propre industrie de défense, au moment où une aide américaine de plus de 60 milliards de dollars est toujours bloquée au Congrès à Washington.

"L'Ukraine agit comme un bouclier pour l'Europe. Il est donc de notre responsabilité d'agir aussi comme un bouclier pour l'Ukraine", a plaidé la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.

- Financements "innovants" -

Outre la saisie des revenus des avoirs russes gelés, d'autres formes "innovantes" de financement sont à l'étude.

Les 27 ont ainsi demandé à la Banque européenne d'investissement (BEI), organe de financement de l'UE, d'élargir ses prêts aux entreprises de défense.

Mais pour M. Zelensky, le temps presse. "S'il vous plaît, ne perdez pas le temps nécessaire" pour renforcer l'industrie de défense, a-t-il demandé.

Depuis des semaines, les forces russes reprennent l'initiative sur le champ de bataille face aux Ukrainiens en manque de munitions et d'armements.

La Russie a de son côté mis son économie sur le pied de guerre et reçu des centaines de milliers d'obus de la Corée du Nord.

L'UE veut renforcer ses capacités de production d'armes, mais se heurte au manque de financements pour y parvenir.

La France et d'autres pays comme l'Estonie sont favorables au lancement d'un grand emprunt européen afin de répondre, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid, à la menace "existentielle" pesant sur l'Europe.

- Une solution "maintenant" -

"Il y a plusieurs voies possibles à explorer", dont un emprunt européen, ont affirmé les ministres des Affaires étrangères français, estonien, lituanien, letton, portugais et roumaine, dans une lettre commune.

Mais plusieurs pays, dont l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède s'y opposent, et les Vingt-Sept se sont seulement engagés jeudi à examiner "toutes les options" en matière de financements. "Je ne suis pas convaincu que les +eurobonds+ (emprunts européens) soient la solution à tout", a déclaré le Premier ministre belge, à l'unisson d'autres pays très réticents.

Les dirigeants européens sont par ailleurs parvenus à adopter une déclaration commune sur la situation à Gaza.

Ils réclament dans ce texte, le premier des 27 depuis fin octobre, une "pause humanitaire immédiate" en vue d'un cessez-le-feu durable et appellent Israël à ne pas lancer d'offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Très divisés sur le sujet, ils avaient renoncé à un texte commun lors de leurs deux précédents sommets, en décembre et février.

Enfin, ils ont donné jeudi leur feu vert à l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Bosnie-Herzégovine, qui ne commenceront qu'une fois réalisées un certain nombre de réformes par ce pays des Balkans.


 

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