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"Fifagate": nouvelles accusations de corruption d'un témoin-clé

"Fifagate": nouvelles accusations de corruption d'un témoin-clé
Alejandro Burzaco (c), qui dirigeait l'entreprise argentine de marketing sportif Torneos y Competencias, le 18 septembre 2015 à New YorkDON EMMERT
 
 

Un témoin-clé a affirmé mercredi avoir payé avec d'autres partenaires un total de 10,8 millions de dollars de pots-de-vin aux trois accusés du procès Fifa à New York, les ex-reponsables des fédérations de football brésilienne et péruvienne et l'ex-président de la confédération sud-américaine.

Le témoin, Alejandro Burzaco, qui dirigeait une influente entreprise argentine de marketing sportif, Torneos y Competencias, a affirmé que Torneos et ses partenaires avaient payé quelque 4,5 millions de dollars à Juan Angel Napout, ex-président de la confédération sud-américaine Conmebol et membre du comité exécutif de la Fifa.

Quelque 3,6 millions de dollars ont été versés au Péruvien Manuel Burga, et 2,7 millions au Brésilien José Maria Marin, toujours selon Alejandro Burzaco.

Des millions supplémentaires leur ont été promis, a ajouté Burzaco, qui a lui-même plaidé coupable fin 2015 dans le vaste scandale de corruption de la Fifa et coopère avec le gouvernement américain en attendant sa condamnation.

Burzaco, qui connaissait tous les barons du football d'Amérique latine, témoignait mercredi pour la deuxième journée consécutive. Mardi, il avait déjà dressé un tableau accablant de corruption généralisée dans le football sud-américain.

Sa déposition mercredi a cependant été perturbée par ce que l'accusation a qualifié de menaces de la part d'un des accusés, Manuel Burga, qui se serait passé le doigt sur la gorge comme pour menacer Burzaco de mort.

Burga, Marin et Napout sont seuls, parmi les 42 personnes impliquées par la justice américaine dans ce vaste scandale, à plaider non coupable et à figurer au banc des accusés de ce procès, censé durer environ six semaines, devant la juge fédérale de Brooklyn Pamela Chen.

Les autres personnes impliquées ont plaidé coupable ou ne sont pas jugés aux Etats-Unis.

- Des télés démentent toute corruption -

Plus tôt mercredi, Burzaco a aussi indiqué que sa société et les chaînes de télévision mexicaine Televisa et brésilienne TV Globo s'étaient entendues pour "payer 15 millions de dollars de pots-de-vin" à l'ex-chef de la fédération du football argentine, Julio Grondona, décédé en 2014, en échange de droits de diffusion exclusifs pour les Coupes du monde 2026 et 2030.

Mardi, ce témoin-clé avait déjà décrit les millions de dollars de pots-de-vin versés par sa société et d'autres partenaires en échange des droits de diffusion des grands tournois du continent: Copa Libertadores, Copa sudamericana ou Copa America.

Burzaco avait accusé plusieurs chaînes de télévision, dont Fox Sports et MediaPro en Espagne, d'accepter des pots de vin.

Fox Sports a démenti ces accusations via son compte Twitter chilien, soulignant que "toute insinuation en lien avec le fait que Fox avait connaissance ou accepté des pots de vin est absolument fausse".

Burzaco avait également brièvement mentionné mardi deux responsables du programme argentin "Football pour tous", Jorge Delhon et Pablo Paladino, indiquant qu'ils avaient eux aussi accepté des millions de dollars de pots-de-vin de Torneos.

Une mention qui a viré au drame: Delhon s'est suicidé mardi soir, se jetant sous un train dans la banlieue de Buenos Aires.

- Témoin-clé menacé -

Burzaco est arrivé au tribunal mercredi matin visiblement affecté, les larmes aux yeux. La juge Pamela Chen, en charge de tout le dossier Fifa, a ordonné une pause d'une heure et demie.

Si beaucoup ont attribué ces larmes au suicide, la procureure Kristin Mace a précisé en fin de journée que Burzaco avait été perturbé parce que l'un des accusés, Burga, avait eu envers lui un geste menaçant: il se serait passé à deux reprises le doigt sur la gorge comme pour le menacer de mort.

Même si l'avocat de Burga, Bruce Udolf, a nié toute menace de son client, indiquant qu'il avait la gorge irritée, la juge Chen a décidé de restreindre la liberté surveillée de Burga, limitant ses accès à tout ordinateur, tout téléphone et ne l'autorisant désormais à sortir de chez lui qu'accompagné de son avocat.

Burzaco a pleuré aussi quand il a raconté comment son frère lui avait dit, après qu'il se soit rendu à la justice en 2015, que "(sa) sécurité et (sa) vie étaient en danger".

Après deux jours d'interrogatoire par le procureur, Burzaco devrait subir jeudi le contre-interrogatoire des trois avocats des accusés.


 

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