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L'ex-directrice d'un aéroport en France jugée pour harcèlement moral: "Ses agissements ont été destructeurs"

L'ex-directrice d'un aéroport en France jugée pour harcèlement moral: "Ses agissements ont été destructeurs"
 
 

Jugée pour harcèlement moral envers quatre salariées, l'ancienne directrice de l'aéroport de Lorraine a assuré n'avoir rien remarqué du mal-être de ses collaboratrices.

Humiliations, critiques répétées devant témoins, mise sous surveillance. Autant de faits qui sont reprochés à Françoise Herment-Léonard, ancienne directrice de l'aéroport de Lorraine. L'ex-dirigeante a été jugée par le tribunal de Metz, ce jeudi, pour harcèlement moral envers quatre salariées. Une peine d'amende de 10.000 euros a été requise.

La moitié de la peine d'amende pourra être assortie du sursis, a requis l'avocat général, Hadrien Baron, qui a qualifié la prévenue de "profondément rigide". Le délibéré sera rendu le 1er février.

Françoise Herment-Léonard, âgée de 53 ans, comparaissait pour avoir multiplié entre autres "les scènes d'humiliation, la remise en cause des compétences, la mise sous surveillance du travail et les mesures vexatoires" envers quatre salariées entre 2012 et 2016 alors qu'elle était directrice de Lorraine Airport, établissement public géré par la région.


Une salariée "interdite de déplacements"

Une salariée du développement commercial était "interdite de déplacements", une cadre des ressources humaines a vu son poste "vidé de sa substance" et son bureau déménagé dans une minuscule pièce. Une commerciale a été chargée "du relooking de l'aéroport", une mission aux antipodes de sa tâche initiale, et s'est vu ensuite reprocher "de ne pas savoir choisir un fauteuil".

La présidente du tribunal correctionnel, Valérie Rossburger, a relevé son "management difficile à suivre", soulignant les nombreux arrêts maladie et licenciements. À cela, la prévenue a rétorqué qu'elle essayait de mettre "en place une culture d'entreprise". "Je ne peux pas féliciter un travail qui n'est pas celui que j'attends", a observé Mme Herment-Léonard. "J'ai été effectivement exigeante", a-t-elle finalement concédé.


"Ses agissements ont été destructeurs, déstabilisants"

Quatre salariées, dont trois ont connu des arrêts maladie, ont porté plainte à partir du mois de mai 2016. La CGT a exercé son droit d'alerte et l'inspection du travail s'est rendue sur place en décembre. Le mois suivant, Mme Herment-Léonard, proche de l'ancien président (PS) de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, a quitté ses fonctions pour rejoindre la Région.

"Ses agissements ont été destructeurs, déstabilisants, ont créé un climat délétère et d'angoisse", a témoigné une agent de l'inspection du travail, qui a rédigé un rapport détaillé.


La prévenue n'aurait rien remarqué 

Pour l'avocat de trois plaignantes, Me Mehdi Adjemi, la prévenue, "sans diplôme, qui est passée du pôle de communication de la région à la tête du fleuron lorrain, fait un complexe d'infériorité et elle se met à détruire". 


"Le harcèlement moral pour être caractérisé exige des éléments précis, datés, circonstanciés. Vous n'avez rien que des appréciations", a estimé en défense Me Sophie Ferry-Bouillon, qui a plaidé la relaxe.

L'ancienne directrice, qui n'a pas exprimé d'empathie, affirme ne pas avoir remarqué le mal-être de ses collaboratrices.


 

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