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Affaire Ramadan: une conversation avec une plaignante transmise au parquet

Affaire Ramadan: une conversation avec une plaignante transmise au parquet
L'islamologue Tariq Ramadan, lors d'une conférence à Abidjan, le 27 août 2011SIA KAMBOU
 
 

Une conversation privée entre l'islamologue Tariq Ramadan et une des deux femmes qui a porté plainte pour viol contre lui, ayant eu lieu plus d'un an après les faits présumés, a été transmise au parquet mercredi, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.

Cet échange sur le réseau social Facebook, au cours duquel l'accusation de viol n'est pas évoquée, se tient à l'initiative de Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque qui a déposé une plainte contre M. Ramadan en octobre.

Il a lieu le 5 juin 2013, alors que, selon Mme Ayari, le viol dont elle dit avoir été victime dans un hôtel parisien s'est produit au printemps 2012.

Lors d'une conférence de presse fin octobre, ses avocats, Me Jonas Haddad et Grégoire Leclerc, avaient déclaré que leur cliente était restée en contact avec Tariq Ramadan, notamment via messagerie, jusqu'à la mi-2013.

Une seconde plainte avait été déposée fin octobre et jointe à l'enquête préliminaire ouverte à Paris pour "viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort".

Cette seconde plaignante accuse M. Ramadan de l'avoir violée dans un hôtel à Lyon en octobre 2009 et elle a fourni des certificats médicaux aux enquêteurs.

Dans la conversation envoyée au parquet, révélée par Le Parisien et dont l'AFP a eu connaissance, Henda Ayari écrit à M. Ramadan qu'elle souhaite "avoir de (ses) nouvelles".

"Des personnes qui te haïssent m'ont monté la tête contre toi en te faisant passer pour un monstre pervers et sans coeur", ajoute-t-elle, en réponse à M. Ramadan, qui lui demande pouquoi elle le recontacte.

"Une certaine personne m'a vraiment montée contre toi et m'a dit des choses très graves sur toi, je l'ai crue et je le regrette car par la suite j'ai constaté que c'était une folle et une hystérique", poursuit-elle plus tard, sans nommer cette personne.

Le lendemain, elle envoie d'autres messages, restés sans réponse, à l'islamologue, notamment pour lui demander de ne pas la bloquer sur Facebook.

"Ne me prive pas de ta page et laisse moi juste lire tes beaux écrits que j'ai toujours aimé tant lire pour méditer dessus", lui réclame-t-elle.

"Dans de nombreuses affaires de viol, il est très fréquent que la victime et la personne qui est accusée continuent à correspondre. S'il n'y a que ça, c'est léger comme argument. Vu le contenu des messages dévoilés, cela ne fait que confirmer le phénomène d'emprise que nous avions évoqué dès le départ", a réagi auprès de l'AFP Me Haddad, ajoutant que la conversation était "complètement sortie de son contexte".

Les avocats de Tariq Ramadan n'ont pas souhaité commenter cette conversation.

Ces derniers avaient déposé début novembre une plainte pour subornation de témoin dans cette affaire.

Ils y ciblent notamment des propos de la journaliste Caroline Fourest, cette dernière ayant récemment déclaré dans les médias avoir été en contact depuis 2009 avec trois femmes se présentant comme des victimes de M. Ramadan, selon une autre source proche du dossier.


 

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