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Meurtre de Sophie Toscan du Plantier: décision en janvier sur le suspect anglais

Meurtre de Sophie Toscan du Plantier: décision en janvier sur le suspect anglais
L'ancien journaliste britannique Ian Bailey à Dublin, le 1er mars 2012PETER MUHLY
 
 

Vingt-et-un ans de bras de fer judiciaire: la cour d'appel de Paris dira le 25 janvier si elle confirme ou non le renvoi aux assises du journaliste anglais Ian Bailey, suspect du meurtre de la femme du producteur de cinéma français Toscan du Plantier en Irlande en 1996.

Ian Bailey, 60 ans, avait été renvoyé le 27 juillet 2016 devant la cour d'assises de Paris pour le meurtre de Sophie Toscan du Plantier l'épouse du producteur de cinéma et ancien patron de Gaumont Daniel Toscan du Plantier, décédé en 2003. Le journaliste, qui a toujours contesté être l'auteur du meurtre, avait fait appel.

"Le chemin est encore très long pour les proches de Sophie Toscan du Plantier qui n'ont jamais cessé le combat depuis 21 ans", ont déclaré à l'AFP les avocats de la famille, Alain Spilliaert et Laurent Pettiti, à l'issue de l'audience qui s'est tenue jeudi soir à huis clos.

En effet si la chambre de l'instruction confirmait le renvoi, l'avocat de Ian Bailey, Dominique Tricaud, a indiqué qu'il formerait "immédiatement un pourvoi en cassation", ce qui retardera encore la tenue d'un éventuel procès.

Et, si procès il y a, il devrait se dérouler en l'absence du journaliste: la justice irlandaise a jusqu'à présent refusé sa remise aux autorités françaises - qui ont délivré deux mandats d'arrêt à son encontre en 2010 et 2016 - invoquant l'absence de réciprocité entre les deux pays en matière d'extradition.

Les avocats de la famille ont déposé plainte devant la Commission européenne et espèrent que "cela conduira à l'ouverture d'une procédure d'infraction à l'encontre de l'Irlande".

Sophie Toscan du Plantier avait été retrouvée morte au matin du 23 décembre 1996, en vêtements de nuit, en contrebas de sa maison isolée de Schull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande, où elle était venue passer quelques jours avant Noël. Alors âgée de 39 ans, la jeune femme avait été frappée à la tête à coups de parpaing.

- "Aucune preuve scientifique" -

Journaliste pigiste résidant à quelques kilomètres de là, Ian Bailey avait rapidement fait figure de suspect: il portait des égratignures sur le visage et les avant-bras, avait évoqué dans ses articles des éléments de l'enquête, notamment sur l'arme du crime, censés être connus uniquement du meurtrier et des policiers, et avait assuré ne pas connaître la victime alors que plusieurs éléments ont démontré le contraire.

Plusieurs témoins ont aussi affirmé qu'il leur avait avoué le meurtre sous l'emprise de l'alcool, l’un d’eux évoquant une attirance physique de l’Anglais pour la jeune femme.

Mais, "aucune preuve scientifique ne rattache mon client à la scène de crime", a rappelé Me Tricaud.

L'état du corps de Sophie Toscan du Plantier, resté dehors recouvert d'une simple bâche pendant 36 heures avant l'arrivée du médecin légiste, n'avait pas permis de relever un éventuel ADN étranger.

Interpellé à plusieurs reprises par la police irlandaise, le journaliste n'a jamais été inculpé en Irlande.

"Après une enquête des autorités irlandaises qui a mobilisé des dizaines d’inspecteurs pendant plusieurs années, le procureur général d’Irlande a indiqué que +les éléments de preuve ne permettent pas de renvoyer Ian Bailey devant la juridiction de jugement+", a souligné l'avocat de l'Anglais.

"Il faut que cette décision soit respectée par la justice française" au nom de la règle "non bis in idem" (nul ne peut-être poursuivi deux fois pour la même chose), a-t-il ajouté.

Mais pour les avocats de la famille, ce grand principe juridique, consacré par le droit européen, ne peut s'appliquer dans cette affaire car le rapport du procureur général d'Irlande n'a "aucun caractère définitif et ne peut-être assimilé à un non-lieu".


 

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