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Grèce: polémique sur la permission du chef opérationnel du groupe extrémiste 17-N

Grèce: polémique sur la permission du chef opérationnel du groupe extrémiste 17-N
Le chef opérationnel du groupe d'extrême gauche "17 Novembre" (17-N), Dimitris Koufontinas, sort de prison pendant une permission à Athènes, le 9 novembre 2017Stelios MISINAS
 
 

Une permission de sortie accordée au chef opérationnel du groupe d'extrême gauche 17 Novembre (17-N), responsable de 23 assassinats entre 1975 et 2000, a provoqué jeudi un tollé en Grèce, la classe politique et jusqu'à l'ambassadeur des Etats-Unis dénonçant cette décision.

Dimitris Koufontinas, qui s'était rendu en septembre 2002, deux mois après l'arrestation de la plupart de ses camarades, a obtenu cette première permission en quinze ans, pour 48 heures, alors qu'il est sous le coup de onze condamnations à perpétuité.

Il doit se présenter deux fois par jour au commissariat de son domicile à Varnavas, à environ 50 km d'Athènes.

Cet ancien mathématicien et apiculteur est sorti souriant de la prison de Korydallos, vers 10h00 GMT (midi en Grèce) selon des images diffusées en direct par la télévision.

Il a étreint quelques amis, mais n'a fait aucune déclaration.

"Toute permission accordée à Koufontinas est incompréhensible, non seulement pour les actions atroces commises contre la démocratie mais aussi parce qu'il ne s'est pas repenti et reste le dirigeant idéologique de la nouvelle génération des terroristes", a tweeté Kyriakos Mitsotakis, chef du parti d'opposition de droite Nouvelle-Démocratie (ND)

La députée ND et ancienne ministre des Affaires étrangères Dora Bakoyannis, soeur de M. Mitsotakis, et dont le mari figure parmi les victimes du 17-N, s'en est prise à l'absence de réaction du ministre grec de la Justice Stavros Kontonis.

"Vous vous cachez, M. Kontonis, au lieu de condamner un assassin", a-t-elle tweeté.

Pour Stavros Théodorakis, dirigeant du parti de centre-gauche Potami, "la démocratie ne peut pas tolérer ceux qui soutiennent et font de la propagande en faveur des actions meurtrières".

Interrogé sur ces critiques lors d'un entretien à la radio RealFm, le porte-parole du gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras, Dimitris Tzanakopoulos, a défendu "la légalité de la permission" soulignant que "cela en aucun cas ne signifie la légitimité ou la justification des actions criminelles ou des idéologies".

Dimitris Koufontinas, 59 ans, a assumé publiquement "la responsabilité politique" des actions du 17-N, meurtres et attentats visant des personnalités grecques et étrangères.

Parmi les victimes du 17-N, figurent des banquiers, des patrons de presse, des hommes d'affaires, des hommes politiques et des membres d'ambassades étrangères, notamment cinq Américains.

Publiant sur Twitter une photo d'une plaque à leur mémoire, l'ambassadeur des Etats-Unis en Grèce Geoffrey Pyatt, a vivement réagi : "Nos démocraties reposent sur des institutions judiciaires indépendantes" mais la permission accordée jeudi "porte atteinte" à la mémoire des victimes et à leurs familles.

"Je joins ma voix à celle de l'ensemble de la classe politique grecque qui déplore la décision (...) de libérer un terroriste reconnu coupable, un meurtrier et un leader du N-17", a-t-il tweeté.

"La permission est un droit (...) et nous remercions la justice pour cette décision qui doit être respectée par tout le monde", a déclaré pour sa part aux médias Me Ioanna Kourtovik, l'avocate de Dimitris Koufontinas.

"Nous souhaitons que personne n'intervienne dans les décisions des institutions (...), la repentance n'est pas une condition pour une permission, selon la loi", a-t-elle expliqué.

Un homme de main du N-17, Christodoulos Xiros, avait aussi obtenu une permission en 2014, sous le gouvernement ND. Il avait disparu dans la nature avant d'être arrêté quelques mois plus tard.

17-N a été l'une de plus importantes organisations de guérilla urbaine d'extrême gauche, apparue après la junte des colonels (1967-1974) en Grèce.


 

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