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Catalogne: la présidente du Parlement écrouée jusqu'au versement d'une caution

 
 

La présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, poursuivie dans une enquête pour "rébellion" après la déclaration d'indépendance de son assemblée, sera écrouée jusqu'au versement d'une caution de 150.000 euros, a ordonné jeudi soir un juge de la Cour suprême de Madrid.

Selon un porte-parole de ce tribunal, elle sera placée en détention provisoire dès jeudi soir si elle n'est pas en mesure de verser immédiatement la caution. Plusieurs membres du noyau dur séparatiste sont déjà derrière les barreaux.

Le président indépendantiste destitué de Catalogne Carles Puigdemont a réagi sur Twitter en déplorant que Mme Forcadell soit contrainte de "dormir en prison pour avoir permis un débat démocratique".

Carme Forcadell et cinq autres élus ont été entendus dans la journée. L'un a été laissé libre, le seul non indépendantiste, tandis que les quatre autres disposent d'une semaine pour réunir 25.000 euros et éviter la prison.

Mme Forcadell a assuré devant le juge qu'elle n'avait pas, en tant que présidente du Parlement, "la liberté d'interdire un vote", selon un porte-parole de l'élue. Elle a aussi expliqué que la déclaration d'indépendance était sans effets juridiques, selon des sources ayant assisté à l'interrogatoire.

C'est Carme Forcadell qui avait compté, un à un, les bulletins des élus ayant voté le 27 octobre pour la sécession, 70 sur 135, un fait sans précédent qui a ébranlé l'Espagne et inquiété l'Europe.

Carme Forcadell avait été accueillie à son arrivée au tribunal jeudi par les cris de manifestants pour et contre l'indépendance. "Vous n'êtes pas seuls!", disaient les uns aux élus indépendantistes, "Puigdemont en prison", hurlaient les autres.

La Cour, compétente s'agissant de parlementaires, est saisie d'une enquête sur de possibles faits de rébellion ou sédition, voire de malversations de fonds, commis en vue de déclarer l'indépendance.

Huit membres du gouvernement séparatiste destitué par Madrid de l'indépendantiste Carles Puigdemont, sont déjà inculpés et écroués. M. Puigdemont et quatre de ses "ministres" ont fui en Belgique et sont visés par un mandat d'arrêt espagnol.

- 'Prisonniers politiques' -

M. Puigdemont a signé jeudi une lettre publiée par un quotidien catalan, El Punt Avui, réclamant la "libération des prisonniers politiques retenus en otage par l'Etat espagnol".

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International ne les considère toutefois pas comme des "prisonniers d'opinion" au motif qu'"ils sont accusés d'actes qui peuvent constituer des délits".

Le délit de rébellion est passible de 15 à 30 ans de prison, et celui de sédition d'un maximum de 15 ans.

Les incarcérations ont entraîné de nombreuses manifestations des indépendantistes, au moment où ils doivent préparer les élections régionales convoquées par le gouvernement central pour le 21 décembre.

Jeudi le chef du gouvernement Mariano Rajoy a souhaité une forte mobilisation des adversaires à l'indépendance lors de ce scrutin, alors que la région est divisée, presque à parts égales, sur le sujet. "Il sera important qu'il y ait une participation massive", a-t-il déclaré.

Peu après, le chef du gouvernement conservateur a reçu à Salamanque son "ami", le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui s'est vu décerner un titre de docteur Honoris Causa et en a profité pour rappeler son opposition "à toute forme de séparatisme qui fragilise l'Europe", déclarant que "le nationalisme est un poison qui empêche l'Europe de vivre ensemble".

La Commission européenne a apporté une bonne nouvelle à l'Espagne, assurant qu'à ce stade l'impact économique du conflit catalan, était "limité, voire négligeable", et révisant ses prévisions de croissance à la hausse pour l'Espagne en 2017 et 2018, respectivement à 3,1% et 2,5%.

L'incertitude n'en a pas moins entrainé le déménagement de siège social de plus de 2.200 entreprises hors de la région.

Et mercredi des responsables du Congrès mondial de la téléphonie mobile, rendez-vous annuel crucial du secteur à Barcelone aux retombées économiques importantes, ont fait part de leur "inquiétude".

Ils étaient à Barcelone en pleine grève indépendantiste mercredi, alors que des dizaines de milliers de passagers et des centaines de camions ont été bloqués par des militants protestant contre l'incarcération de responsables séparatistes.

Lors des élections régionales en 2015, les partis indépendantistes avaient obtenu 47,8% des suffrages et 72 sièges sur 135 au Parlement régional. Les sondages prédisent pour l'instant un résultat très serré pour le scrutin de décembre.


 

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