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"Liberté!": plus de 750.000 Catalans ont manifesté dans les rues de Barcelone, 500 à Bruxelles (vidéo)

 
 

La police municipale de Barcelone a évalué samedi à un petit peu plus de 750.000 le nombre des Catalans ayant participé à une grande manifestation dans cette ville pour réclamer la remise en liberté de dix dirigeants indépendantistes placés en détention provisoire. La manifestation, qui a duré environ deux heures, avait pour slogan : "liberté pour les prisonniers politiques !". Elle s'est déroulée plus de deux semaines après le vote (le 27 octobre) par le Parlement de Catalogne de la déclaration d'indépendance, restée sans effets et annulée par la justice espagnole. Ce dimanche midi, ce sont 500 autres manifestants de différents pays (Belgique, Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg, France) qui se sont réunis dans parc du Cinquantenaire à Bruxelles.

Des centaines de milliers de manifestants ont réclamé, samedi à Barcelone, la remise en liberté des dirigeants indépendantistes catalans emprisonnés, une démonstration de force d'un mouvement qui se réorganise après une déclaration d'indépendance de la Catalogne annulée par la justice espagnole.

"Liberté pour les prisonniers politiques", "Nous sommes une république", clamaient deux banderoles en tête du cortège, tenues par des proches des dix dirigeants incarcérés, tandis que les cris de "liberté !", "indépendance !", "forces d'occupation, dehors !" fusaient.

Cette mobilisation devait servir de test pour le mouvement indépendantiste avant des élections cruciales convoquées pour le 21 décembre dans cette région placée sous la tutelle de Madrid.

La manifestation a rassemblé un petit peu plus de 750.000 personnes, selon la police municipale. Ce dimanche midi, ce sont 500 autres manifestants de différents pays (Belgique, Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg, France) qui se sont réunis dans parc du Cinquantenaire à Bruxelles.

Un message du président catalan destitué, Carles Puigdemont, désormais installé à Bruxelles, a été diffusé au cours du rassemblement pour appeler les indépendantistes à "se faire entendre, de tout le monde".

"Puigdemont est notre président !" 

"Europe, où es-tu ?", demandaient des pancartes en anglais dans la manifestation.

Bien que la déclaration d'indépendance - votée le 27 octobre par 70 des 135 députés catalans - soit restée sans effets et ait été annulée par la justice espagnole, des manifestants affirmaient leur détermination à la voir aboutir un jour.

"Si nous n'y arrivons pas, nos enfants y arriveront", voulait croire Rocio Morata Cabello, une dirigeante d'entreprise de 42 ans présente avec ses filles adolescentes. Elle disait ressentir à la fois "de la colère, de l'indignation mais aussi de la fierté" de voir tant de gens dans les rues.

"C'est aux citoyens de se mobiliser, les hommes politiques n'ont pas fait leur travail", lançait Robert Muni, accompagné de ses deux garçons.

Le slogan "Puigdemont est notre président !" a cependant été maintes fois scandé.

Visé par un mandat d'arrêt européen à la demande de la justice espagnole, il se trouve dans la capitale belge depuis le 30 octobre avec quatre membres de son gouvernement.

Même si le départ de Carles Puigdemont "peut paraître égoïste, je le comprends", disait Maria Angels Quintana, une habitante d'un village voisin de Barcelone, car "s'il n'était pas parti en Belgique, il serait lui aussi en prison" et sa présence à Bruxelles "peut servir à attirer l'attention de l'Europe".

De son côté, la maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, non indépendantiste, avait annoncé qu'elle participerait à la manifestation pour demander la libération des élus et des dirigeants associatifs incarcérés. Mais elle s'était auparavant livrée à une charge virulente contre les responsables indépendantistes, fustigeant "un gouvernement irresponsable" ayant conduit la Catalogne "au désastre". Elle a aussi critiqué Carles Puigdemont pour avoir "disparu" après la déclaration d'indépendance.

La présidente du Parlement absente

La manifestation avait été convoquée par deux puissantes organisations séparatistes - l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium - pour appeler à la remise en liberté de leurs deux dirigeants incarcérés, ainsi que de huit anciens membres du gouvernement catalan destitué à la suite de la déclaration d'indépendance.

Le 8 novembre, une juge madrilène avait ordonné le placement en détention provisoire des huit "ministres" catalans relevés de leurs fonctions, dans le cadre d'une enquête pour "sédition", "rébellion" et "détournements de fonds" publics.

L'une des égéries du mouvement indépendantiste manquait à l'appel dans la manifestation : la présidente du Parlement catalan dissous, Carme Forcadell, libérée sous caution vendredi après une nuit en prison.

En n'y participant pas, elle a "suivi les conseils de son avocat", a simplement expliqué à l'AFP un porte-parole.

Entendue jeudi par un juge de la Cour suprême, avec cinq autres parlementaires catalans, Carme Forcadell avait évité la détention provisoire après s'être engagée à "renoncer à tout acte hors du cadre constitutionnel".

Les parlementaires avaient aussi relativisé pendant leur audition la portée de la déclaration d'indépendance en affirmant qu'elle était sans effets juridiques.

Cette proclamation de la République catalane, qui faisait suite au référendum interdit du 1er octobre, avait été suivie de la mise sous tutelle de la Catalogne par le gouvernement espagnol.

Madrid avait destitué l'exécutif de cette région, dissous son parlement et convoqué des élections régionales.

En vue de cette échéance, M. Puigdemont tente pour l'instant sans succès de constituer une liste commune indépendantiste.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est quant à lui rendu ce dimanche à Barcelone pour la première fois depuis que la région a été mise sous tutelle par Madrid, a appelé à "récupérer la Catalogne", "de la démocratie et de la liberté".


 

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