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Zone euro: le Mécanisme européen de stabilité prêt à jouer un rôle central

Zone euro: le Mécanisme européen de stabilité prêt à jouer un rôle central
Le directeur du Mécanisme européen de stabilité, l'Allemand Klaus Regling,à Athènes le 28 juin 2017LOUISA GOULIAMAKI
 
 

Le directeur du Mécanisme européen de stabilité, dont la mission est d'aider les pays de la zone euro en difficulté, a proposé mardi de voir son rôle renforcé à la fois comme super garant des banques et comme équivalent du FMI dans l'UE.

Alors que la Commission européenne compte proposer le 6 décembre une vaste réforme de la zone euro, qui fera l'objet d'une première discussion lors d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européen le 15 décembre à Bruxelles, l'Allemand Klaus Regling, directeur du Mécanisme européen de stabilité (MES), a présenté sa vision au Collège de Bruges, sorte d'"ENA européenne".

Le MES, entré en vigueur fin 2012 après la crise de la dette de la zone euro, est censé aider, sous conditions, les Etats en difficulté économique. Peu connu du grand public, il a participé à tous les plans de sauvetage depuis.

Dans son discours, M. Regling a proposé que le MES assure à l'avenir un rôle de garant des banques en difficulté de la zone euro, au cas où les mesures prises par les établissements financiers et les Etats nationaux dans le cadre de l'Union bancaire ne soient pas suffisants.

"Si nous voulons être crédibles aux yeux dess marchés financiers, nous devons être prêts à toute éventualité. D'où la nécessité d'un +filet de sécurité final+, un rôle que pourrait assumer le MES à l'avenir", a dit M. Regling.

Il a aussi plaidé pour que le MES se mue en Fonds monétaire européen: "Jusqu'ici, le FMI a toujours contribué aux programmes de sauvetage européen, mais un consensus se dessine pour qu'il joue un rôle moindre lors de crises futures. Le MES pourrait assumer ce rôle, ainsi que d'autres tâches".

Basé à Washington, le Fonds monétaire international a en effet joué un rôle central lors des deux premiers plans de sauvetage de la Grèce, en 2010 et 2012, mais a beaucoup traîné des pieds pour participer au troisième plan d'aide conclu en 2015.

L'Allemagne, première créancière de la Grèce, souhaitait absolument la participation du FMI à ces plans d'aide car elle voyait en lui un garant de la rigueur budgétaire, contrairement à la Commission européenne qu'elle jugeait trop laxiste. Or, après les atermoiements du FMI, les pays de la zone euro se sont peu à peu convaincus de la nécessité de se débrouiller tout seuls à l'avenir.

Le 10 octobre dernier, lors de sa dernière réunion européenne en tant que ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, avait ainsi constaté qu'"une large majorité des 19 pays de la zone euro était favorable à un renforcement du rôle du MES".

Exposant mardi sa vision, M. Regling a précisé: "Plutôt que d'avoir un groupe de quatre créanciers --FMI, BCE, Commission européenne et MES--, le MES et la Commission européenne pourraient être responsables ensemble pour élaborer, négocier et surveiller les programmes de sauvetage".

Un détail de taille. En octobre dernier, pour la dernière réunion de M. Schäuble, avait circulé sous le manteau sa vision d'une réforme de la zone euro, où il proposait pour sa part d'octroyer au MES un rôle de surveillance du respect des règles du pacte de stabilité européen.

Or, ce rôle est actuellement dévolu à la Commission européenne, chargée de voir si les 19 membres de la zone euro respectent bien les critères de ce pacte, notamment en matière de déficit et de dette publics.

L'Allemand Regling se montre ainsi plus conciliant que l'ancien grand argentier conservateur Schäuble.

Actuellement, la position de Berlin sur les réformes de la zone euro n'est pas encore arrêtée, puisque les discussions entre les chrétiens-démocrates (CDU), leur parti frère bavarois (CSU), les Verts et les Libéraux pour former une nouvelle coalition sous la houlette de la chancelière conservatrice Merkel ne sont pas terminées.


 

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