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Pas d'accord à l'issue de la réunion des créanciers du Venezuela

Pas d'accord à l'issue de la réunion des créanciers du Venezuela
Le Venezuela, en profonde crise économique, se rapproche du défaut de paiement sur sa dette extérieureFEDERICO PARRA
 
 

La réunion à Caracas de créanciers internationaux du Venezuela, pour tenter de renégocier la dette du pays et lui éviter le tant redouté défaut de paiement, s'est achevée sans accord mais avec la promesse de se revoir prochainement.

Le gouvernement a qualifié cette réunion, d'à peine 25 minutes, de "succès retentissant", dans un communiqué publié lundi soir. Les créanciers sont quant à eux sortis déçus de cette réunion tenue à huis clos dans le Palais blanc, face au palais présidentiel de Miraflores.

"Ils ont dit qu'ils allaient former des groupes techniques pour évaluer les propositions de renégociation de la dette à court et moyen terme. Mais ils n'ont donné aucun détail concret sur leurs projets, sur ce qu'ils espèrent", a raconté à l'AFP Geronimo Mansutti, du courtier Rendivalores, évoquant la présence à la réunion de 300 investisseurs ou de leurs représentants.

"La réunion a été très mauvaise", a-t-il résumé.

Selon plusieurs participants, les parties se sont engagées à se revoir prochainement, mais sans fixer de date.

Dans des déclarations diffusées lundi soir sur la télévision d'Etat VTV, le vice-président Tareck El Aissami, qui a présidé cette rencontre, a affirmé que le Venezuela était "blindé" mais a accusé les sanctions infligées par les Etats-Unis d'avoir provoqué les retards de paiement.

Selon les autorités, 414 créanciers, soit 91% des détenteurs de dette, ont répondu à l'invitation du président socialiste Nicolas Maduro, fragilisé depuis des mois par une profonde crise économique et politique.

Mais l'agence Bloomberg a indiqué qu'aucun des investisseurs étrangers qu'elle a contactés la semaine dernière n'envisageait d'aller à Caracas.

- Réserves insuffisantes -

Le Venezuela veut restructurer - c'est-à-dire rééchelonner les remboursements voire diminuer ou effacer des créances - sa dette extérieure, estimée à 150 milliards de dollars, car il ne dispose plus que de 9,7 milliards de réserves et doit rembourser au moins 1,47 milliard d'ici la fin de l'année, puis 8 milliards en 2018.

Dimanche, Nicolas Maduro s'est défendu avec véhémence.

"Ils ont spéculé sur le fait que le Venezuela se déclarerait en défaut (de paiement). Jamais! Le défaut (de paiement) ne se produira jamais au Venezuela", a-t-il asséné à la télévision. "Maintenant notre stratégie est de renégocier et de refinancer toute la dette".

Selon l'économiste Luis Vicente Leon, il cherche à convaincre les créanciers américains - qui ont intérêt à ce que la dette soit restructurée - de faire pression sur l'administration Trump.

Mais les négociations sont compliquées par les récentes sanctions de Washington, qui interdit à ses banques et à ses citoyens d'acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords avec le gouvernement vénézuélien. Selon Caracas, 70% des créanciers sont nord-américains (Etats-Unis et Canada).

Toutes les agences de notation anticipent un défaut du Venezuela, jugeant ses réserves insuffisantes.

Cela aggraverait la récession qui a amputé le PIB de 36% en quatre ans et couperait le pays et son groupe étatique pétrolier PDVSA des marchés, tout en les exposant à des poursuites et à la saisie d'actifs et filiales à l'étranger.

- Ruiné -

Autrefois le plus riche d'Amérique latine, le pays pétrolier, ruiné notamment par la chute des cours du brut, n'est plus que l'ombre de lui-même.

La majorité des aliments et médicaments ont disparu des rayons faute d'importations, suscitant un violent mécontentement populaire, cristallisé dans les manifestations du printemps, qui ont fait 125 morts.

Nicolas Maduro assure négocier avec la Russie et la Chine, deux alliés auxquels le Venezuela doit respectivement huit et 28 milliards de dollars. Selon lui un accord a été conclu avec Moscou pour restructurer trois milliards de créances.

Parallèlement, à New York, un comité spécialisé de l'ISDA (Association internationale des produits dérivés), composé de 15 sociétés financières, devait décider des suites à donner à un retard de paiement de Caracas de 1,16 milliard de dollars.

Il a annoncé qu'il allait "poursuivre ses discussions" lors d'une nouvelle réunion mardi à 11H00 (16H00 GMT).

Une décision négative de l'ISDA pourrait déclencher un défaut partiel aux conséquences imprévisibles pour Caracas.

Lundi en début de soirée, le gouvernement vénézuélien n'avait toujours pas confirmé le règlement de 81 millions de dollars arrivé à échéance vendredi, ni celui d'un autre versement de 200 millions, programmé lundi.

Le défaut partiel ou total d'un État peut être prononcé par son gouvernement, une agence de notation, un créancier privé ou l'ISDA.

De son côté, la communauté internationale accroît la pression sur Nicolas Maduro.

Lundi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont adopté des sanctions, dont un embargo sur les livraisons d'armes.

Le Venezuela est le premier pays d'Amérique latine à être visé par de telles mesures de l'UE qui souligne "l'inquiétude que lui inspire la situation".


 

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