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Pressé par la transition énergétique, Siemens supprime près de 7.000 postes

 
 

L'industriel allemand Siemens a annoncé jeudi vouloir supprimer 6.900 postes à partir de 2020, dont la moitié en Allemagne, principalement dans sa branche énergétique bousculée par la montée en puissance des énergies renouvelables.

Après des semaines de rumeurs au sein du groupe munichois, Siemens a dévoilé jeudi en comité d'entreprise sa réponse "aux changements structurels dans la production d'énergies fossiles et le secteur des matières premières", explique-t-il dans un communiqué.

En plus des fermetures de sites et réductions de personnel prévues en Allemagne, ce plan prévoit 1.100 suppressions de postes dans le reste de l'Europe et 2.500 hors Europe, dont 1.800 aux Etats-Unis.

Cette "attaque généralisée contre les employés" est "inacceptable compte tenu de l'excellente santé de l'entreprise", qui vient de réaliser un bénéfice annuel de 6,2 milliards d'euros, a dénoncé le syndicat allemand IG Metall.

Siemens, qui avait déjà taillé dans sa branche énergie lors d'un précédent plan de restructuration en 2013, évoque de son côté la sauvegarde de sa "compétitivité" face à la "pression croissante" que les renouvelables font peser sur les autres sources d'énergie.

- Craintes politiques -

L'ère de la fée électricité produite par des méga-turbines à gaz, qui ont fait la fortune de l'industriel allemand, a vécu: la demande mondiale a "drastiquement" chuté pour ces énormes machines, autour de "110 turbines par an", quand les capacités actuelles sont estimées à "400 turbines", plaide Siemens.

"Le temps presse et plus vite nous sortirons de cette situation, mieux ce sera pour les employés", a expliqué Janina Kugel, directrice des ressources humaines du groupe aux 351.000 salariés.

Selon Mme Kugel, les négociations doivent se terminer avant fin 2018 tandis que les premières suppressions de postes à l'étranger doivent être mises en place "à partir de 2020 mais cela pourrait aussi déborder sur 2021 ou même 2022".

Car Siemens, comme plusieurs groupes industriels allemands, a la particularité de pratiquer la "cogestion" direction/salariés, notamment sur les questions sociales.

Le géant allemand avait déjà annoncé début novembre la suppression de 6.000 emplois au sein de sa coentreprise leader mondial de l'énergie éolienne, Siemens-Gamesa, en raison d'une baisse des ventes.

Les rumeurs allaient depuis bon train sur une liste noire de sites, qui devaient être fermés en Allemagne, dont une majorité dans l'est du pays.

La ministre allemande de l'économie, la sociale-démocrate sur le départ Brigitte Zypries, avait même écrit au patron de Siemens pour le mettre en garde sur les risques de "nourrir le mécontentement et les doutes", qui ont fait le terreau de l'extrême droite aux dernières élections dans ces régions de l'est, sinistrées depuis la Réunification allemande.

- 'Résistance créative' -

En Allemagne, le groupe veut donc fermer à l'est ses sites de Görlitz (720 emplois) et Leipzig (200 emplois), supprimer 300 emplois sur son site historique de Berlin et 640 à Mülheim (ouest), ainsi que fusionner ses unités d'Offenbach (ouest) et Erlangen (centre). Il envisage aussi de céder son site d'Erfurt (centre).

Le géant allemand entend cependant éviter les licenciements en "transférant autant que possible les personnes concernées" par la restructuration vers ses 3.200 postes vacants.

"Nous allons parler avec IG Metall de ces mesures volontaires et je suis assez optimiste", a lancé à la presse la directrice des ressources humaines.

Le syndicat a, lui, averti que "Siemens doit se préparer à un combat difficile". Le très puissant IG Metall annonce la tenue de manifestations d'ampleur devant les sites menacés et des "moyens de résistance créatifs", citant par exemple "le refus (d'effectuer) des heures supplémentaires".

Depuis 2313, Siemens a entrepris de recentrer ses activités, cédant l'électroménager et les réseaux télécoms, puis abandonnant le nucléaire et l'énergie solaire. L'allemand avait misé sur l'éolien, qui a connu des débuts bafouillants.

Cette stratégie du fleuron historique de la puissance industrielle allemande vaut à Siemens d'être parfois accusé de devenir une "holding", soit une liste de divisions manquant de cohésion.

"On peut commencer à s'interroger, Siemens reste-t-il un groupe technologique intégré ou s'agit-il seulement de satisfaire les actionnaires ?", questionne le syndicat allemand.


 

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