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ND-des-Landes: pour l'exécutif, l'heure de la décision a sonné

 
 

C'est le dossier le plus sensible de cette fin d'année: le rapport des médiateurs sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) atterrit mercredi sur la table d'Edouard Philippe, avant une décision rapide de l'exécutif sur la poursuite ou non de ce projet enlisé depuis des années.

Le transfert, hautement polémique, de l'aéroport nantais avait déjà empoisonné la totalité du quinquennat de François Hollande.

"Il n'est pas question de reporter encore la décision, de commander un nouveau rapport ou d'essayer de gagner du temps", souligne un proche du Premier ministre.

Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui s'est publiquement opposé à Notre-Dame-des-Landes, a annoncé une décision "avant les fêtes". Mais elle pourrait attendre tout début janvier, selon une source gouvernementale.

Le temps presse: le 9 février, la déclaration d'utilité publique (DUP) du nouvel aéroport, signée en 2008, sera caduque si l'Etat n'en demande pas sa prorogation devant le Conseil d'Etat.

"Plus le gouvernement attend, plus il se met au pied du mur", insiste-t-on au Syndicat mixte aéroportuaire (SMA), rassemblement de 20 collectivités des Pays de la Loire et de Bretagne investies dans le nouvel aéroport.

Las de l'indécision politique, "pro" comme "anti" Notre-Dame-des-Landes en appellent au "courage" du président de la République sur ce projet né au milieu des années 1960 et relancé en 2000, indispensable au développement économique du Grand Ouest pour ses partisans, néfaste pour l'environnement et gaspilleur d'argent public pour ses opposants.

Le rapport des trois médiateurs ne devrait pas donner de recommandation nette entre l'optimisation de Nantes-Atlantique, au sud de l'agglomération, ou son déménagement à Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord. Chaque terme sera particulièrement scruté.

Alors que les pro-transfert alertent sur les nuisances sonores et le gel de l'étalement urbain, les opposants affirment que l'actuel aéroport, réaménagé, pourrait accueillir neuf millions de passagers à l'horizon 2040. Ceci "sans aggraver les conditions de vie des habitants impactés par le bruit ni empêcher le développement de l'agglomération" de 620.000 habitants. Ils estiment donc que son maintien est "une véritable alternative" à Notre-Dame-des-Landes.

- "des casseurs qui veulent en découdre" -

Seront également regardées de près les conclusions devant permettre "de rétablir l'ordre public", comme demandé aux médiateurs à leur nomination le 1er juin, et la prise en compte de la consultation locale de juin 2016, en faveur du transfert.

Ses partisans entendent d'ailleurs rappeler ce résultat, mercredi à Paris, en apportant leurs bulletins de vote devant l'Assemblée nationale.

Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait d'ailleurs dit qu'il était "pour respecter le vote" des habitants de Loire-Atlantique, tout en plaidant pour une médiation permettant "une dernière fois" de "regarder les choses" et d'"éviter des troubles à l'ordre public qui sont inconsidérés".

Trois ans après la mort du jeune Rémi Fraisse dans une autre "ZAD", à Sivens (Tarn), la nervosité au sein de l'exécutif porte surtout sur l'évacuation des 200 à 300 zadistes qui vivent actuellement sur les milliers d'hectares de bocages de Notre-Dame-des-Landes. Ils se préparent à une intervention des forces de l'ordre, que l'aéroport se fasse ou non.

"Ce ne sont pas des gentils gauchistes vivant d'amour et d'eau fraîche. Ce sont des casseurs qui veulent en découdre", juge une source gouvernementale, qui souligne "l'enjeu de sécurité publique", avec une probable mobilisation de milliers de gendarmes mobiles.

Autre incertitude, politique: l'avenir au gouvernement de Nicolas Hulot, après le recul sur le nucléaire et le revers européen de la France sur le glyphosate. Le ministre a toutefois refusé de faire de l'abandon de Notre-Dame-des-Landes une "ligne rouge", une forme de "chantage" qui ne serait "pas sain, ni durable".

Le nouvel aéroport, dont la concession a été confiée fin 2010 à une filiale du groupe de BTP Vinci, aurait initialement dû être inauguré à l'automne 2017.


 

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