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Le patronat européen réclame des avancées sur le Brexit à Mme May

 
 

Le patronat européen a réclamé lundi une accélération des négociations sur le Brexit à la Première ministre britannique, Theresa May, dont l'autorité semble toutefois de plus en plus ténue.

La cheffe du gouvernement conservateur a reçu au 10 Downing Street les représentants inquiets des employeurs britanniques et européens, au moment où les difficiles négociations entre Londres et l'Union européenne rendent incertains des accords de transition et commerciaux après le Brexit, prévu le 29 mars 2019.

"Le message, c'est que les entreprises de toute l'Europe sont très unies", a souligné la présidente de BusinessEurope, Emma Marcegaglia, devant la presse à l'issue de la rencontre avec Mme May.

"Nous sommes très inquiètes car nous ne voyons pas vraiment de progrès dans la négociation. Or nous savons qu'il ne reste que deux semaines pour accomplir suffisamment de progrès afin que le Conseil européen de décembre décide de passer à la prochaine phase", a-t-elle ajouté.

Le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, a donné deux semaines aux Britanniques pour clarifier leurs engagements sur les termes du divorce, s'ils veulent obtenir d'ici à la fin de l'année le feu vert de Bruxelles sur le lancement des négociations commerciales sur l'après-Brexit.

Si ce délai n'est pas respecté, la perspective des négociations commerciales serait reportée à "février ou mars", selon un haut diplomate de l'UE. Une solution très peu du goût du patronat européen, qui craint une perturbation du flot habituel des affaires.

"Il faut que le gouvernement britannique clarifie sa position", a dit à l'AFP le représentant du Medef français, Loic Armand. Une absence d'accord "pourrait poser des problèmes de tarifs, d’accès au marché britannique mais aussi de logistique, avec les 8.000 camions qui traversent la Manche chaque jour", a-t-il ajouté.

- Fragilité du pouvoir -

La patronne des patrons britanniques, Carolyn Fairbairn, appelle depuis des mois à hâter le mouvement. "Avec 600 milliards d'euros d'échange entre le Royaume-Uni et l'UE chaque année, les représentants des employeurs de toute l'Europe ont utilisé la réunion pour insister sur l'importance d'avancées tangibles avant Noël", a-t-elle expliqué lundi.

Theresa May a souligné pour sa part qu'elle ferait "tout son possible pour que les entreprises britanniques et européennes continuent de prospérer côte à côte".

Mais la réunion a eu lieu dans un climat difficile pour la Première ministre, aux prises avec un gouvernement qui se déchire ouvertement entre "Brexiters", prêts à une rupture nette avec Bruxelles, et partisans d'une approche plus accommodante.

Deux poids lourds pro-Brexit de son équipe, les ministres des Affaires étrangères, Boris Johnson, et de l'Environnement, Michael Gove, ont exigé la préparation sérieuse et détaillée de l'hypothèse d'un Brexit sans accord avec l'UE, d'après le journal Mail on Sunday.

Selon eux, à ce rythme, "nous serons dans une position vraiment très difficile en 2021" à l'issue d'une éventuelle période de transition de deux ans suivant le Brexit prévu le 29 mars 2019.

Reflet de l'angoisse des marchés pour la stabilité gouvernementale, la livre sterling perdait près de 1% sur le marché des changes face à l'euro et au dollar lundi en début d'après-midi.

Outre ses divisions sur le Brexit, le gouvernement est affaibli par les démissions récentes de deux ministres: la première sur fond de scandale de harcèlement sexuel et la seconde du fait de rencontres non autorisées avec des responsables israéliens.

Dimanche, le Sunday Times a assuré que 40 députés conservateurs étaient prêts à signer un texte défiant l'autorité de Mme May. Si huit députés conservateurs supplémentaires les rejoignaient, elle pourrait se voir signifier son éviction de la tête du parti, d'après le journal.


 

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