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Le Rallycross séduit les constructeurs automobiles

Le Rallycross séduit les constructeurs automobiles
Epreuve de Rallycross à Stjordal en Norvège, le 14 juin 2014NED ALLEY
 
 

Le petit dernier du sport automobile n'en finit plus de pousser: spectaculaire et peu coûteux, le Championnat du monde de Rallycross (World RX), dont la quatrième édition s'est terminée dimanche en Afrique du Sud, a su aiguiser l'intérêt des constructeurs.

Reprise en main en 2013 par le promoteur IMG, associé à la marque de boissons Monster Energy, la discipline s'est rapidement taillé une part dans la stratégie sportive des marques automobiles. Et pas seulement parce qu'il y a peu de places dans les catégories traditionnelles.

Volkswagen a lâché le Championnat du monde des rallyes (WRC) fin 2016 pour s'essayer au Rallycross cette saison. Peugeot se concentrera sur le World RX à compter de 2018, au détriment d'un maintien en rallye-raid ou d'un engagement en endurance.

Le Rallycross - "sprint ultime" selon l'une de ses têtes d'affiche, le Français Sébastien Loeb, engagé avec la marque au lion - propose des courses sur circuit de quelques minutes "très intenses, porte contre porte". En Mondial, manches qualificatives, demi-finales et finales s'enchaînent sur deux jours.

Facile d'accès, rythmée, spectaculaire, idéale pour une diffusion télévisée ou sur les réseaux sociaux, la discipline a une audience différente. "75% de notre public a moins de 35 ans", indique Paul Bellamy, responsable du World RX chez IMG.

"Les constructeurs qui ont besoin de s'adresser aux +millennials+ investissent car cela leur permet de rajeunir leur image,", estime Hervé Bodinier, directeur général délégué de Lagardère Plus, agence de consulting à destination des marques. "On identifie le Rallycross à un mode de vie plutôt qu'à une technologie", poursuit-il.

Développé sur les bases du Championnat d'Europe, le World RX est bien installé sur le "Vieux Continent". Il doit désormais se développer durablement à l'international.

- 'Pas une fortune' -

"Nous sommes en contact avec plusieurs promoteurs sur le continent asiatique, assure Bellamy. L'Amérique est un autre marché que nous souhaitons explorer, comme le Moyen-Orient".

"Avoir une course sur chaque continent est quelque chose qui nous intéresse beaucoup, confirme Sven Smeets, directeur de Volkswagen Motorsport. D'autant que nous pouvons nous y rendre sans que cela ne nous coûte une fortune, ce qui aide beaucoup" à l'heure où les marques surveillent leurs budgets comme le lait sur le feu.

Le directeur de la compétition de "VW" explique en effet que le ticket d'entrée est "beaucoup plus faible qu'en WRC", où la marque allemande a été engagée entre 2013 et 2016.

"Vous ne parcourez qu'une quarantaine de kilomètres par week-end de compétition, détaille-t-il, et vous n'avez pas non plus besoin de beaucoup d'équipement. Tout le transport se fait par la mer, deux containers suffisent."

Qui plus est, les constructeurs s'engagent en partenariat avec des structures privées: celle du pilote norvégien Petter Solberg pour Volkswagen, celles des Suédois Kenneth Hansen et Mattias Ekström pour Peugeot et Audi.

"Ces équipes ont aussi beaucoup de partenaires afin de boucler leurs budgets, ajoute Smeets. Ce sont en fait des sortes de +joint-ventures+ (coentreprises, ndlr)".

Loeb avec Peugeot, Solberg avec "VW", Ekström avec Audi, la star de YouTube Ken Block avec Ford jusqu'à la fin de saison... L'intérêt de têtes d'affiche pour ce tout jeune Championnat du monde n'est pas non plus pour déplaire aux marques.

- Passage à l'électrique -

A l'horizon 2020, le Championnat du monde de Rallycross devrait prendre le virage de l'électrique pour devenir "l'E-WRX", un argument de plus pour certaines marques.

"Ce projet accompagne à la fois la transition énergétique de Peugeot du thermique à l'électrique et la promotion d'un véhicule en particulier, la 208 puis sa remplaçante", indique Bruno Famin, directeur de Peugeot Sport.

Seul Ford n'a pas suivi le mouvement, préférant se mettre en retrait à compter de 2018 en attendant une décision plutôt que de développer une nouvelle voiture thermique pour une courte durée de vie.

Avant cela, la discipline devra se préoccuper de la hausse des coûts inhérente à l'arrivée de constructeurs aux budgets très supérieurs aux équipes privées.

"Le risque, c'est il y ait des investissements de plus en plus conséquents et que seules les grandes écuries puissent gagner demain", résume Bodinier.

"Comme dans tous les sports mécaniques, il ne faut pas que les budgets nécessaires pour jouer la gagne soient quatre fois supérieurs aux retombées, estime pour sa part Loeb. Que les voitures aillent 5/10es plus vite au tour, ça ne changera rien au spectacle."

IMG a semble-t-il compris le message. "Il faut garder les coûts sous contrôle pour que la course reste aussi excitante", leur répond Bellamy.


 

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