En ce moment
 
 

Karachi: Léotard à nouveau visé par une enquête pour faux témoignage

Karachi: Léotard à nouveau visé par une enquête pour faux témoignage
L'ancien ministre de la Défense et de la Culture François Léotard le 10 janvier 2017 à ParisFRANCOIS GUILLOT
 
 

François Léotard est de nouveau visé par une enquête pour faux témoignage dans l'affaire Karachi, la cour d'appel de Paris ayant annulé mardi le non-lieu dont l'ancien ministre de la Défense avait bénéficié, a appris l'AFP auprès de l'avocat des parties civiles.

Ouverte en 2013, cette enquête fait suite à une plainte déposée par des proches de victimes françaises de l'attentat de Karachi, où quinze personnes sont mortes le 8 mai 2002, dont onze ouvriers de la Direction des constructions navales (DCN).

"François Léotard a effectué un faux témoignage lors de son audition" en janvier 2011 par le juge antiterroriste Marc Trévidic dans le cadre du volet, dit financier, de l'attentat de Karachi, "alors même qu'il était entendu en qualité de témoin ayant prêté serment", accusent les plaignants représentés par Me Olivier Morice.

Mardi, la chambre de l'instruction a renvoyé le dossier entre les mains du juge d'instruction en infirmant le non-lieu rendu en juillet 2016, selon Me Morice.

"C'est une victoire importante, contre l'avis du parquet général", s'est félicité l'avocat des proches des victimes "qui souhaitent que François Léotard soit renvoyé devant le tribunal correctionnel pour faux témoignage".

En rendant son non-lieu en 2016, le juge avait estimé qu'on ne pouvait accuser François Léotard d'avoir menti puisque le volet financier n'avait pas abouti à des poursuites contre lui. Dans ce volet, les juges s'interrogent sur un possible financement illicite de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995, via des rétrocommissions sur les contrats d'armement.

Mais depuis, François Léotard, ministre de la Défense du gouvernement Balladur de 1993 à 1995, a été mis en examen début juillet par la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.

Il est désormais poursuivi, tout comme Edouard Balladur, pour "complicité d'abus de biens sociaux".

La justice travaille sur l'hypothèse selon laquelle l'attentat aurait été commis en représailles à l'arrêt par la France du paiement de commissions liées à des contrats de vente d'armes de la France à l'Arabie Saoudite (Sawari II) et au Pakistan (Agosta), signés sous le gouvernement Balladur.

C'est en creusant cette piste que les magistrats ont acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur pour l'élection présidentielle de 1995 avaient été en partie abondés par des rétrocommissions illégales.


 

Vos commentaires