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Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen continue à faire des vagues

 
 

Volkswagen Le scandale autour des moteurs de truqués de Volkswagen faisait de nouvelles vagues jeudi, avec un boycott des actions du constructeur allemand décidé par une grande banque suédoise et un plongeon en Bourse du concurrent BMW.

AutoBild, publication adossée au tabloïd allemand Bild, a mis en cause BMW, champion du haut de gamme. Selon l'hebdomadaire, un modèle de BMW dépasse de beaucoup les limites européennes d'émissions de gaz polluants.

patron Dans une Allemagne déstabilisée par le séisme Volkswagen, l'information, aussi maigre soit-elle et qui n'évoque aucune tricherie délibérée, a fait l'effet d'une bombe. BMW s'est empressé de démentir toute manipulation et a affirmé respecter les normes en vigueur "dans tous les pays".

Martin Winterkorn Cela n'empêchait pas l'action BMW de continuer à plonger en Bourse. Elle perdait 6,42% à 74,66 euros à 12H00 GMT à Francfort.

Le titre Volkswagen, qui a perdu un tiers de sa valeur depuis le début de la semaine - soit plus de 20 milliards d'euros de capitalisation boursière partis en fumée - faisait mieux (+2,42% à 114,20 euros), mais était redescendu de ses sommets de la matinée après l'annonce par Nordea, la plus grande banque nordique, de la mise à l'index des titres Volkswagen.

"Nous pensons que cette action ou ce manque d'action de la part de la direction est scandaleuse", a déclaré à l'AFP le responsable des investissements responsables de la banque, Sasja Beslik. Les gestionnaires de fonds du groupe ont interdiction d'acheter actions et obligations émises par Volkswagen pendant six mois.

- en Europe aussi -

Volkswagen veut pourtant prendre un nouveau départ, après la démission mercredi de son patron Martin Winterkorn. Il a toutefois affirmé ne rien avoir su du logiciel implanté sur 11 millions de voitures dans le monde, qui aidait à fausser les résultats des tests antipollution.

Entre temps, il est avéré que la manipulation concerne aussi des voitures commercialisées en Europe, a indiqué le ministre allemand des Transports.

Après M. Winterkorn, d'autres têtes vont tomber, a confirmé jeudi Olaf Lies, membre du conseil de surveillance. Le site d'information Spiegel ONLINE citait vendredi les noms d'un dirigeant de la marque Audi, l'une des 12 dans l'escarcelle de Volkswagen, du chef du développement de Volkswagen et d'un membre du directoire de Porsche, également une filiale du groupe.

Interrogé par l'AFP, Volkswagen ne faisait aucun commentaire concernant ces information.

L'organe de surveillance nommera vendredi un nouveau patron et se penchera, selon M. Lies, sur "toute la structure de Volkswagen".

Le patron des voitures sportives Porsche, Matthias Müller, 62 ans, est qualifié partout de "favori" pour succéder au patron sortant. Mais le transfuge de BMW Herbert Diess, placé à la tête de la marque Volkswagen pour sa réputation de "tueur de coûts", et le patron des luxueuses Audi, Rupert Stadler, ont aussi une carte à jouer.

Le nouveau chef devra gérer les conséquences commerciales et judiciaires de l'affaire.

Aux Etats-Unis, où elle a éclaté la semaine dernière, le constructeur fait déjà en quelques jours l'objet de 37 plaintes collectives - les fameuses "class-actions" - selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et la radio NDR.

En Espagne, la presse parle jeudi de 500.000 Seat équipées des moteurs VW truqués.

- mauvais sang -

Outre la gestion de la crise, le nouveau numéro un devra remettre à plat toute la stratégie d'un groupe énorme - 10 millions de voitures vendues en 2014, 202 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 590.000 de salariés - et géré jusqu'alors de manière très centralisée, avec un style managérial en forme de "reliquat de la veille économie allemande", selon les mots du Handelsblatt.

La Chine, fer de lance de la croissance du groupe, a vu ses ventes reculer de 5,8% depuis le début de l'année et l'allemand n'a jamais vraiment réalisé ses ambitions aux Etats-Unis. Sans compter l'absence de voiture à bas coût au sein du groupe et les retards sur l'électrique.

Sous les critiques, M. Winterkorn, qui entre retraite et indemnités de départ pourrait toucher jusqu'à 60 millions d'euros, prévoyait une grande réorganisation de Volkswagen pour décentraliser les décisions. Le chantier incombe désormais à un autre.

L'Allemagne se faisait du mauvais sang quant à sa réputation. "J'ai bien peur que toute l'industrie automobile en sorte endommagée", a déclaré jeudi Volker Kauder, député conservateur et proche de la chancelière, Angela Merkel.

En Italie le président d'UniCredit, Giuseppe Vita, grand connaisseur de l'Allemagne, a évoqué "un préjudice terrible à la réputation du secteur automobile, qui risque de s'étendre sur toute l'industrie" de la première économie européenne.


 

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