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"On n'attendait pas ça de Volkswagen": la TRICHERIE pourrait faire vaciller le géant de l'automobile

 
Volkswagen
 

Volkswagen a triché aux Etats-Unis sur les contrôles antipollution, une duperie qui va lui coûter très cher financièrement et en termes d'image, et à même de faire tomber de son piédestal le géant mondial de l'automobile.

Rien que lundi matin, ce sont 20 milliards d'euros de capitalisation boursière qui sont partis en fumée à la Bourse de Francfort. A 13H00 GMT, le titre de cette compagnie allemande plongeait de 18,10% à 132,20 euros, après avoir lâché plus de 20%. "Désastre", "choc", "débâcle" : les titres de la presse allemande lundi étaient à la mesure de la commotion suscitée par la révélation vendredi d'une manipulation du constructeur, fierté nationale et récemment couronné numéro un mondial des ventes.

L'affaire "va avoir pour le groupe des conséquences financières considérables, qui ne sont pas encore calculables", estime le spécialiste automobile Ferdinand Dudenhöffer, interrogé par l'AFP, "l'image et la crédibilité de Volkswagen dans le monde entier sont maintenant entamées".

D'après l'agence de notation financière Fitch, un abaissement immédiat de la note ("A") du géant allemand est peu probable mais sa notation pourrait être mise sous pression par une aggravation de la crise.


Un mécanisme interne de limitation des émissions de gaz polluants

Selon les autorités américaines, 482.000 véhicules des marques Volkswagen et Audi, fabriqués entre 2009 et 2015 et vendus aux Etats-Unis, ont été équipés d'un logiciel sophistiqué capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis par les autorités à un test de mesure de la pollution et d'alors enclencher -a priori à l'insu des conducteurs- un mécanisme interne de limitation des émissions de gaz polluants. Hors contrôles, les voitures contrevenaient aux normes environnementales.

"Tout le monde le fait sans doute, mais on attendait pas ça de VW !", s'indignait dans les allées du salon automobile de Francfort Karl-Heinz Lülsdorf, un retraité de 75 ans auquel Volkswagen jusqu'ici "inspirait confiance".


Des soupçons ailleurs

Le mastodonte allemand s'expose non seulement à des amendes pouvant se monter au total à 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros), mais aussi au coût - des millions, voire des milliards de dollars- des rappels de tous les véhicules concernés, et à de possibles poursuites judiciaires de la part de leurs propriétaires.

Et le scandale menace de faire des petits. "On se demande à présent si la manipulation n'a pas eu lieu non seulement aux Etats-Unis mais aussi sur d'autres marchés comme l'Europe", souligne Stefan Bratzel, directeur du centre allemand de recherche sur l'automobile CAM.

Berlin veut procéder à des vérifications auprès de tous les constructeurs, tandis que la Corée du Sud va contrôler les niveaux d'émission de polluants de trois modèles de Volkswagen, selon l'agence de presse Yonhap.


L'affaire survient au mauvais moment

Le ministère allemand de l'Environnement et le président de l'Etat régional de Basse-Saxe, actionnaire de Volkswagen, ont exhorté le constructeur à faire toute la lumière sur les responsabilités au sein du groupe tandis que le chef du comité d'entreprise de VW, Bernd Osterloh, a appelé à "tirer les conséquences" de cette affaire.

Un porte-parole du groupe a indiqué que celui-ci cessait jusqu'à nouvel ordre de commercialiser les modèles diesel quatre cylindres de ses marques VW et Audi aux Etats-Unis, confirmant des informations de presse.

Pour Volkswagen, l'affaire survient à un mauvais moment. Faute de produits adaptés à ce marché, friand de gros 4x4, la marque Volkswagen est à la peine depuis des années aux Etats-Unis. La technologie diesel devait lui permettre de se différencier pour gagner des parts de marché.


Questions sur le patron

Le constructeur va devenir "un paria pour le gouvernement et peut-être aussi pour les consommateurs américains", juge Max Warburton, analyste de Bernstein. M. Winterkorn, le patron de Volkswagen depuis 2007, a fait son mea culpa dimanche et promis de coopérer avec les autorités américaines. Mais sur cette affaire, il risque son poste.

Il doit théoriquement être prolongé à la tête du groupe pour deux ans, jusqu'à fin 2018, au cours d'une réunion du conseil de surveillance vendredi 25 septembre. Ce doit être la consécration pour cet homme de 68 ans après le duel en coulisses qui l'avait opposé au printemps à son ancien mentor et homme fort de Volkswagen, Ferdinand Piëch.


 

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