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Strasbourg: la salle de shoot fait un bilan "exemplaire"

Strasbourg: la salle de shoot fait un bilan "exemplaire"
Argos, la salle de shoot de Strasbourg, le 30 mars 2017SEBASTIEN BOZON
 
 

Un an après son inauguration, la salle de consommation de drogue à moindre risque (SCMR) de Strasbourg présente un bilan "tout à fait exemplaire" et constitue une "réussite en terme de tranquillité publique", s'est félicité vendredi son comité de pilotage.

Ouvert le 7 novembre 2016, l'établissement compte 391 personnes inscrites et entre 50 et 80 passages sont comptabilisés quotidiennement, selon les chiffres de l'association Ithaque, qui gère la salle.

"On a réussi à toucher la population qu'on cherchait à toucher", a souligné Alexandre Feltz, adjoint au maire de Strasbourg chargé de la Santé, à l'occasion du premier bilan d'activité.

La moitié des consommateurs de la SCMR sont en situation de grande précarité, parfois sans aucun contact avec des structures médicales, et cela augmente encore leur vulnérabilité face à la consommation de drogue. "Ce lieu leur convient car c'est un espace où les usagers se sentent bien et où ils peuvent préserver leur vie", estime Danièle Bader, directrice d’Ithaque.

Aucune overdose mortelle n'est survenue entre les murs du bâtiment, situé sur le site de l’hôpital civil de Strasbourg, et "seules 4 overdoses, sans séquelles" ont nécessité l'intervention des secours, précise aussi l'association.

La fréquentation de la salle a permis de réaliser 183 dépistages de maladies infectieuses (VIH, hépatites) qui ont abouti à la détection de 13 cas d'hépatite C et des centaines d'usagers ont été reçus pour des consultations avec les médecins et infirmiers d'Ithaque (écoute, soins, entretiens psychiatriques...).

"C'est également une réussite en terme de tranquillité publique, car la police nous a confié que la salle de consommation n'avait amené aucune difficulté", s'est également félicité M. Feltz.

La création de cette structure n'a pas suscité de polémique, "même pas une lettre de plainte", relève l'élu. A Paris la 1ere SCMR française, ouverte en octobre 2016, s'est heurtée à l'opposition de riverains et d'une partie de la classe politique.

"Le bilan est tout à fait exemplaire", a estimé Nicolas Prisse, président de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). En cette journée mondiale de lutte contre le SIDA, un tel dispositif constitue "un outil innovant en faveur de la réduction des risques de contamination lié au VIH", a-t-il souligné.

La première SCMR a ouvert en 1986 en Suisse. Il existe aujourd'hui près d'une centaine de salles dans le monde.

En France, elles ont été rendues possible par la loi santé adoptée en décembre 2015. L'expérimentation doit durer six ans et pourrait voir d'autres villes s'intégrer au projet.


 

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