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En Italie, la question des vaccins obligatoires sème le trouble

En Italie, la question des vaccins obligatoires sème le trouble
 
 

La région Vénétie qui tient tête au gouvernement, l'Emilie-Romagne qui s'oppose à la Vénétie, des familles qui entrent en résistance... A quelques jours de la rentrée des classes, la question des vaccins obligatoires à l'école sème le trouble en Italie.

A l'origine de la controverse, un décret-loi gouvernemental voté fin juillet visant à rendre obligatoire dix vaccins (dont ceux contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite ou la rougeole) pour que les enfants soient autorisés à entrer en crèche ou à la maternelle.

Des amendes de 100 à 500 euros sont aussi prévues pour les parents qui ne se mettront pas en conformité avec loi.

Cette décision qui vise à lutter contre le faible taux de couverture vaccinale en Italie a suscité une fronde de la part d'un mouvement anti-vaccins (no vax), vent debout contre la caractère obligatoire de la vaccination.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe à 95% de la population le taux de couverture vaccinale nécessaire pour atteindre "le seuil d'immunité de groupe" pour une maladie. Un niveau que l'Italie n'atteint pas pour les principaux vaccins.

La péninsule connaît aussi une recrudescence de la rougeole avec 4.238 cas recensés depuis le début de l'année, dont trois mortels, 88% des cas concernant des personnes non vaccinées, selon le ministère de la Santé.

"Nous devons éviter de laisser ouverte une zone de risque pour les plus petits", a justifié la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin, à l'origine du décret-loi.

"C'est un sujet de sécurité, la petite enfance constituant une table rase sur le plan des défenses immunitaires, la rougeole continue d'avancer, les données sont alarmantes", a-t-elle expliqué.

Des arguments rejetés par les adversaires de la loi qui la juge "clairement illégitime, attentatoire à la liberté de choix thérapeutique et non motivé par une quelconque urgence épidémique".

Lors de plusieurs manifestations organisées durant l'été par un collectif national, ils ont manifesté dans les grandes villes du pays contre l'obligation vaccinale, dénonçant "une campagne médiatique honteuse venue soutenir les mensonges du gouvernement qui joue sur les peurs des gens".

- Moratoire -

Egalement opposée au texte, la région de Vénétie -depuis longtemps agitée par des poussées autonomistes- est entrée en résistance en déposant, dans la foulée de son adoption, un recours contre le décret Lorenzin devant la cour constitutionnelle.

Une bataille lancée "non pas contre les vaccins mais contre leur caractère obligatoire", tient à préciser le président de la région, Luca Zaia, qui conteste au gouvernement le fait de "réglementer les modalités de vaccinations" de ses administrés.

"Nous sommes persuadés que la coercition et cette forme d'obligation susciteront encore plus d'abandon de la vaccination", argumente-t-il, plaidant pour le modèle concerté avec les familles, en vigueur dans sa région.

En attendant la décision de la cour constitutionnelle, la Vénétie vient d'adopter un moratoire de deux ans sur la loi, reportant son éventuelle application à l'année scolaire 2019-2020.

Une mesure à laquelle la ministre de la Santé a aussitôt répliqué en annonçant, mardi, que ses services n'excluaient aucune "action relevant de sa compétence" pour protéger la santé des habitants de la Vénétie.

"La Vénétie se trouve sur le territoire italien et se doit de respecter les lois", a-t-elle déclaré.

La Vénétie organisera le 22 octobre, avec la Lombardie, un référendum à valeur consultative sur une plus grande autonomie de son territoire par rapport au gouvernement de Rome.

Dans son bras de fer, Mme Lorenzin sait qu'elle pourra compter sur le soutien de l'Emilie-Romagne, région voisine de la Vénétie, qui a décidé elle aussi de se mêler au combat.

"Les maladies ne s'arrêtent certainement pas aux frontières des régions", a fait valoir son conseiller régional en charge des politiques de santé, Sergio Venturi.

"Nous sommes dans le théâtre de l'absurde", a-t-il lancé en évoquant le moratoire de deux ans adopté par la Vénétie.


 

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