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Dans l'ombre du volcan à Bali, ils risquent leur vie

 
 

Des villageois vivant à Bali près du volcan qui crache des colonnes de cendres dans l'atmosphère risquent leur vie autant que les touristes étrangers pénétrant dans la zone interdite.

Ce ne sont pourtant pas les avertissements qui manquent aux abords du périmètre de sécurité de 10 kilomètres autour du mont Agung: "Danger. Zone volcanique. Défense d'entrer", peut-on lire sur des panneaux à Karangasem, district le plus proche du volcan dont l'activité sismique fait craindre une éruption à tout moment.

Mais pour Wayan Kompyang, un père de neuf enfants, peu importe: "Je continue de revenir au village pour voir mes poulets et les nourrir", confie-t-il à l'AFP à Pring Sari, un village situé à moins de huit km du cratère.

Il élève ses volailles non pas pour les vendre mais pour les utiliser dans des Sabung, combats de coq traditionnels qui font l'objet de paris, une source de revenus pour cet homme de 45 ans.

"Il faut que je m'occupe d'eux pour qu'ils restent en bonne santé et prêts à se battre une fois que la situation se calmera", dit Wayan, dont les proches sont hébergés dans l'un des nombreux centres d'évacuation loin du volcan.

Au moins 100.000 habitants doivent évacuer leurs logements, ont fait savoir les autorités locales, qui n'hésitent pas à contraindre les éventuels récalcitrants.

Autre problème pour les autorités, les "chasseurs d'éruption" qui pénètrent en douce dans la zone interdite pour s'approcher au plus près du mont Agung.

"Nous voulons simplement voir ça", a confié à l'AFP Anna Mangler, une touriste française sur un cyclomoteur avec son compagnon allemand.

"Nous sommes ici en vacances, alors pourquoi pas ? Bien sûr que c'est effrayant, mais ça va être bon", dit-elle.

- 'Vraiment dangereux' -

Le porte-parole de l'agence de gestion des catastrophes naturelles, Sutopo Purwo Nugroho, appelle les récalcitrants à reconsidérer leur choix en raison du danger.

"Nous demandons aux touristes étrangers pénétrant sans autorisation dans la zone interdite de rester en dehors. Des pierres sont tombées jusqu'à quatre kilomètres du cratère, donc c'est vraiment dangereux. Ne défiez pas la nature", prévient M. Nugroho.

Culminant à un peu plus de 3.000 mètres et situé à environ 75 kilomètres des principales destinations touristiques de Kuta et Seminyak, le mont Agung est aussi un important lieu spirituel pour de nombreux Balinais, une population à majorité hindoue, ce qui complique aussi la tâche des autorités.

"Je reconnais que nous avons du mal à évacuer des gens. Certains pensent que l'éruption du mont Agung est un événement spirituel et ils veulent remettre leur destin et leur sécurité entre les mains de Dieu", observe M. Nugroho.

De plus, "il y a aussi des personnes âgées qui se sont abandonnées complètement à la nature et refusent de partir", ajoute-t-il.

"Je ne veux pas être évacué, pourquoi devrais-je?", lance Jero Mangku, un prédicateur hindou octogénaire, témoin de la précédente éruption du volcan en 1963, qui avait fait plus de 1.600 morts.

"Je vais rester ici, et si le volcan entre vraiment en éruption, je courrai", dit-il.


 

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