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L'art contemporain indien a la cote

L'art contemporain indien a la cote
Des Indiens marchent au coeur d'une exposition artistique à Bangalore, le 15 janvier 2017MANJUNATH KIRAN
 
 

S'il est encore loin des cimes chinoises ou occidentales, le marché de l'art contemporain indien connaît une vigueur inédite, avec des enchères toujours plus élevées et un intérêt grandissant à l'étranger.

Enrichis par la croissance économique du géant démographique d'Asie du Sud, les nouveaux magnats indiens permettent à des œuvres d'artistes comme Vasudeo Gaitonde (1924-2001) d'atteindre des prix records.

Mais cet engouement ne se cantonne pas aux salles d'enchères.

Deux célèbres établissements parisiens, le musée Guimet et le centre Pompidou, exposent actuellement chacun une artiste indienne, jusqu'à janvier. Quant à l'Asia Society de New York, elle prépare une grande exposition d'artistes contemporains indiens pour l'année prochaine.

S'élevant à 44 millions de dollars en 2011, les ventes d'art indien ont rapporté 95 millions de dollars l'année dernière, selon le cabinet Artery India, les ventes battant record sur record dans cette niche.

"Il y a énormément d'intérêt nouveau qui afflue, d'endroits inattendus. Il y a de nouveaux acheteurs des États-Unis et d'autres parties du monde", déclare Hugo Weihe, directeur de la maison d'enchères Saffronart basée à Bombay.

Les marchés connaissent déjà une pénurie d'œuvres de premier plan comme celles du reclus Gaitonde, dont une toile abstraite de 1995 s'est arrachée à 4,4 millions de dollars en décembre 2015, record mondial pour une œuvre indienne.

Cette vente est survenue quelques mois après une rétrospective de l'artiste au musée Guggenheim de New York, considérée par les experts comme "un moment charnière" pour l'art indien.

Cette exposition a démontré que Gaitonde "n'avait rien à envier aux meilleurs artistes abstraits du monde entier", estime M. Weihe. Un canevas bleu de l'artiste s'est récemment vendu 3,1 millions de dollars à New Delhi.

Cette vogue de l'art contemporain indien est comme une renaissance, après un décollage au milieu des années 1990, puis un nouvel élan autour de 2005 brisé par la crise financière qui a touché la planète.

D'autres artistes modernes comme M.F. Husain et Francis Newton Souza, membres du groupe avant-gardiste Bombay Progressive Artists dans les années 1950, ont également leur cote au plus haut.

- Rareté -

Parmi les collectionneurs d'art indien, on trouve notamment de prestigieuses institutions comme le musée d'art moderne de New York et le musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg.

Mais le marché est aussi tiré par des collectionneurs locaux, de plus en plus d'Indiens ayant les moyens de s'offrir ce luxe.

"Il y a une nette multiplication de collectionneurs émergents, tous âgés de moins de 40 ans, ouverts sur le monde et voyageurs, qui sont issus de la finance, des nouvelles technologies ou de l'industrie", décrit Arvind Vijaymohan, président d'Artery India.

Parmi les noms les plus prestigieux du milieu figurent Nita Ambani, épouse de l'homme le plus riche d'Inde Mukesh Ambani, ou Kiran Nadar, femme du fondateur de l'entreprise HCL Technologies, qui a ouvert sa propre fondation à New Delhi.

"Les modernes se portent si bien. Les progressistes comme Husain, Souza, S.H. Raza, ont passé l'épreuve du temps et font leur retour", explique cette dernière à l'AFP.

Malgré l'intérêt grandissant des milliardaires indiens pour l'art, ceux-ci sont encore bien loin de leurs homologues chinois.

"Je ne sais pas si nous rattraperons la Chine, mais clairement nous allons monter, car les prix sont encore bien inférieurs à ceux dans d'autres catégories (du marché). L'art indien va monter et s'apprécier", estime Mme Nadar.

Alors que de plus en plus de musées intègrent des œuvres indiennes à leurs collections, leur retrait du circuit des enchères devrait faire gonfler les prix des peintures encore en circulation.

"Il n'y a pas énormément de contenu disponible en matière de grandes œuvres modernistes", jauge Hugo Weihe, "cela va créer de la rareté".


 

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