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Johnny et ses fans, c'était toute une histoire

 
 

Comme en témoignent les nombreuses réactions émouvantes de fans depuis la mort de leur idole, Johnny Hallyday avait construit au fil des ans avec ses admirateurs une relation très particulière, faite de passion et d'une réelle proximité.

Lors de ses tournées marathon, le spectacle était évidemment toujours au rendez-vous sur scène. Mais également dans et devant les salles, avec ces fans habillés avec leurs plus beaux t-shirts, arrivés des heures en avance, parfois de loin, pour avoir une chance de s'approcher au plus près de la star.

Sans hésiter, quelques-uns d'entre eux, avec drapeaux et tatouages visibles, se sont encore précipités à Marnes-la-Coquette dès l'annonce de la mort du chanteur mercredi matin comme Grégory Lebas, trentenaire ému comme s'il avait perdu "quelqu'un de (sa) famille".

Cette relation fusionnelle a parfois été moquée avec ces sosies et ces messages d'amour à n'en plus finir sur les réseaux sociaux, mais elle était unique dans le paysage musical français. Vincent Delerm l'avait joliment résumée dans une chanson écrite pour Johnny Hallyday et chantée par la star sur son 50e et dernier album paru de son vivant, fin 2015.

"Les échangeurs, le trajet/Le péage, la Ford Escort/La poche arrière, le billet/Quinze heures, ouverture des portes": ce titre baptisé "Une vie à l'envers" met en scène un Johnny racontant avec un peu d'étonnement et de regret la vie de ses fans, si éloignée de la sienne.

- "Une grande générosité" -

"Ton tatouage sur l'avant-bras/Ce prénom je le connais/Pourtant je ne m'y habitue pas/Je ne m'y ferai jamais", chante-t-il aussi dans ce blues.

"Plus jeune, j'avais pas mal de potes dont les parents étaient très fans de Johnny, expliquait à l'AFP Vincent Delerm. C'est quand même un personnage qui influe vraiment sur la vie de ses fans: ils peuvent mettre des posters, certains essaient de lui ressembler... Pour moi, il n'y a pas d'autres personnes en France qui suscitent ça et cet aspect-là m'a toujours interrogé".

"On ne peut pas parler de Johnny sans parler de ses concerts. S'il y avait autant de fans, de gens qui allaient le voir, c'est parce qu'il était d'une grande générosité. Et personne ne lui arrivait à la cheville sur scène", témoignait mercredi le chanteur Miossec, qui lui a écrit plusieurs chansons.

Le journaliste musical Philippe Manoeuvre avait pu mesurer l'attachement des fans à leur idole à l'occasion d'une tournée de Johnny aux Etats-Unis en 2014, tournée dont le succès est resté globalement une histoire française.

- "Je ne sais pas comment ils font" -

Ses fans avaient traversé l'Atlantique pour suivre plusieurs voire tous ses concerts américains "car c'était l'occasion pour eux de voir Johnny dans des salles moins grandes", expliquait Manoeuvre.

"Désormais, trois générations de fans suivent Johnny. Il y a ceux qui étaient là au début en 1960 et on en voit des nouveaux, qui ont 30 ou 35 ans", selon le journaliste qui avait fait le récit de cette tournée dans "La Terre promise" (Fayard).

Jean-Michel Laurent, 62 ans, est l'un de ces inconditionnels de Johnny, qu'il "suit" depuis "plus de 40 ans". "Il ne faut pas me parler d'autres chanteurs. Il était vraiment proche de son public, il le faisait chanter. Il donnait beaucoup, à tous", indiquait jeudi à l'AFP cet habitant de Gimeaux dans le Puy-de-Dôme.

Cet attachement jamais démenti laissait Johnny lui-même parfois perplexe et admiratif: "J'ai énormément de respect et d'amour pour mes fans", confiait en 2015 celui qui, sur scène, dédiait parfois certaines chansons à des fans anonymes disparus.

"Sur 90 dates, il y a sans doute 60 dates où je vois les mêmes têtes devant. Je ne sais pas comment ils font... Ils doivent économiser toute l'année pour pouvoir suivre une tournée, ces gens me touchent", ajoutait le chanteur.

Un chanteur qui utilisait beaucoup les réseaux sociaux pour entretenir sa proximité avec ses fans, connus pour être aussi des grands consommateurs de produits estampillés "Johnny", des disques collector aux briquets en passant par les T-shirts. A l'image de Jean-Michel Laurent qui revendique "plusieurs centaines, peut-être bien des milliers" d'objets à l'effigie du chanteur dont une centaine de T-shirts.


 

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