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Dans la métropole lilloise, des pavillons Prouvé remis au goût du jour

 
 

Rapide et pas cher tout en répondant aux normes: en montant deux pavillons en métal inspirés du designer et architecte Jean Prouvé (1901-1984), le bailleur social Vilogia tente à Wasquehal, près de Roubaix (Nord), de répondre au besoin de construire des logements à prix attractif.

"On cherche à produire du logement pas cher, ce n'est pas simple dans la construction traditionnelle, avec les normes qui augmentent", explique à l'AFP Anne Francqueville, responsable du projet.

L'entreprise, qui dispose d'un patrimoine locatif de plus de 70.000 logements en France, a décidé de s'inspirer de Jean Prouvé, autodidacte de génie et l'un des plus grands architectes français du XXe.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les besoins sont colossaux après la destruction d'1,4 million de logements dans l'Hexagone. Prouvé, convaincu que l'on pouvait construire des logements comme des voitures, conçoit des prototypes de maisons individuelles préfabriquées, destinées à la production en série, susceptibles d'être montées par deux ou trois personnes en une journée.

Mais la demande est telle que les décideurs se tournent vers le béton et les grands ensembles. Seuls douze pavillons Prouvé, commandés par le ministère de la Reconstruction, sont construits, dix à Meudon et deux à Tourcoing, en 1952.

En 2012, Vilogia, propriétaire de ces deux biens, réhabilite entièrement l'un d'eux. "Quand on l'a démonté, on s'est dit, bon sang c'était une sacrée idée, pourquoi ne pas la remettre au goût du jour?", s'enthousiasme Patrick d'Hermy, chef de projet innovation chez Vilogia.

Lancé en 2016, le néo-pavillon a été d'abord assemblé dans un atelier, chaque élément, fait d'acier et de tôle pliée, étant montable, démontable et facilement industrialisable, avant d'être remonté depuis fin octobre sur un petit terrain à Wasquehal, au milieu de résidences. "Rien n'est en béton, même les pieux des fondations sont métalliques, vissés dans le sol avec des boulons", souligne M. D'Hermy.

- Des prix encore incertains -

Autour de la charpente, à peine trois ouvriers s'activent, "alors que d'habitude pour une maison il faut en tout une quinzaine de personnes", note Giovanni Gucciardo, chef de chantier. Légers, les composants se portent à main d'homme. "Il y a moins de charges à porter que sur les chantiers traditionnels et on a beaucoup moins d'outils", confie Danny, un ouvrier.

C'est tout cela qui lui donne l'avantage par rapport aux maisons montées avec des panneaux de bois.

Le plancher et la charpente de cette maison de 92 m2 "en kit" ont déjà été montés tandis que les fondations du second prototype, 120 m2 avec étage, viennent d'être creusées.

Mais il ne s'agit pas d'un copié-collé des pavillons de 1952. Et pour cause: les normes ont profondément évolué (accès des handicapés, chaleur, électricité...) alors que les maisons Prouvé étaient souvent considérées comme des "passoires thermiques".

"A l’époque, les isolants des cloisons faisaient 6 cm, nos parois font 20 cm à présent", explique M. D'Hermy. La maison de plain-pied pourrait être achevée à la mi-décembre (comme c'est un prototype, cela prend plus de temps) et proposée à la location au printemps 2018, tandis que la maison à étage devrait elle servir de maison-témoin.

Quel serait le loyer, ou le prix à la vente ? Tout dépendra du succès de la formule. "Ce sera le nombre qui fera le prix", explique Patrick D'Hermy.

Ce type de maison modulaire, baptisé "métropole", pourrait à terme répondre "à la hausse de demandes de petits logements en France avec la multiplication du nombre de ménages" âgés, explique Mme Francqueville.

"Le but de Jean Prouvé, proposer des maisons industrialisées de qualité à un prix abordable (...), est en train de devenir une réalité basée sur une inventivité constructive", estime Catherine Drouin-Prouvé, fille de l'architecte. Preuve de l'intérêt que suscite son père, une exposition lui est consacrée à Arles jusqu'au printemps 2018.


 

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