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Centenaire de la Grande Guerre: la propagande, jusque dans la chambre des enfants

Centenaire de la Grande Guerre: la propagande, jusque dans la chambre des enfants
Les bottes de personnes habillées en soldats de l'époque de la Première guerre mondiale, lors d'une cérémonie commémorative à Rethondes, dans l'Oise, le 11 novembre 2017FRANCOIS NASCIMBENI
 
 

"Il était une fois un petit soldat bien sage". Ainsi commençait pendant la Première Guerre mondiale un livre pour enfants, cibles parmi d'autres d'une propagande massive et totale, au cœur d'une exposition du musée de Cambrai (Nord) à l'occasion du centenaire de la bataille.

Dans le cadre des commémorations de la bataille de Cambrai, lors de laquelle ont péri 45.000 soldats britanniques et 55.000 allemands fin novembre 1917, le musée des beaux-arts explore à partir de jeudi et jusqu'au 11 février les mécanismes de la manipulation de l'opinion publique française et anglaise.

"C'est la première fois que la propagande est massive et totale. Tellement forte qu'elle envahit tous les pans de la vie quotidienne", résume Tiphaine Hébert, commissaire de l'exposition "La mobilisation des esprits: la propagande française pendant la Grande Guerre".

Cuisine, salle à manger, école, chambre des enfants, espace public, presse, photographie, cinéma, tout est traversé par l'évocation de la guerre, de la victoire et de la revanche.

"On parle des poilus, même dans les étiquettes de vins, de champagne", poursuit-elle, en montrant ici une boîte à chocolats en forme de grenade, là une statuette d'enfant soldat faisant office de vase à fleurs.

La plupart du mobilier exposé sur deux étages provient de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme).

Comme ce jeu de l'oie très populaire à l'époque, baptisé "Jusqu'au bout" sur fond de scènes et de personnages du conflit; ce livre racontant l'"histoire d'un brave petit soldat" ou encore ce catalogue de jouets montrant des poupées qui jaillissent d'un trou d'obus.

"Par l'enfant, l'opinion publique de demain, on voit comment on peut distiller toutes ces idées d'effort de guerre, de patriotisme", explique Mme Hébert. Les faits, ce n'est pas ce qui compte. C'est la morale à en tirer".

"Que tous vos actes soient imprégnés de cette noblesse de sentiment qui a fait de tout temps la grandeur de notre chère patrie", édifiait l'un de ces livres.

Les affiches publicitaire exploitaient également le conflit, pour vendre par exemple du bouillon en invoquant une cantinière tuant l'aigle allemand.

"Dans la rue, la propagande de masse de l'Etat appelait à souscrire à l'emprunt national, ou à se plier aux restrictions", poursuit Tiphaine Hébert. "En Angleterre aussi, il faut que les civils soutiennent la production".

L'exposition s'arrête également sur la censure, du courrier des soldats et de la presse, à l'image des pages caviardées du périodique satirique "Le Crapouillot".

"On ne montrait pas les combats, ou très peu. Le cinéma, tout jeune, et la photographie vont montrer une guerre propre", souligne la responsable des collections.

Un espace est aussi consacré aux tableaux "édulcorés" de peintre missionnés par l'armée.

Outre l'exposition, la Ville inaugurera samedi en présence du ministre britannique des Armées Mark Lancaster le "Cambrai Tank 1917", centre d'interprétation historique de la bataille de Cambrai, qui abrite le tank Deborah, le dernier de type Mark IV conservé en Europe.

Pour la première fois, des chars avaient été massivement engagés sur le champ de bataille, où est mort le grand-oncle de la reine Elizabeth II.

Un défilé en présence de 500 militaires britanniques, au côté de 100 français, aura lieu dimanche.


 

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