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"Battle of Sexes": la parité à coups de raquette

 
 

Il y a 44 ans, l'Américaine Billie Jean King remportait la "bataille des sexes" contre le "macho" Bobby Riggs. Plus qu'un match, c'était une victoire pour la parité qui a encore aujourd'hui une "résonance " selon Valerie Faris et Jonathan Dayton dont le film sort mercredi.

Les réalisateurs de "Little Miss Sunshine" narrent l'un des épisodes les plus marquants de l'histoire du tennis, sport à l'honneur sur grand écran ces temps-ci avec la sortie, début novembre, de "Borg-McEnroe".

Le Danois Janus Metz a mis en scène la rivalité des deux légendes, avec un intérêt marqué pour leurs émotions. Le couple de cinéastes américains s'est lui intéressé au tennis comme instrument de lutte pour l'égalité homme-femmes avec dans les rôles phare Emma Stone, crédible en King, et Steve Carell, qui incarne Riggs (décédé en 1995) avec un mimétisme bluffant.

Ce match exhibition, organisé le 20 septembre 1973 à Houston, devant plus de 30.000 personnes dans les gradins et quelque 90 millions de téléspectateurs estimés à travers le monde, fut un énorme coup de projecteur pour les joueuses qui réclamaient la parité des gains.

King est alors la figure de proue du mouvement de protestation. La N.1 mondiale a créé la Women tennis association (WTA) à la suite d'un conflit avec un directeur de tournoi qui ne proposait à ses participantes que 15% du montant des gains alloués aux messieurs.

- Show "à l'américaine" -

A 55 ans, Bobby Riggs est un tennisman à la retraite qui s'ennuie quand sa passion dévorante des jeux lui laisse du répit. Volontiers misogyne et provocateur, l'ancien N.1 mondial défie King.

"Aucune joueuse en activité ne pourrait jamais venir à bout d'un retraité" pérore-t-il. King refuse la proposition mais l'autre grande championne de l'époque, l'Australienne Margaret Court, accepte sans se douter de ce qui l'attend. Riggs l'emporte sèchement (6-2, 6-1) et baptise sa victoire "le massacre de la fête des mères". King veut à tout prix sauver l'honneur des femmes.

Simulacre d'entraînements avec une poêle ou déguisé en bergère, séance de photos nu... Riggs n'a pas lésiné sur les dingueries pour appâter le public. Le match est un immense show "à l'américaine", retransmis dans 37 pays avec un chèque de 100.000 dollars à la clé pour le vainqueur.

King arrive dans l'Astrodôme de Houston à la manière de Cléopâtre, sur un trône porté par des hommes en tenue d'esclaves. Son adversaire porte lui une veste siglée "Sugar Daddy" (NDLR: désigne un homme qui entretient une amante bien plus jeune que lui).

L'Américaine remporte la partie (6-4, 6-3, 6-3) que les réalisateurs ont retranscrite "comme à la télé". "Nous avons sélectionné les séquences les plus marquantes", insiste Faris.

- Match truqué ? -

Dans un soucis de réalisme, des conseillers ont épaulé les cinéastes: l'ex-joueur Vince Spadea et un ami de Riggs, Lornie Kuhle. Emma Stone, qui venait de terminer le tournage de "La La Land, "a travaillé pendant quatre mois avec un coach pour avoir un corps d'athlète", raconte Faris.

Carell a joué "quatre fois par semaine mais ne se trouvait jamais assez préparé pour le match", indique Dayton. Il a fallu aussi faire appel à des doublures. "Vous ne trouverez pas un acteur capable de recopier les gestes à l'identique. Seuls des joueurs professionnels le peuvent", explique Faris.

Le résultat, réussi, a été salué par King. Mais un aspect ou plutôt une rumeur - démentie par la joueuse - selon laquelle Riggs aurait fait exprès de perdre pour une histoire de dettes et de paris, n'a pas été abordée.

Dayton n'y croit pas: "Pourquoi aurait-il fait cela alors qu'une victoire lui aurait permis de jouer un autre match contre Chris Evert pour 1 million de dollars de gains?"


 

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