En ce moment
 
 

"Actrice": l'ode de Pascal Rambert au théâtre

"Actrice": l'ode de Pascal Rambert au théâtre
L'auteur de théâtre Pascal Rambert, le 28 avril 2013 à Paris lors d'une remise de prixFRANCOIS GUILLOT
 
 

Pascal Rambert, un des rares auteurs français de théâtre joués dans le monde entier, met en scène aux Bouffes du Nord "Actrice", un hommage enflammé au théâtre et aux comédiens.

La pièce créée en russe au Théâtre d'Art de Moscou en 2015 raconte les derniers jours d'une immense actrice, l'équivalent au théâtre d'une Maïa Plissetskaïa pour la danse.

Dans la version française, Pascal Rambert a conservé la saveur russe du spectacle: Eugenia (Marina Hands) est entourée dans son lit d'une multitude de vases de fleurs, ces fleurs qu'on offre aux acteurs sitôt les saluts terminés dans les théâtres de Russie. La scène est éclairée de grands néons, comme ceux qui baignent les kiosques des fleuristes dans la nuit de Moscou.

Dans la chambre de la malade, c'est un défilé de personnages hauts en couleur, du mari alcoolique qui récite un poème comme personne (Jakob Ohrman) à la sœur éternellement en colère contre elle-même et le monde (Audrey Bonnet) en passant par toute une galerie d'acteurs amis de la grande Eugenia.

Tout ce petit monde s'embrasse, s'engueule, chante et vocifère tandis que la mort rôde autour de l'actrice, à laquelle Marina Hands prête une innocence magnifique.

Derrière les personnages, la pièce raconte aussi la désillusion d'un peuple malmené par l'histoire, ou trop de morts et de brimades ont créé des "lacs de larmes".

Une belle histoire, donc, mais alourdie à l'excès par les réflexions de Pascal Rambert sur le théâtre. Car l'auteur glisse ça et là ses pensées sur son art, qui finissent par plomber le déroulé de la pièce. Ainsi apprend-on que "une actrice c'est un imaginaire dans un corps qui dit la condition humaine", ou encore que "nous sommes des êtres inachevés, opaques, des trous que l'acteur doit montrer".

La pièce s'achève sur une profession de foi répétée plusieurs fois comme un mantra ("si comme nous, vous croyez que l'art du théâtre est le lieu de la représentation de la vérité etc...").

Certes, mais ne vaudrait-il pas mieux laisser le jeu, l'histoire, exprimer tout cela sans le dire de manière si appuyée? Cela éviterait à cette belle création chorale (une quinzaine de personnages en scène) de s'enliser dans la démonstration.


 

Vos commentaires