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Participe-t-on à la traite d'êtres humains en créant un centre pour migrants en transit à Bruxelles?

 
 

Ce matin dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche, chroniqueurs et invités ont évoqué la construction d'un bâtiment pour accueillir les migrants en transit du Parc Maximilien à Bruxelles.

Les migrants en transit du Parc Maximilien auront désormais un abri. Cette fois, c’est la ville de Bruxelles qui prend ses responsabilités, dit-elle elle-même. Le bâtiment ouvrira du 1er novembre au 30 avril. Il se situe dans le complexe Blue Star à Haren, pas très loin du magasin Décathlon.

Pour la N-VA, cela reste une mauvaise idée: ils craignent un “appel d’air”. A Bruxelles, c’est pourtant une large majorité qui a approuvé la création de cet abri pour les migrants qui espèrent rejoindre l’Angleterre. Même le Mouvement Réformateur et l’Open VLD ont voté pour la mise à disposition de cette infrastructure, même s’ils sont alliés à la N-VA au fédéral.


"On légalise l’illégalité"

Sur le plateau de l'émission "C’est pas tous les jours dimanche", les chroniqueurs et invités ont commenté la construction de ce centre pour des personnes qui souvent ne sont qu’en transit à Bruxelles, et n’ont donc pas demandé l’asile en Belgique.

"Ce qui me dérange ici, c’est qu’on légalise l’illégalité", explique la chroniqueuse Emmanuelle Praet. "L’aspect humain, je le comprends évidemment, n’importe qui a droit à un toit, mais les procédures sont là. La démocratie, c’est ça chez nous, la loi c’est ça, la personne qui arrive chez nous a le choix de demander l’asile, après il reçoit ou non le statut de réfugié, ou la protection judiciaire. Ici, la personne reste dans l’illégalité, et on lui offre un toit. Est-ce que l’étape d’après, puisqu’on sait finalement que ces personnes ne veulent pas rester en Belgique, elles veulent partir vers l’Angleterre, ce serait éventuellement de les aider à quitter la Belgique ? Et à ce moment-là, est-ce qu’on n’aide pas les migrants à vraiment transiter, est-ce que quelque part on ne participe pas – le mot est sans doute fort – à cette traite d’êtres humains ? Et que risquent les gens ? Je sais qu’il y a eu une vague de perquisitions parmi les gens qui travaillent pour le parc Maximilien, avec des inculpations. Que risquent ces gens qui aident des migrants qui sont quelque part illégaux ?", commente-t-elle.


"Ce qui fait que la traite des êtres humains fonctionne, c’est la politique qui est menée actuellement"

Pour Pierre Verberen, de Médecins du Monde, ce qui construit la traite des êtres humains, c’est la prohibition. "C’est justement le fait qu’on les mette dans des situations qui sont intenables, et donc ça fait proliférer ceux qui peuvent toucher de l’argent sur ces situations intenables. Donc ce n’est pas le fait qu’on les prenne en charge qui fait en sorte que les personnes sont obligées d’avoir recours à un passeur, qu’ils payent bien cher. Ce qui fait que la traite des êtres humains fonctionne, c’est la politique qui est menée actuellement, c’est-à-dire la politique restrictive".

Pierre Verberen estime que si les personnes ne demandent pas l’asile, c’est parce qu’on les décourage à le faire: "Ce que nous voyons concrètement sur le terrain, et c’est là que je pense que c’est vraiment important de casser les ailes de ce canard, c’est que les personnes ne demandent pas l’asile, pourquoi, parce qu’elles reçoivent des messages en permanence comme quoi elles ne sont pas les bienvenues. Si on vous dit en permanence, vous n’êtes pas le bienvenu ici, est-ce que vous frappez à ma porte ?"


"Cachez ce réfugié que je ne saurais voir"

Pour Alain Raviart, ne pas prendre en charge les personnes en transit chez nous, c’est un peu "Cachez ce réfugié que je ne saurais voir": "Je préfère qu’il y ait un centre où ils sont évidemment accueillis, que ce soit des illégaux ou pas, à un moment, il y a un accueil de dignité humaine. Et puis surtout, ce qui se passe, c’est que c’est plus rassurant de pouvoir gérer ces personnes-là plutôt que de les voir disséminées dans la ville et de créer des tensions dans certains quartiers. Et puis, ce qui est embêtant pour le gouvernement fédéral, et pour Theo Francken, et on peut le comprendre, c’est qu’ils mènent une politique qui est très dure, et voir ce centre, c’est une image, qui par rapport à sa communication, est en pleine confrontation, et donc, pour lui, c’est évidemment très dur de se dire qu’à un moment, il y aura les images, et que Theo Francken va devoir se justifier aussi de cela". 


 

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