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Furieux, un pompier bruxellois dénonce un nouveau scandale sur RTL (vidéo)

  • Un délégué syndical des pompiers bruxellois dénonce un nouveau scandale

  • Un pompier bruxellois dénonce un nouveau scandale sur RTL

 
 
 

Après le Samusocial, qui a fait vaciller l'ex-bourgmestre socialiste Yvan Mayeur et sa comparse du CPAS et du Samusocial Pascale Peraïta, un nouveau scandale est en passe d'émerger à Bruxelles. Cette fois, il frappe le SIAMU, c'est-à-dire le service de secours bruxellois. Alors que la Cour des comptes a constaté de "graves illégalités" dans ses comptes, un pompier a dénoncé ce dimanche sur RTL-TVI la mauvaise gestion qui règne, selon lui, au SIAMU.

Eric Labourdette est le président du secteur Zones de Secours du SLFP, le Syndicat Libre de la Fonction Publique. Il était l'invité de l'émission C'est pas tous les jours dimanche. S'il est venu sur le plateau de RTL-TVI, c'est pour dénoncer la mauvaise gestion que lui et ses collègues constatent au quotidien. Documents à l'appui, il expose le dernier dysfonctionnement dont il a été témoin.

Le personnel du SIAMU en a marre de se taire!

"Les scandales ne sont pas prêts de s'étouffer au SIAMU! Malgré toutes les mesures qui ont été annoncées par madame la secrétaire d'Etat au parlement ce vendredi (NDLR: Cécile Jodogne, du parti DéFI, ex-FDF). Elle a dit qu'on a pris des mesures, que plus jamais ça n'arrivera, qu'il y a des contrôles avec des gens engagés pour… Et moi je trouve une note autorisant, c'est à tomber par terre, le remboursement de vêtements à hauteur de 1.000 euros par an, 1.000 euros alors que les pompiers ont 400 euros par an! Et ça pour 5 membres du personnel administratif qui sont en contact avec le public", dénonce Eric Labourdette, qui a présenté une image d'un des vêtements remboursés.
 
"Voilà des vêtements pour travailler derrière un bureau, d'une boutique de luxe de l'avenue Louise, 300 euros la veste… pour être derrière un bureau alors que nos casernes sont quand même chauffées, je ne comprends pas l'utilité", s'insurge le délégué syndical. "On achète des parfums, et j'ai les preuves, on peut y aller, des parfums, des bracelets et du rouge à lèvre chez Kruidvat", précise-t-il. "Le personnel du SIAMU en a marre, on en a marre de se taire!", ajoute Eric Labourdette, furieux.

Le personnel d'accueil est souvent le premier contact visuel auquel le visiteur est confronté

Pour être plus précis, RTL s'est procuré les documents relatifs à ces remboursements. L'un d'eux, daté de ce 5 décembre et signé par le directeur général faisant fonction du SIAMU, M. Thierry Mercken, stipule les raisons de ce remboursement et la procédure mise en place. "Ce personnel (NDLR: le personnel d'accueil) est souvent le premier contact visuel auquel le visiteur extérieur est confronté. L'intervention du SIAMU se justifie donc en raison de la première image de l'institution que ce personnel véhicule lors de ce premier contact. Le mécanisme proposé consiste à fournir aux membres du personnel du service "Poste Accueil" une masse d'habillement permettant une intervention du SIAMU dans les frais d'habillement de ce personnel qui représente le SIAMU".

"Chaque membre du personnel du service "Poste Accueil" bénéficie, à concurrence de cinq cent euros attribuées semestriellement, et pour la première fois pour la période du 1er juillet au 31 décembre 2017, d'une intervention du SIAMU pour ses dépenses d'habillement (...) La direction générale peut imposer toutefois une ligne vestimentaire que l'agent devra suivre", indique encore le document.

Chaque semestre, les cinq agents bénéficiaires peuvent donc introduire, à concurrence de 500 euros maximum, des demandes de remboursement de leurs frais d'habillement et d'accessoires d'habillement. Les demandes doivent être introduites via une déclaration de créance, accompagnées des factures ou tickets de caisse, et avec une déclaration sur l'honneur dans laquelle les agents déclarent que les habillements et accessoires concernés ont été acquis pour l'exercice de leurs fonctions au sein du SIAMU.




Des t-shirts de tailles différentes sur un ticket de caisse...

Nous avons également pu consulter les tickets de caisse et les factures fournis par les agents qui se sont fait rembourser des achats. Les tickets proviennent de marques différentes: Hugo Boss, Massimo Dutti ou Superdry pour les vêtements les plus chers, Primark, Zara ou Kruidvat pour les montants moins élevés. Ce qui choque Eric Labourdette, ce sont certains remboursements: 289,95€ pour une doudoune de marque Superdry. Pourtant, le document que nous vous présentons ci-dessus stipule que les remboursements sont accordés car le personnel d'accueil est la première image donnée aux visiteurs. On imagine cependant mal le personnel d'accueil travailler avec de gros manteaux d'hiver dans les bureaux...

Le représentant syndical invité sur le plateau de RTL-TVI souligne aussi les achats d'accessoires, tels que du parfum ou du rouge à lèvre. Si ces remboursements peuvent choquer, ils rentrent bien dans les règles édictées. Celles-ci indiquent que les accessoires peuvent aussi être remboursés.

Enfin, en analysant plus précisément les tickets de caisse, on voit apparaître des incohérences. Sur un ticket de la marque KIABI, un agent indique avoir acheté divers vêtements: un t-shirt gris de taille XL, une blouse noire de taille M, un t-shirt gris de taille M, un t-shirt de taille XL et un pull noir de taille L. La même personne affirme donc porter des vêtements d'une même marque qui vont de la taille M à la taille XL.

 

Les pompiers ont droit à 400€ par an pour leurs uniformes

Si la volonté d'améliorer l'image du SIAMU, le Service d'incendie et d'aide médicale urgente de la région de Bruxelles-Capitale, à travers son personnel d'accueil peut être justifié, le montant annuel de 1.000€ par personne pose question. Surtout lorsqu'il est comparé à la somme octroyée à un pompier pour ses vêtements d'intervention: 400€ par an. 400€ pour payer les t-shirts, pantalons, pulls et chaussures que portent tout au long de l'année les pompiers bruxellois quand ils sont à la caserne. Ces 400€ ne doivent cependant pas couvrir les casques et les vêtements de protection qu'ils portent durant leurs interventions.

Cette décision de rembourser des achats vestimentaires à hauteur de 1.000€ gêne d'autant plus qu'elle intervient juste après un rapport accablant de la Cour des comptes sur la façon dont le SIAMU est géré, comme vous pouvez le lire ci-dessous.


Retour sur les précédentes polémiques qui ont touché le SIAMU

Mais faisons un bref retour dans le temps. Le 25 novembre, nous avions réalisé un reportage au sein d'une caserne de pompiers bruxelloise. Les hommes et femmes du feu déploraient alors le manque de vêtements d'intervention. En cause: la société chargée de nettoyer leurs uniformes a stoppé ses services car elle n'était plus payée. Une situation qui obligeait les pompiers à laver eux-mêmes leurs vêtements d'intervention contaminés, alors que cela est normalement interdit.

Autre étape dans ce flashback: il y a 10 jours, au début du mois de décembre, un projet de rapport de la Cour des comptes révélait la présence d'irrégularités dans la gestion. En juillet, l'institution a bouclé un vaste audit sur la gestion des marchés publics au sein du Service de l'Incendie et de l'Aide Médicale Urgente (SIAMU) de la Ré­gion de Bruxelles­-Capitale, qui compte près de 1.000 pompiers, de 200 agents administratifs, couvre 24 communes et pèse 80 millions d'euros de budget annuel. Le projet de rapport fait état de dysfonctionnements dans l'organe dirigé par Thierry Mercken (étiqueté PS). L'audit porte sur la période de 2012 à 2015. Il s'est attardé sur un échantillon de 138 marchés portant sur 9,2 millions d'euros.

"Une absence de concurrence a été relevée dans la passation de 60 marchés sur les 138 examinés, sans aucune justification valable pour 50 d'entre eux", relate le rapport qui évoque notamment le recours au morcellement de marchés d'une certaine taille en plusieurs achats séparés pour descendre sous le seuil à partir duquel une mise en concurrence s'impose. Celui-ci pointe en outre que ce ne sont pas les agents administratifs qui gèrent les dossiers très sensibles des marchés publics, mais bien la partie opérationnelle du SIAMU (les pompiers) qui doit se débrouiller seule. Il relève aussi l'absence de contrôle du respect de la réglementation par les gestionnaires des marchés qui sont isolés. Toute la qualité de la procédure de passation des marchés publics pèse sur leurs seules épaules, et cela "engendre une augmentation du risque de fraude". Par ailleurs, la Cour des comptes a détecté certains achats du SIAMU "effectués en dehors de toute procédure formalisée de marché public", comme du carburant pour 1,36 million d'euros auprès d'un même fournisseur.

Face à ces irrégularités, la secrétaire d'État en charge du Service de l'Aide médicale urgente (SIAMU) Cécile Jodogne (DéFI) a dit ne pas les démentir. Pour Mme Jodogne, la sécurité des habitants n'a jamais été menacée. Selon la secrétaire d'État, la réforme en profondeur du SIAMU entrera en vigueur début 2018. Elle permettra d'apporter, entre autres, une meilleure répartition des responsabilités et un contrôle accru des dossiers financiers. La structure bicéphale actuelle du SIAMU étant complexe et source de conflits, elle sera simplifiée et rationalisée afin d'améliorer le fonctionnement du service d'incendie, en ce compris dans son volet administratif. Les dossiers administratifs seront remis entre les mains des fonctionnaires administratifs et non plus entre les mains des opérationnels (les pompiers). Le recrutement pour la nouvelle direction du SIAMU est en cours, a souligné la secrétaire d'État.


 

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