Le vice-premier ministre fédéral Open VLD Alexander De Croo vient de sommer la Wallonie d’arrêter ses livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite. Elles serviraient à mener une guerre meurtrière au Yémen et à affamer la population locale. Le gouvernement wallon a répondu non. C'était l'un des thèmes traités dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche, présentée par Christophe Deborsu.
"Ce que le gouvernement wallon dit aujourd’hui, c’est que finalement, on préfère que les enfants soient tués avec les armes belges, plutôt que d’être tués avec des armes allemandes ou françaises. Ça ne va pas", a-t-il notamment déclaré au micro de RTLINFO.
Pour le chroniqueur Michel Henrion, si la fabrique nationale d’armes était en Flandre, on n’en parlerait pas: "Ça n’a peut-être rien de formidable de vendre des armes, mais moi, ce que je trouve extrêmement peu glorieux, c’est l’instrumentalisation que monsieur De Croo a fait de ça en agitant les enfants à des fins totalement communautaires. […] Ce qu’il faut rappeler, c’est qu’il n’y a plus d’armes belges, il n’y a plus que des armes wallonnes ou flamandes, parce que la régionalisation du secteur, elle a été faite pour apporter de la sérénité, parce qu’il y a trois gouvernements qui au fil de l’histoire sont tombés sur ce problème des armes, et l’Open VLD à l’époque avait totalement soutenu la régionalisation, donc c’est très clair, monsieur De Croo n’a plus rien à voir dans les licences que la Wallonie décide d’accorder ou de ne pas accorder".
Il ajoute : « Je me méfie des belles âmes qui sont tellement sur le chemin du bien, que finalement ça ne les dérange pas le droit au travail de dizaines de milliers de travailleurs en Wallonie, c’est ça le fond du problème. C’est une industrie vitale pour la Wallonie que vous voulez tuer depuis des dizaines d’années ». A noter que le secteur de l’armement représenterait entre 10.000 et 15.000 emplois dans la région.
Pour Tim Vandeput, député-bourgmestre de Hoeilaart – Open VLD, c’est avant tout un appel pour des raisons humanitaires. "Il se fait le porte-parole de plusieurs ONG qui sont là au Yémen sur le terrain, qui voient des convois humanitaires attaqués et interceptés par l’Arabie Saoudite". "C’est la Wallonie qui déstabilise le Moyen-Orient, tant qu’on y est ?", demande Michel Henrion. Le député-bourgmestre Open-VLD répond: "Il n’a pas dit ça, c’est votre conclusion, c’est très étroit ce que vous dites ici".
Est-ce que des armes wallonnes servent à affamer la population du Yémen, comme Alexander De Croo l’a affirmé ? Christophe Deborsu a posé la question à Didier Leroy, expert en géopolitique et Professeur d’Histoire à l’Ecole Royale Militaire, qui précise être spécialiste de la région, et non de l’armement belge qui y arrive: "A ma connaissance, je pense que les armes belges sont surtout des armes automatiques, voire des armes de poing, qui comme cela a déjà été dit, ont plus leur place au sein des forces terrestres sur le territoire saoudien et qui lutte donc notamment pour la sécurité nationale contre des menaces notamment du type Daech. La campagne essentiellement aérienne qui se déroule au Yémen est probablement plus l’objet d’un débat que les Américains ou les Britanniques pourraient se poser". Pour lui, cette question n’est pas centrale en Belgique.
Vos commentaires