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USA: Les perspectives du diesel assombries par le scandale VW

USA: Les perspectives du diesel assombries par le scandale VW
Les prix du diesel et de l'essence affichés à l'entrée d'une station-service en Grande-Bretagne, le 8 janvier 2016PAUL ELLIS
 
 

Les voitures diesel n'ont jamais été populaires aux Etats-Unis et les espoirs de voir cette technologie se développer semblent douchés par le scandale qui touche le constructeur allemand Volkswagen.

Le diesel, qui passe pour être jusqu'à 30% plus efficace que l'essence en matière de rendement, s'est considérablement développé en Europe à partir des années 1990 en raison de politiques fiscales avantageuses et visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone (Co2).

Mais aux Etats-Unis, où les taxes sur les carburants sont beaucoup moins élevées, les automobilistes se sont toujours montrés réticents à dépenser plusieurs milliers de dollars de plus à l'achat pour un véhicule susceptible de leur faire économiser sur le long terme.

Les constructeurs de leur côté se sont retrouvés confrontés à des normes d'émissions polluantes plus sévères qu'en Europe, notamment dans certains Etats comme la Californie. Le diesel rejette plus d'oxyde d'azote (NOx) et de particules fines qu'un moteur à essence.

Volkswagen et d'autres constructeurs allemands comme Mercedes-Benz ne se sont toutefois pas découragés et commercialisent depuis une dizaine d'années des véhicules aux Etats-Unis sous le label "clean diesel" (diesel propre) avec des technologies toutefois différentes.

Si le succès commençait à poindre, la révélation en septembre que quelque 600.000 Volkswagen diesel étaient équipées d'un logiciel truqueur pour déjouer les normes anti-pollution américaines lors des tests est venu jeter les bâtons dans les roues de cette politique commerciale.

"Les véhicules hybrides (essence/électricité) vont bénéficier du ralentissement de la pénétration du diesel", estime Pierpaolo Cazzola, expert en technologies de l'énergie auprès de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). "Le scandale n'est pas seulement néfaste pour Volkswagen, il l'est aussi pour la technologie du diesel", affirme-t-il.

Allen Schaeffer, directeur-exécutif du "Diesel Technology Forum", soutenu par l'industrie automobile, concède que cette technologie va être "abîmée" par le scandale VW mais affirme que le diesel va tripler ses parts de marché aux Etats-Unis (de l'ordre de 3% actuellement pour les voitures) en raison des nouvelles normes d'économies d'énergie qui vont jouer en sa faveur.

En 2016, plus de 54 modèles différents équipés de moteur diesel seront proposés aux Etats-Unis contre 15 l'an passé avec l'arrivée de marques comme Jaguar.

"Les consommateurs ne sont pas bêtes et, si le scandale touche une marque, je ne pense par qu'ils remettent en question la technologie du diesel en général", déclare-t-il.

Joe Wiesenfelder, du site Cars.com, souligne toutefois que la baisse actuelle des prix de l'essence à la pompe n'avantage pas le diesel. Les constructeurs vont s'accorder une pause "tant pour observer l'impact des prix de l'essence que celui du scandale VW", prévoit-il. "Mais au bout du compte, cela sera toujours le prix des carburants" qui l'emportera, selon lui.

- Difficile à vendre -

Les constructeurs américains comme General Motors, et le français Peugeot, ont essayé dans les années 1980 de populariser le diesel aux Etats-Unis face à la hausse des prix du carburant. Mais les véhicules ont vite acquis la réputation d'être sales, bruyants et polluants avec une fiabilité parfois aléatoire.

C'est précisément cette mauvaise image que Volkswagen cherchait à combattre en proposant des véhicules "propres" et nerveux mais toutefois diesel, comme ses Jetta et autres Golf.

Ses espoirs se sont effondrés en septembre avec la révélation par l'agence de protection de l'environnement américaine (EPA) de l'affaire des moteurs truqués.

Selon Jessica Caldwell, analyste pour le cabinet Edmunds.com, le diesel va être "difficile à vendre", tant que VW n'aura pas mis en place des remèdes pour ses voitures déjà en circulation et des mesures de dédommagement pour leurs propriétaires. "Cela donne l'impression qu'il y a beaucoup de problèmes qui sont difficiles à résoudre", juge-t-elle.

Pour certaines catégories de véhicules comme les camions et les véhicules utilitaires, le diesel reste une solution, tout comme les modèles de haut de gamme qui doivent recourir à de l'essence à fort taux d'octane et donc plus chère.

C'est le pari de Jaguar Land Rover (groupe Tata) qui a lancé en septembre dernier -au moment où éclatait le scandale VW- des modèles de son 4x4 de ville Range Rover avec une motorisation diesel. La marque vise jusqu'à 15-20% de ventes pour ses modèles diesel en 2016, souligne son porte-parole Nathan Hoyt.

"Nous ne changeons pas nos plans. Nos voitures utilisent une technologie différente de celle de Volkswagen et nous ne sommes pas inquiets outre mesure de ce qui leur arrive", affirme-t-il.

Pour Dieter Zetsche (Daimler), le diesel va rester une "niche".


 

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