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Elles ne sont plus ringardes: de plus en plus de jeunes roulent en voiturettes "sans permis"

Elles ne sont plus ringardes: de plus en plus de jeunes roulent en voiturettes "sans permis"
 
 

Avec sa carrosserie rutilante et ses équipements dernier cri, la voiture "sans permis" n'a plus rien du pot de yaourt pour retraités. Chez Ligier, les quadricycles légers à moteurs sortent de leur image ringarde pour s'adresser à une clientèle rajeunie, en quête de mobilité.

A l'origine de l'activité, il y a Guy Ligier, entrepreneur fortuné, ancien pilote et fondateur de l'écurie de Formule 1 du même nom, décédé en août 2015. Dans les années 80, il avait reconverti avec succès les locaux de son entreprise de travaux publics, situés à Abrest, en périphérie de Vichy (Allier).

Plus de trente ans après, le temps des premiers modèles, à l'allure pataude et au moteur de tondeuse à gazon, est bel et bien révolu. Climatisation, écran multimédia, caméra de recul, vitres électriques, airbags et finitions cuir: la nouvelle génération n'a rien à envier à l'automobile classique.

"Pendant longtemps, nos véhicules étaient discrets parce que nos clients ne voulaient pas être identifiés comme utilisateurs de 'voiturettes', terme désuet et péjoratif", souligne le petit-fils du fondateur, François Ligier, qui a pris le volant de l'entreprise familiale il y a cinq ans.

"Aujourd'hui, ils n'ont plus honte. Ils assument: le rouge est la couleur la plus vendue".

Avec son rachat en 2008 de la marque Microcar au groupe Bénéteau, le groupe Ligier est devenu l'un des poids lourds du secteur. Il partage avec son concurrent savoyard Aixam (groupe Polaris) 80% du marché européen.

La société de 300 salariés a sorti en 2016 14.700 véhicules de ses usines de Vichy et Boufféré (Vendée), pour un chiffre d'affaires de 141 millions d'euros (dont 60% à l'export), contre 96 en 2015 et 85 millions d'euros en 2014.

Autorisé dès 14 ans

Après avoir calé pendant la crise, elle profite désormais pleinement du rajeunissement de sa clientèle. Depuis l'entrée en vigueur du permis AM (remplaçant le BSR et obligatoire pour toutes personnes nées après 1988), commun à l'Union européenne depuis janvier 2013, il est en effet possible de conduire ces engins en France dès 14 ans, comme un scooter.

"C'est une bonne alternative aux deux-roues. On peut légitimement estimer qu'on est plus en sécurité dans un cocon, protégé par un châssis", estime M. Ligier.

Un nouveau marché qui dope les ventes de ces véhicules à l'étranger, notamment en Italie où 90% des clients sont des lycéens, et en Scandinavie.

Profitant des mutations du secteur, le constructeur s'adresse aussi aux actifs urbains qui n'ont pas pu ou pas voulu passer le permis.

"L'enjeu aujourd'hui n'est plus forcément d'aller vite, de faire 'vroum-vroum' avec un objet passion. L'enjeu, c'est d'avoir une autonomie avec un engin qui, certes ne se déplace pas vite - 45km/h maximum selon la réglementation en vigueur - mais dont le confort est suffisant pour se rendre au travail", affirme le PDG de 37 ans.

Poussée à "redéfinir son savoir-faire" depuis les soubresauts de 2008, l'entreprise s'est orientée vers un autre marché de niche: celui des micro-utilitaires professionnels, 100% électriques. Pour La Poste, elle a notamment développé deux véhicules, dont un scooter à trois roues.

"Les besoins vont s'accroître dans les grande villes"

"Les besoins vont s'accroître dans les grandes villes, notamment pour les transport de marchandises", prédit l'entrepreneur, qui lorgne aussi sur le véhicule autonome de demain.

Associé à Robosoft, société basque spécialisée dans les solutions robotiques pour les services, Ligier fabrique également les navettes sans chauffeur EasyMile, capables de transporter jusqu'à 12 personnes grâce à des capteurs embarqués.

"Ce nouveau moyen de transport n'est pas destiné à remplacer les modes déjà existants comme le bus ou le taxi mais plutôt à apporter des solutions de mobilité là où il n'y en a pas, sur de courtes et moyennes distances", détaille-t-il encore.

Une trentaine de navettes ont été livrées en 2016 au Japon, en Australie ou à Dubaï. A Paris, la RATP les a testées entre les gares de Lyon et d'Austerlitz.


 

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