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La Commission européenne était-elle au courant de la tricherie VW? Certains exigent une enquête

La Commission européenne était-elle au courant de la tricherie VW? Certains exigent une enquête
 
Volkswagen
 

Le parti écologiste Europe Ecologie-Les Verts a réclamé vendredi "une commission d'enquête au Parlement européen", après la révélation par la presse allemande que la Commission européenne était au courant des moteurs truqués de Volkswagen dès 2011.

Le magazine allemand WirtschaftWoche a révélé que ce sont des fonctionnaires européens qui ont alerté une ONG américaine après en avoir informé les services du commissaire européen à l'Industrie, à l'époque Antonio Tajani, en 2011. "Il est scandaleux d'apprendre que des fonctionnaires européens ont dû prendre le parti de lancer l'alerte auprès des autorités américaines", a écrit EELV dans un communiqué signé par sa secrétaire nationale Emmanuelle Cosse et par les députés européens Karima Delli, Yannick Jadot, Pascal Durand et Michèle Rivasi.

Cette "faille" prouve selon le parti écologiste que les lanceurs d'alerte doivent pouvoir "informer directement les journalistes". "La directive européenne sur la protection du secret des affaires - actuellement en négociation - risque pourtant de mettre à mal une telle possibilité", a-t-il estimé.

Rappelant que "deux commissaires européens, l'ancien et l'actuel, ont sciemment menti devant le parlement européen", il a donc répété sa "demande immédiate et nécessaire d'instaurer une commission d'enquête au Parlement européen"

"Face à cette tricherie collective symbole de la cupidité des multinationales et de l'influence insupportable des lobbies indifférents aux enjeux de santé publique, les Etats européens ainsi que les institutions doivent enfin réagir",
a-t-il ajouté. 


L'ONG à l'origine du scandale dément

"ICCT n'a jamais été informé par quiconque d'une possible tricherie sur des tests d'émissions et nous n'avons jamais conçu ou mené la moindre recherche pour trouver des logiciels truqueurs ou des preuves d'une tricherie", a déclaré un porte-parole de l'International Council of Clean Transportation.

Dans l'article de l'hebdomadaire économique allemand WirtschaftsWoche, il est dit que cette ONG avait été informée de la supercherie par des fonctionnaires européens qui étaient "frustrés de l'inaction de la Commission" et souhaitaient faire éclater le scandale. Le magazine s'appuie notamment sur des déclarations de la patronne de l'agence californienne de protection de l'environnement (Carb) qui a mis au jour, avec l'agence fédérale EPA, la présence de logiciels faussant le résultat de tests d'émission d'oxydes d'azote (NOx) dans des voitures diesel du groupe VW. "Ce sont des fonctionnaires de l'administration de l'UE qui ont alerté l'organisation environnementale américaine ICCT sur de possibles tricheries aux émissions d'oxydes d'azote", a déclaré Mary Nichols à l'hebdomadaire allemand.

Selon le magazine, la Commission européenne était en réalité au courant depuis 2011 de manipulations dans les mesures d'émissions chez plusieurs constructeurs automobiles, l'un d'entre eux ayant prévenu les services du commissaire à l'Industrie de l'époque, l'Italien Antonio Tajani. Selon le porte-parole de l'ICCT, il semble y avoir "une confusion" entre le niveau élevé de NOx émis par des voitures diesel - qui était connu par la Commission européenne depuis 2011 - et la présence de logiciels truqueurs dans des voitures VW, qui n'a été découverte par les autorités américaines qu'après 2014.

"L'article prête à confusion", a également observé une source proche de la Commission à Bruxelles, soulignant que dans la lettre adressée à M. Tajani en 2011 l'avertissement portait sur la pression des pneus (modifiée pour aider à passer les tests) et non sur la présence de logiciels de trucage, illégaux. La Commission a indiqué à plusieurs reprises qu'elle était au courant du concept de logiciels truqueurs mais qu'elle n'a jamais constaté de fraudes.

Quant aux divergences entre les mesures d'émissions pendant les tests de laboratoire et en conduite, elle a décidé d'y remédier en imposant des tests en condition réelle de conduite. C'est par le truchement de l'ICCT, qui a fait effectuer une série de mesures puis prévenu les autorités américaines compétentes, que le scandale a éclaté aux Etats-Unis en septembre dernier. Volkswagen a avoué avoir équipé 11 millions de moteurs diesel de logiciels truqueurs dans le monde afin de dissimuler le niveau réel de rejet de NOx.


 

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