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Pourquoi la femelle coucou glousse-t-elle après avoir pondu un oeuf dans le nid d'une autre espèce?

Pourquoi la femelle coucou glousse-t-elle après avoir pondu un oeuf dans le nid d'une autre espèce?
 
 

Le Coucou gris a l'art de faire couver ses oeufs par d'autres espèces.

Il s'agit d'une ruse pour détourner l'attention des oiseaux bernés, selon une étude publiée lundi.

Le Coucou gris (Cuculus canorus) a l'art de faire couver ses oeufs par d'autres espèces, notamment la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus).

Ses oeufs imitent ceux de l'espèce squattée. La femelle coucou dépose un oeuf par nid (elle peut avoir 8 à 25 oeufs par saison) et elle prend soin de subtiliser à chaque fois un oeuf de l'espèce parasitée afin que le compte soit bon. L'intrus, une fois éclos, se débrouille ensuite pour faire chuter du nid les autres oisillons, histoire de profiter pleinement de la nourriture apportée par ses parents adoptifs... Mais si le chant du coucou mâle, qui a donné son nom à l'espèce, est bien connu, celui de la femelle l'est beaucoup moins.


Agir de façon "secrète et rapide"

Celle-ci est plutôt du genre à agir de façon "secrète et rapide" lorsqu'il s'agit de déposer son oeuf chez les autres, soulignent deux chercheurs du département de Zoologie de l'Université de Cambridge.

"Il peut donc sembler paradoxal que les femelles coucou poussent des cris alors qu'elles sont en train de surveiller les nids des hôtes, en particulier juste après avoir parasité une couvée", remarquent les auteurs de l'étude publiée dans Nature Ecology & Evolution.


Une ressemblance avec le "kiii-kiii-kiii" de l'épervier

Les femelles coucou émettent une sorte de gloussement rapide "kwik-kwik-kwik", qui ressemble par sa fréquence au "kiii-kiii-kiii" de l'épervier (Accipiter), notent-ils. Les chercheurs Jenny York et Nicholas Davies ont testé l'effet du cri du coucou femelle sur la Rousserolle effarvatte, une de leurs victimes favorites.

Ils ont fait écouter à cette sorte de fauvette quatre type de cris: celui d'un Coucou femelle (qui représente un risque pour sa couvée mais pas pour les adultes en réalité), celui d'un épervier (risque pour les adultes, pas pour la couvée), celui d'un coucou mâle (pas de risque direct pour la couvée ni pour l'adulte mais risque de parasitisme) et celui d'une tourterelle (aucun risque).

Un haut-parleur était disposé à 5 mètres de 24 nids de Rousserolle effarvatte. Celles-ci ont "réagi fortement" et rapidement aux cris des femelles coucou, comme à ceux des éperviers. Le cri des mâles coucou ne leur a pas fait beaucoup d'effet, tout comme celui des tourterelles.


Pour quelles conclusions?

Les chercheurs ont ensuite vérifié qu'un type de passereau (Paridae), qui ne risque pas d'être parasité par le Coucou, avait les mêmes réactions que la Rousserolle. Ils ont pu constater que lui aussi devenait très vigilant lorsqu'il entendait le cri du coucou femelle comme celui de l'épervier, "sans doute en raison de leur similitude acoustique".

Enfin, les scientifiques ont observé les conséquences des cris du coucou femelle sur le comportement des Rousserolle. Ils se sont aperçus que ces oiseaux se sentant menacés essayaient de se protéger en claquant du bec et en poussant des cris.

"Cette vigilance accrue a eu pour effet de détourner leur attention de leur couvée", soulignent les chercheurs. "Ils ont eu tendance à accepter davantage les oeufs de coucou" que les Rousserolle exposées aux cris de coucou mâle ou de tourterelle.

Les chercheurs en concluent que "le gloussement du coucou femelle qui ressemble à celui de l'épervier augmente les chances de succès du parasitisme".


 

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