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Pascal, un homme au grand cœur, a déjà sauvé plus de 600 furets: "Quand je partirai, Saint-Pierre m'enverra dans le paradis des animaux"

 
 

Mady a contacté notre rédaction afin de nous faire connaître le travail d’une association d’Erquelinnes, dans le Hainaut: "Cette asbl est dirigée par un homme au grand cœur qui a sauvé énormément de furets de la bêtise humaine ... beaucoup de gens "achètent" des furets par phénomène de mode et n’y connaissent rien. Ils sont souvent abandonnés ou lâchés dans la nature alors que le furet est un animal domestique qui ne peut pas vivre dans la nature", nous dit-elle.

Cet homme au grand cœur, c’est Pascal, un ancien facteur qui a dédié à sa vie au bien-être de ces petits animaux de compagnie, parfois adoptés dans la hâte sous l’effet d’un coup de cœur et ensuite abandonnés par des maîtres qui avaient mal estimé leurs besoins. "Dans beaucoup de cas, et pour beaucoup d’animaux, pas seulement le furet, les gens veulent un animal, ont rêvé de ça, et le lendemain ils vont le chercher sans prendre de renseignements. Ils ne vont pas essayer de savoir un petit peu comment on le soigne, de quoi il a besoin, comme la cage, la nourriture, ce qu’il y a comme frais vétérinaires…", dit-il, évoquant des "achats compulsifs".


"On a eu des furets dans des états lamentables"

Pascal Leriche a 51 ans, il a ouvert son refuge il y a maintenant 10 ans. Il l’a nommé Cody’s Ferret, en hommage à son tout premier furet, le premier d’une longue série : au fil des années, il en a accueilli plus de 600. "On a eu des furets dans des états lamentables, j’ai même eu une petite furette que je n’oublierai jamais. Elle s’appelait Jeanne, c’est une dame qui me l’a apportée, elle était mourante. Je disais à la dame, vous ne voyez pas qu’elle est en train de mourir, elle commençait déjà une hypothermie. Elle me dit, non, je préférais venir vous l’apporter directement, or elle avait des vétérinaires plus près de chez elle. Une bénévole a pris le furet, et est partie directement à la clinique vétérinaire, mais malheureusement elle avait un morceau de tissu dans le tube digestif qui avait nécrosé. On l’a fait opérer directement, on lui a retiré un bout d’intestin, mais elle était trop affaiblie et elle est morte au réveil". Cette prise en charge a coûté 450 euros à l’association. "La personne n’a pas fait un geste, nous l’a abandonnée comme ça et c’est tout".

Outre les abandons, Pascal gère d’autres situations compliquées. La police lui confie régulièrement des furets saisis par la justice. "Au départ, on le prend en pension, et puis si la personne ne sait pas gérer, on reçoit un document comme quoi le furet devient notre propriété, comme ça on peut faire tout ce qu’il faut, puis le remettre à l’adoption", nous dit-il. Pour ce service, Pascal ne demande aucune participation financière. Comment fait-il pour accueillir parfois 30 furets en même temps, les nourrir et les soigner ? 


Est-ce qu'un furet, ça sent?

Pascal nous a accueillis chez lui. C’est au sein même de sa maison que se trouve son refuge. Les petits furets disposent d’une pièce rien que pour eux au rez-de chaussée. Dès qu’on ouvre la porte, une odeur âcre nous pique au nez. Pourtant, lorsqu'il nous fait sentir de près l’un des animaux, l’odeur est neutre. "Quand il est opéré, il ne sent pas", nous dit le président de l’asbl, et force est de constater qu'il a raison. "Si vous mettez un chien dans la pelouse pour le promener, il va sentir plus fort qu’un furet".

Dans la grande pièce, on découvre une trentaine de cages équipées de mangeoires et de petits hamacs. Au milieu, il y a un parc avec des jouets pour les animaux. "J’ai investi beaucoup d’argent de mon privé pour le refuge, déjà j’ai acheté des cages. Trois fois par semaine, le refuge est nettoyé, on change les couvertures, les hamacs. Les machines à laver et les séchoirs tournent. On consomme de l’électricité et de l’eau, et le refuge ne paie pas, je prends ça à titre privé, même si nous sommes une asbl", nous dit Pascal. C'est une bénévole qui a confectionné les petits hamacs des furets, en récupérant de vieilles couvertures.


"Le furet n’est pas un animal sauvage"

Le refuge tourne donc grâce à cette prise en charge personnelle, à des bénévoles, mais aussi à des dons et parrainages. Pascal ne perçoit pas un euro de cette activité. Qu’est-ce qui l’a amené à s’occuper des furets à plein temps ? Le premier contact avec un furet, à l’âge de 8 ans, fut un coup de cœur. Ce n’est qu’en devenant père qu’il a pris un furet pour sa fille. "On s’est attachés et je voyais qu’il y avait un manque, et c’est comme ça que je me suis décidé à travailler dans une association, en tant que bénévole, et après une autre association…". Il a rencontré des cas assez marquants : maltraitances, abandons en pleine nature… "Beaucoup de gens les abandonnent bêtement dans la nature, parce qu’ils se disent que c’est un animal sauvage, mais non. Le furet n’est pas un animal sauvage. C’est un animal qui a été domestiqué par l’homme depuis plus de 2000 ans, puisque dans la Rome antique, on s’en servait déjà comme animal de compagnie. J’estime qu’ils avaient besoin d’un centre pour pouvoir être accueillis".

Il y a une dizaine d’années, Pascal a quitté la poste suite à des soucis de santé, et a fait toutes les démarches pour ouvrir son refuge. "Je me suis dit, pourquoi pas faire du bénévolat [à plein temps], en espérant que Saint-Pierre, quand je partirai, m’ouvrira les portes du paradis, mais il ne me dira, vous allez dans le paradis des animaux, vous allez tenir la porte là", plaisante-t-il. Il nous confie que cette activité donne du sens à sa vie, qu’il se sent utile: "Depuis que je travaille pour les animaux, je me sens beaucoup mieux, je trouve qu’ils ont besoin de nous, et honnêtement, ils vous le rendent bien".


 

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